Petites entreprises, relocalisation : ce que le Medef Sud attend du plan de relance

Alors que l’épidémie connaît un rebond et que les mesures sanitaires perdurent, l’économie tarde à retrouver son activité normale, y compris en région. Face à cela, le syndicat patronal attend du plan de relance qu’il contribue à la relocation d’industries, sans laisser de côté les petites et moyennes entreprises, parfois découragées face à des dispositifs d’aides complexes.
(Crédits : DR)

Après un troisième trimestre marqué par un fort rebond de l'économie avec une croissance de 16 % du PIB, la fin d'année s'annonce un peu plus maussade avec une croissance quasi nulle. Globalement, si la baisse d'activité a été moins forte qu'attendue, le retour à la normale est plus lent que prévu. Surtout, on remarque une grande divergence de situations selon les secteurs d'activité et les entreprises, le tourisme, l'hôtellerie-restauration, événementiel étant fortement affectés par les mesures sanitaires. Des secteurs particulièrement présents en Provence-Alpes Côte d'Azur, en témoigne le fort recours aux aides de la part des entreprises locales.

« Notre région, qui est 6ème en matière de PIB, est la troisième plus utilisatrice du Prêt garanti par l'État », souligne Yvon Grosso, président du Medef Sud. Ainsi, 64 926 entreprises ont sollicité ce prêt, pour un total de 9,93 milliards d'euros.

Même classement en ce qui concerne le fonds de solidarité, la région ayant bénéficié de 10 % du montant versé à l'échelle nationale, avec 180 376 entreprises concernées.

Des difficultés qui ont forcément un impact sur l'emploi. « Les déclarations préalables à l'embauche ont diminué de 11,4 % en août avec de fortes disparités entre les territoires puisque dans les Hautes-Alpes cette baisse est de 1,3 % contre 13,8 % dans les Alpes maritimes ».

Si certaines branches d'activités en souffrance ont rapidement été identifiées par le gouvernement dans ses premières mesures de soutien à l'économie, certaines victimes collatérales ont été oubliées. Mais pas par le syndicat patronal qui a contribué à les mettre en lumière. « Par cascade, la chute du tourisme impacte les courtiers en assurance voyage et même les fabricants de foie-gras qui vendent habituellement beaucoup aux touristes. Il y aussi les fleuristes, les bouquinistes ou encore les autocaristes qui font face à l'absence de sorties scolaires pour raisons sanitaires. Nous avons ainsi rendu les aides éligibles à 31 professions supplémentaires ».

Des aides parmi lesquelles le Prêt garanti par l'État qui prévoyait  300 milliards d'euros de prêts contre 124 milliards effectifs et que Yvon Grosso aimerait voir prolongé pour au moins six mois supplémentaires.

Un plan de relance difficile d'accès pour les TPE et PME

Mais si le premier plan visait surtout à limiter la casse, le second (100 milliards d'euros) est plus axé sur l'investissement. « On y trouve des dispositifs intéressants comme l'activité partielle de droit commun et de longue durée », souligne Yvon Grosso avant de s'inquiéter de l'accessibilité de ce plan pour les petites et moyennes entreprises.

« Ce plan de relance est tellement fourni et complexe que les PME et TPE s'y retrouvent peu. Il s'agit d'appels à projets avec des délais très courts », et ce, pour des aides qui seront versées entre début 2021 et 2022. « Cela correspond plus à une approche 'grandes entreprises'. Les plus petites n'ont pas les moyens humains, ni la compréhension des textes. Il va y avoir de la casse au niveau des PME qui vont se décourager ou bien recourir à des cabinets qui vont amputer leur trésorerie ».

Des discussions sont en cours avec le gouvernement pour tenter de défendre leurs intérêts. Le Medef Sud planche par ailleurs sur l'organisation d'un comité de suivi régional avec la préfecture, la Région, et divers acteurs socio-économiques pour effectuer un suivi régulier du plan et s'assurer que « les petites entreprises aient gain de cause dans ce maquis administratif ». Elle espère la nomination prochaine d'un commissaire au plan régional qui servira d'interlocuteur unique sur ce sujet. « Le Medef Sud aura pour rôle de coordonner la partie économique avec nos 32 branches professionnelles et territoriales, pour faire remonter les demandes au comité ».

L'enjeu est aussi d'harmoniser la communication sur les aides nationales et régionales afin d'assurer une meilleure lisibilité.

L'enjeu de la relocalisation

Autre enjeu majeur du plan de relance : la relocalisation. « Non seulement on assiste à une baisse de la consommation des ménages, mais on achète plus à l'étranger. Si bien que le déficit de la balance commerciale a augmenté de 20 milliards d'euros. Cela indique un manque de souveraineté pour répondre à nos besoins face à une crise pareille ». D'où le besoin d'investir « énormément » dans la relocalisation.

Cela passe par la réduction des impôts sur la production, « la simplification des aides, des normes, des circuits administratifs pour accéder au foncier et à l'investissement dans les infrastructures. Y compris dans les territoires reculés, il faut donner accès aux routes, au ferroviaires, au fluvial. Il faut uen vraie politique industrielle de relocalisation ».

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