Quand les patrons – et Agnès Verdier-Molinié – montent au créneau

Pendant que les syndicats patronaux font entendre leur voix – et leur avis – sur les programmes économiques des candidats à l'élection présidentielle, la directrice de l'Ifrap apporte de l'eau à leur moulin, décryptage à l'appui.

S'ils s'étaient plutôt fait discrets durant ces derniers mois, les voici très présents sur la scène médiatique. Car pour les patrons il y a urgence. Les sondages alarment, l'échéance du premier tour de la Présidentielle fait monter la pression et c'est par la voix(e) de leurs syndicats qu'entreprises, TPE et PME, entendent faire connaître leur son de cloche.

Si le premier à être monté au créneau médiatique, est le président du Medef, Pierre Gattaz, en Provence Alpes Côte d'Azur, Philippe Renaudi, le président de l'Union pour l'entreprise 06 et son vice-président, Honoré Ghetti, par ailleurs également président de la CPME PACA, lui ont emboîté le pas.

De l'air !

Ne mâchant pas ses mots, le patron des patrons azuréens n'y va pas par quatre chemins. "Nous ne demandons ni aide, ni protection, ni assistance. Mais de l'air !" Et des réformes. Sans ordre de préférence, de la simplification administrative avec autant que faire se peut moins de normes, un "vrai code du travail qui permette d'embaucher", favoriser la formation et l'apprentissage parce la France est 26ème sur 34 pays preuve "que c'est le système (français NDLR) qui ne fonctionne pas", une réforme fiscale d'envergure car là encore 120 taxes et impôts différents qui pèsent sur les entreprises, c'est décourageant. Et puis il y a l'Europe. Présentée comme la mère de tous les maux sauf que Philippe Renaudi fait observer que "l'Europe n'est pas le problème mais la solution". C'est-à-dire qu'elle est un gage de stabilité alors qu'en sortir entraînerait une dévaluation du franc "immédiate".

Pour Honoré Ghetti, il faut faire de la pédagogie. "Lorsqu'on prend une base 100, le coût pour l'entreprise est de 180. Nous ne demandons pas une baisse des 100, c'est-à-dire que nous ne demandons pas de baisse de salaire, mais une baisse des 80, c'est-à-dire des cotisations". Et de dire aussi que les entreprises doivent cesser d'être "toutes assimilées à celles faisant partie du CAC 40. On ne doit pas mettre tout type d'entreprises dans le même panier". Et de rappeler également qu'en 2016, 55 000 chefs d'entreprises ont perdu leur emploi. Ils étaient majoritairement des patrons de TPE, de plus de 50 ans, évoluant dans les secteurs du BTP et du commerce.

Connectés

Sans donner une consigne de vote franche et directe, l'UPE06 dit tout de même que les programmes économiques des candidats dont il se sent le plus proche, sont ceux de François Fillon et Emmanuel Macron. C'est aussi ceux qui ne semblent "pas trop déconnectés" de la réalité pour Agnès Verdier-Molinié. La directrice de l'Ifrap (fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques) considère même "qu'ils ne vont pas assez loin". Tout cela au regard des autres pays de l'Europe qui "ne nous ont pas attendus" pour faire les réformes qui s'imposent.

Dire que les programmes concoctés par Marine Le Pen ou Jean-Luc Mélenchon lui semblent ubuesques au point de vue des déficits causés est un euphémisme. Et puis, concernant le candidat des Insoumis, "comment au 21ème siècle peut-on nier le capital" ?

Essentiel aussi, "la réforme des syndicats, politisés et hors-sol", lesquels auraient donc besoin de se reconnecter avec la réalité.

Pour le meilleur

"Les Français sont prêts" assure Agnès Verdier-Molinié. "Bien plus qu'on ne le croit. Les Français veulent-ils rester avec un chômage structurel ou du meilleur ? Ils veulent du meilleur".

Et du côté des entreprises, il faut en finir "avec les impôts sur la production, ce que propose François Fillon". Le programme d'Emmanuel Macron ? "Il propose autant de hausses que de baisses. Dire qu'il est dans la droite ligne de François Hollande n'est pas faux".

Que faudrait-il alors pour que la France prenne vraiment le chemin de la croissance ? "Revoir les missions publiques, qui fait quoi, réduire le nombre d'échelons, le nombre d'élus, d'agents. Faire tout un travail de réorganisation. Baisser les charges, les impôts sur la production, la taxation du capital. Il faut faire revenir les patrons qui sont partis. Le sujet de 2017 c'est tout faire pour créer des entreprises. Le vrai sujet, c'est le sujet entreprenarial".

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Le Medef PACA, la CPME PACA, l'UP Var et la CCI Var accueillent Agnès Verdier-Molinié vendredi 21 avril à Toulon pour une conférence-débat autour du décryptage des programmes économiques des candidats.

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Commentaires 2
à écrit le 09/05/2017 à 19:17
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le problème c'es que Macron ne connait rien de l'entreprise à part 3 ans à la banque Rotschild ! comment peut il se préoccuper des soucis de toutes ces PME qui créent des emplois ! déjà le gouvernement Hollande n'avait pu s'"en préoccuper justement ...

à écrit le 19/04/2017 à 22:03
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Trés bon article qui met les choses au clair en ce qui concerne les conséquences des programmes économiques pour les TPE...qui au passage sont celles qui créent l'emploi et la croissance sur notre territoire. Il faut que l'entreprise ne soit pas la g...

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