Nice parie (aussi) sur l'e-santé

Par Laurence Bottero  |   |  977  mots
Le projet de 27 Delvalle 2. (Crédits : DR)
Armée des deux outils que sont le 27 Delvalle et le Centre d’innovation et d’usages, la métropole veut surtout se poser en leader d’une filière d’avenir, la silver économie.

Nice Côte d'Azur s'appuie sur trois piliers. Outre l'industrie et l'énergie, l'e-santé constitue l'autre élément qui compose la stratégie smart city de la capitale de la Côte d'Azur, elle qui se veut intelligente et connectée. Logique donc que la santé numérique ait été identifiée comme l'un des axes à privilégier, l'écosystème médical auxquels participent le CHU, L'Archet, Lenval ou Pasteur, étant fortement structuré sur le territoire.

Le 27 Delvalle est donc né avec pour mission d'apporter la brique numérique qui vient compléter l'écosystème existant. Sur 800 mètres carrés, c'est là que les startups spécialisées sont hébergées. Mais outre l'accompagnement - assuré par le centre européen d'entreprises et d'innovation (CEEI) de Nice - outre l'espace incontournable de coworking (qui dit pépinière dit espace collaboratif), c'est l'appartement de démonstration et de simulation, sorte d'appartement témoin, qui offre l'avantage de pouvoir expérimenter en vrai les solutions imaginées et développées, en laboratoire ou sur le papier. Un équipement évidemment très apprécié tant rien ne vaut la mise en perspective. À cela s'ajoute un fablab "Textiles intelligents" qui doit aider à la conception de vêtements innovants.

C'est en 2015 que le 27 Delvalle est venu apporter sa pierre à l'édifice de l'écosystème de santé. Trois ans plus tard, 50 projets y ont été élaborés et suivis, 7 startups y sont accompagnées, qui ont entraîné la création de 30 emplois. Les professionnels de santé y sont aussi venus se former, des actions de sensibilisation des habitants ont été menées - près de 200 - et des rendez-vous industriels l'ont choisi pour cadre.

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(L'intérieur du 27 Delvalle actuel. Crédit : Ville de Nice/Julien Véran)

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Alors, parce qu'il a fait la preuve de son concept, un projet de 27 Delvalle 2 est en gestation. Et il va encore plus loin, puisqu'il comprendra une résidence de 70 logements, pour les internes, ainsi qu'un Faculty Club pour les chercheurs et les entrepreneurs. 3 .000 mètres carrés en tout hébergeront activités de recherche et jeunes pousses innovantes. Et pour compléter l'écosystème, l'Université Côte d'Azur y implantera des activités de son centre référence Santé, bien-être et vieillissement, accompagné dans la démarche par le CEA Tech, centré, lui, sur les activités de silver économie.

Pour mener à bien ce projet, labellisé opération d'intérêt régional, un comité de pilotage coordonné par la direction du développement économique et par la direction santé de la Métropole Nice Côte d'Azur est en pleine réflexion. 6,50 millions d'euros seront investis dans la résidence pour internes, 12,40 millions d'euros le seront pour l'instrument de développement économique porté par une société de gestion qui achètera et gérera l'équipement économique après sa construction. Des cofinancements, notamment venus de l'État, du fonds Feder, de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, du Département et de l'Europe seront sollicités.

Le bien vieillir au premier plan

Plus « vieux » - il est né en 2010 - mais justement plutôt actif dans la phase de concrétisation, le Centre d'innovation et d'usages en santé, dont le siège est installé au... 27 Delvalle, est lui pile dans l'accompagnement des projets innovants. Mais pas au sens de ce que font incubateurs et pépinières. « Nous avons une approche produit et solution », explique Audrey Bel, sa directrice.

« Nous accompagnons les porteurs de projets ayant une idée ou une entreprise qui dispose déjà d'un portefeuille de produits et qui veut développer une fonctionnalité supplémentaire ou un tout nouveau produit. »

Le fil rouge ici, « c'est l'usager », poursuit-elle. « Nous recrutons des cohortes de personnes pour tester des scénarios d'usage. » Le champ des projets qui sont testés ici est large  : autonomie, santé, bien-être, bien vieillir...

Mais « dans la réalité, c'est surtout le bien vieillir et la silver économie qui sont majoritaires. L'e-santé est une dynamique réelle, qui bénéficie de compétences fortes avec des ingénieurs pointus ».

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ENCADRÉ

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(David Simplot, directeur du site de l'Inria, basé à Sophia Antipolis. Crédit : G. Scagnelli)

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David Simplot (Inria) : "L'écosystème est propice à l'innovation"

Nouvellement nommé directeur du site de l'Inria, basé à Sophia Antipolis, David Simplot est aussi vice-président chargé de l'innovation au sein de l'Université Côte d'Azur, directeur innovation d'UCAJedi [Université Côte d'Azur Joint, Excellent and Dynamic Initiative, ndlr]. Et après Lille, où il était précédemment en poste, c'est ici qu'il lance InriaTech, plateforme de transfert de technologie.

Rappelant au passage que l'Inria a largement apporté sa pierre à l'édifice, en favorisant la création de 25 startups et qu'ainsi « nous contribuons à faire émerger des technologies et des plateformes logicielles » qui répondent aux enjeux smart city.

« Autour de nous, les entreprises ont une culture de la R&D poussée et les pôles de compétitivité ont beaucoup aidé à cela. Les chercheurs ont dû aussi apprendre à collaborer. Mais le laboratoire ne profite pas assez aux entreprises, c'est envers les PME que nous devons avoir une action particulière.

Et d'ajouter :

« Par ailleurs, il faut faire des expérimentations grandeur réelle pour avoir une vraie valeur ajoutée. Il y a encore beaucoup à faire dans les usages, il faut travailler sur l'acceptabilité. L'e-démocratie fait partie de la smart city. C'est le flux entre R&D privée et R&D publique qui compte. Nice est clairement identifiée comme smart city française. Il faut enrichir l'écosystème, que l'open data fasse émerger des startups qui pourront devenir ETI puis licorne. Ce qui nous intéresse, c'est que les entreprises soient en capacité de s'approprier nos technologies. »