Comment TAS a accompagné le programme spatial du Brésil

Lancé depuis Kourou en mars prochain, le satellite de télécommunication dual SGDC signe aussi une étape dans le plan de transfert de compétences et de technologies qui lie Thales Alenia Space et le Brésil.

S'il est encore pour quelques jours dans les entrailles de Thales Alenia Space à Cannes, le satellite SGDC (satellite géostationnaire de défense et de communication sécurisées) est désormais fin prêt à rejoindre le pas de tir guyanais de Kourou pour un lancement en mars, par une fusée Ariane 5.

Et si les équipes de TAS sont habituées à voir s'envoler le résultat de leur travail, cette mise en orbite a un goût particulier. Car SGDC est en effet la première concrétisation de l'accompagnement par la co-entreprise franco-italienne du programme spatial brésilien.

Un MOU spécial

Hormis une coopération avec les Chinois, le Brésil n'avait jusqu'alors pas de programme spatial ambitieux. Suite à un appel d'offres, Thales Alenia Space est choisi, l'emportant face aux concurrents américain et japonais. Le contrat portant sur la réalisation de SGDC est signé en décembre 2013. Accompagné d'un Memorandum of Understanding dont le but est justement de faire monter en gamme le programme spatial brésilien. Car le Brésil a des besoins, notamment celui d'assurer sa souveraineté en terme de communications sécurisées pour les Forces armées et le gouvernement mais aussi de réduire la fracture numérique et de permettre l'accès à Internet même dans les coins les plus reculés du pays, comme l'Amazonie.

La réalisation du satellite de télécommunication - qui a duré 3 ans - a donc permis de lier les deux objectifs. Embarqués dans l'aventure, 45 Brésiliens ont été formés, trente d'entre eux étant même hébergés tout au long du déroulement du projet au sein des établissements de Cannes et Toulouse. Un vrai "changement d'échelle" dit Michel Roussy, chef de programme, pour ceux qui ont été intégrés de la même façon que le sont habituellement les stagiaires et à qui il fallait apporter "un ensemble de compétences".

Vitrine technologique

Le transfert de compétences est justement une autre brique apportée par Thales Alenia Space. Qui a fait profité de son savoir "les entreprises brésiliennes intéressées par le spatial afin qu'elles deviennent qualifiées et puissent entrer dans la chaîne de production". Pour des domaines par exemple tels que la mécanique, la propulsion ou encore l'optique. Et puis, surtout, il fallait aussi faire en sorte que le projet puisse servir de vitrine. La réalisation d'un panneau structural en aluminium, panneau support de batterie, par la brésilienne Cenic et intégré dans le satellite sert donc de "démonstrateur" et permet de revendiquer un "Bresil inside" de bon aloi.

Position stratégique

Ayant désormais "le pied à l'étrier", le Brésil va donc pouvoir gérer un SGDC 2. L'appel d'offre le concernant est d'ailleurs en cours de préparation. "C'est le meilleur qui l'emportera" dit Michel Roussy, même si le succès de ce programme apporte inévitablement un avantage à Thales Alenia Space. Le Brésil, de son côté, connaît ses besoins. Ainsi un satellite d'observation est aussi important, "très utile dans un pays pour qui les enjeux climatiques et agricoles sont majeurs", souligne Michel Roussy, et qui préfère donc évidemment avoir son propre satellite plutôt que d'acheter des images. Mais la crise, entamée en 2014, freine, malgré tout, les faims spatiales. D'ailleurs les deux seuls projets qui ont été maintenus alors par la présidente Dilma Roussef, étaient... les JO et le projet SGDC. Un contrat à 250 M€ comprenant le satellite ainsi que la construction de deux stations sols de surveillance. Une coopération inédite pour Thales Alenia Space qui a des coopérations plus modestes avec le Turkménistan et la Turquie. Une coopération inédite qui peut cependant, ouvrir d'autres voies...

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