« Les grands événements sportifs doivent aussi être des laboratoires pour les entreprises » (Cédric Messina, MyCoach)

Spécialiste de l’exploitation de la date dans le sport, fondateur de l’une des PME leaders sur son marché domestique, basée à Nice, Cédric Messina, invité d’Azur Business° porte aussi une vision sur une filière du sport plus ambitieuse, décomplexée, voyant dans les grands événements, souvent perçus sous l’unique prisme des retombées touristiques, de vrais leviers de croissance économique pour le territoire. Un état d’esprit où le collectif l’emporte, question de compétitivité à tous les niveaux…
(Crédits : DR)

Compliqué de résumer le parcours de MyCoach, née voici dix ans et qui a connu, comme l'explique son fondateur, Cédric Messina, un parcours fait de « pivots et de changements ». Pour autant, une décennie c'est le temps qui a permis à cette pépite devenue l'un des leaders français de la sportech de se structurer. D'une part avec une activité dédiée à la digitalisation des fédérations et institutions sous l'ombrelle MyCoach Sport. « C'est l'application qui permet de mettre en lien, un sportif avec son club », explique Cédric Messina.

Une expertise qui lui a d'ailleurs permis d'être choisie par le ministère des Sports pour créer Equipe de France, l'application qui regroupera l'ensemble des athlètes embarqués dans l'aventure JO, leur permettant de communiquer, entre eux, résultats et moments de vie au sein du village olympique. Et d'autre part, MyCoach Pro, spécialiste de la data, de sa capture et de son analyse, data ô combien précieuse dès lors qu'il s'agit de parler de suivi du sportif. « Le suivi médical, le suivi psychologique, tout ce qui va composer la performance d'un joueur, d'un athlète est consolidé au sein d'une seule plateforme », détaille encore Cédric Messina.

Opportunités et compétitivité

MyCoach s'est aussi construite en agrégant des compétences autres, des opérations de croissance externe que son dirigeant préfère considérer comme des opportunités, des réalités de marché.

« On ne schématise pas suffisamment ce que représente une levée de fonds. En effet, on peut nous considérer comme leaders sur un segment, le marché français, avec une levée globale de 10 millions d'euros. Clairement, aujourd'hui, nos concurrents sont des géants anglo-saxons à plusieurs centaines de millions d'euros. Pour être compétitifs, nous saisissons des opportunités. Et le marché est atomisé, donc il se concentre. Donc le marché devient mature. C'est là où il est essentiel de demeurer compétitif à l'international. Nous collaborons d'ailleurs stratégiquement avec Opta, leader mondial, pour nous ouvrir d'autres perspectives et renforcer nos actifs au niveau international ».

La sportech, cette filière qui apparaît comme un segment à part, ne doit pas forcément être considérée en dehors de son écosystème, dit Cédric Messina. « La sportech, c'est très réducteur. On parle davantage de filière sport », affirme le dirigeant niçois qui souligne le regard parfois pas très juste porté sur ce secteur, oubliant que la Côte d'Azur abrite de grands noms, tels Panini, le Five, l'un des leaders du paddle ou l'académie de l'entraîneur Patrick Moratoglou,. « On ne se rend pas suffisamment compte que la filière sport est l'une des plus réussies, même si, il est vrai elle n'est peut-être pas assez visible. Mais une partie de l'économie du sport se situe bien ici ».

Et si on sort du périmètre azuréen pour porter un regard davantage national, « c'est plus complexe », concède Cédric Messina, soulignant tout de même que « nous avons décomplexer la relation territoire-Paris. Désormais, l'enjeu c'est comment, en étant Français, on existe au niveau international ». Un enjeu qui s'adresse avec l'esprit de groupe et l'esprit d'équipe, avec l'ensemble des quelque 80 structures qui composent la sportech, via le GIE France Sport Expertise aussi, ce dernier groupement répondant davantage « au fameux chasser en meute pour construire l'économie de demain ».

Savoir se décomplexer

Et en année olympique - et de Tour de France plus azuréen que parisien, puisque l'étape finale troque les Champs-Elysées pour la Promenade des Anglais - se pose forcément la question de comment faire des grands événements des opportunités qui servent la filière du sport. « Chaque grand événement met la lumière sur son territoire ou sur son pays. Nous n'avons pas forcément le réflexe de nous en servir comme un levier de réussite économique. Parfois, ces grands événements sont trop institutionnalisés », regrette Cédric Messina, indiquant que le prisme des retombées est souvent perçu sous le seul prisme touristique. « Il faudrait plutôt apprendre à en faire des laboratoires de mises en relation, de réussite produits par exemple ». Pour cela il faudrait « consulter davantage sur la vision économique. La réussite économique est une victoire collective. On n'imagine pas assez ce que ça va engendrer en termes de retombées d'emploi, de visibilité. Une entreprise qui réussit, c'est de l'investissement dans les clubs, de l'investissement en proximité, cette fameuse économie circulaire que tout le monde recherche ». Un rendu au territoire qui ne se produit pas lorsque c'est une entreprise étrangère qui vient... et repart.

Reste encore à convaincre les TPE PME de se positionner sur les appels d'offres lancés à l'occasion des Jeux Olympiques ou tout autre événement sportif, ces petites entreprises considérant souvent qu'elles ne sont pas concernées ou que c'est trop compliqué pour elles. « Nous souffrons d'un syndrome de Stockholm à la française. Dès qu'un Anglais se positionne, on considère qu'il est meilleur. A nous de nous décomplexer ». Quant à l'argument de défendre une certaine souveraineté tricolore, Cédric Messina rappelle que cela exige du temps long, souvent dix ans avant une réelle et mesurable retombée.

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Cédric Messina Azur Business

*Depuis novembre 2021, La Tribune et BFM Nice s'unissent pour proposer chaque semaine une chronique économique, baptisée Azur Business, qui décrypte l'économie du territoire, ses enjeux, ses défis, les réussites et les problématiques. Tous les mardis, un invité vient apporter son analyse sur une thématique précise.

BFM Nice Côte d'Azur est à retrouver sur le canal 31 de TNT régionale et sur les box au canal 285/518 (SFR) et 360 (Bouygues).

La chronique est animée par Céline Moncel pour BFM Nice et Laurence Bottero, rédactrice en chef Méditerranée-Afrique du quotidien économique La Tribune.

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