Lionel Canesi : « Étendez la rémunération partielle à tous les patrons de TPE PME »

Parce que les chefs d’entreprise de moins de 50 salariés sont majoritairement ceux dont l’activité est totalement empêchée et parce qu’ils ont déjà fait preuve d’une certaine capacité à s’adapter, le président de l’Ordre des expert-comptables Sud Provence Alpes Côte d’Azur interpelle le ministre de l’Economie, lui demandant d’étendre à ces patrons fragilisés le dispositif mis en place pour les salariés. Question de justice sociale. Histoire aussi de ne pas recommencer avec un certain mouvement qui avait vu Les Pigeons monter au créneau…
(Crédits : DR)

Bis repetita. Avec le nouveau confinement, annoncé pour durer jusqu'au 1er décembre prochain, mais dont il est probable que la durée totale sera plus longue, c'est un nouveau casse-tête chinois qui se pose aux patrons. S'il se pose à tout type de patrons, pour ceux dont l'effectif n'excède pas 50 salariés, il est plus complexe, plus angoissant aussi.

« Nous avons la chance d'avoir un gouvernement qui a mis en place divers dispositifs qui ont permis de sauver l'économie française. En mettant 15 milliards d'euros sur la table tous les mois, l'Etat a permis aux entreprises de tenir le coup. Mais il y a encore des oubliés : les patrons de TPE PME », revendique Lionel Canesi.

« Ceux à qui on a déjà tout demandé »

Le président de l'Ordre des experts-comptables Sud Provence Alpes Côte d'Azur reconnaît que oui, les chefs d'entreprise ont certes droit à 1 500 euros par mois dans le cadre du Fonds de solidarité, mais à quoi sert donc cette somme si ce n'est « pour payer les charges fixes et les fournisseurs ». Car, redit-il aussi, pas d'activité, ne dit pas aucune charge. A contrario des salariés qui bénéficient d'une rémunération en fonction de leur activité partielle, les dirigeants de petites et moyennes entreprises n'ont droit à... rien. « Le dirigeant de TPE PME n'a pas de rémunération garantie. Et ce dirigeant, c'est le fleuriste, le libraire, le restaurateur. C'est celui à qui ont a déjà tout demandé : de fermer son commerce, de mettre en place des protocoles sanitaires, de s'adapter. C'est celui qui finance le fiscal et le social. C'est celui qui embauche, qui fait le lien social avec les quartiers, qui fait vivre les territoires », martèle Lionel Canesi.

Aussi, la mise en place d'un revenu garanti ne serait que justice. « C'est une justice sociale que de permettre à ces entrepreneurs que font l'économie, de nourrir leurs familles, de subvenir à leurs besoins ».

A la « belle palette d'outils » qu'il a mis en place, Bruno Le Maire pourrait donc rajouter celui qui manque, celui qui permet aux entrepreneurs de structures moyennes de ne pas être ceux qui restent sur le bord de la route.

Et Lionel Canesi d'en remettre une couche sur les PGE et autres prêts, « ces dettes qui vont devoir être remboursées ». Et qui - on le sait bien - ne le seront pas par tous. Avec en ligne de mire des défaillances d'entreprises en nombre. Car les patrons de TPE PME ne pourront pas tenir indéfiniment. Quid du PGE à rembourser, certes, mais quid aussi de cette épargne qui a, pour beaucoup, été le bas de laine de secours, celui qui a permis de faire le pont entre le premier confinement et la reprise d'activité. Une épargne déjà bien entamée qui ne résistera pas à un nouvel arrêt de l'activité. « On demande encore des sacrifices à ceux à qui on a déjà tout demandé », répète Lionel Canesi.

Faire simple et pas compliqué

Étendre la rémunération partielle c'est aussi éviter la mise en place de dispositifs de compensation trop complexes. Des « usines à gaz » qui ne sont ni clairs, ni faciles à comprendre, ne serait-ce que comptablement parlant. Comme cette annonce faite par le ministre de l'Economie de ne pas prendre en compte les activités de clic & collect dans les pertes de chiffre d'affaires. « Faisons plus simple. Accordons 50 % de rémunération pour celui qui réalise 50 % de son chiffre d'affaires et 100 % pour celui qui n'en génère pas», propose Lionel Canesi.

Le clic & collect, solution dématéralisée, est encouragée parce qu'elle est souvent le seul recours pour conserver un peu d'activité. Mais c'est aussi un « plus » pour certaines entreprises, qui demande de l'investissement. C'est ce point précis qui était d'ailleurs au cœur des propositions que le président de l'Ordre des expert-comptables Sud Provence Alpes Côte d'Azur a soumis au gouvernement en avril dernier : faire en sorte que pour les commerçants sans solution numérique, il soit possible de déduire fiscalement le double de l'investissement consenti. Proposition non retenue...

Car le clic & collect est aussi une réponse à la distorsion de concurrence, celle qui les empêche de proposer une solution face aux GAFAM, en rien empêchés de continuer à proposer leurs services aux consommateurs. Ce qui « revient à punir les TPE PME deux fois », souligne Lionel Canesi. « Il faut aider le dirigeant. Qui ne peut se trouver devant un dilemme : payer ses fournisseurs ou se verser un salaire. Il n'en va pas seulement de l'économie mais aussi du moral des chefs d'entreprises ».

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Commentaires 2
à écrit le 02/11/2020 à 13:16
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Et aussi pour les retraités!!!!!!!

à écrit le 02/11/2020 à 12:48
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pas de coiffeur a domicile ok mais idem pour le president les ministres et les journalistes ni livre non plus quand en six mois nos ministres ont ete incapables de définir des mesures corrective aussi bien pour le service de santé mais toujours pr...

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