Marineland fait le dos rond… en attendant l’éclaircie

Face à un Plan de prévention des risques d’inondation qui se fait attendre, empêchant de fait tout investissement structurant, et des attaques qui se succèdent les unes aux autres, le plus grand parc marin d’Europe, basé à Antibes, garde bon an mal an son cap et vise 850 000 visiteurs en 2018.
(Crédits : DR)

Si la vie d'une entreprise n'a rien d'un long fleuve tranquille, celle de Marineland ressemble ces derniers temps à un océan en pleine tempête. A chaque saison, son lot de polémiques. Après celles liées à la reproduction des cétacés qu'un décret signé en 2016 par Ségolène Royal entendait interdire (annulé depuis par le Conseil d'Etat), la dernière en date tient en une vidéo tournée cet été par un défenseur de la cause animale, selon l'expression consacrée, montrant les ours polaires du site en pleine canicule assortie de commentaires que Pascal Picot, directeur du parc, juge "aussi alarmistes que mensongers". Constat d'huissier à l'appui. "Ces attaques infondées se radicalisent et ont pour seul et unique but de faire fermer Marineland", assène-t-il. Alors le dirigeant riposte "sur des bases scientifiques, vérifiables et documentées", conscient toutefois que ces arguments pèsent moins que "les idéologies, croyances, complots et scandales dont nous sommes victimes".

Des hauts et des bas

Né en 1970, Marineland est le plus grand parc marin d'Europe. Il s'étend sur un site de 25 hectares à Antibes, où cohabitent 5 parcs à thème (Marineland, Aquasplash, Lagoon, Adventure Golf et Kid's Island), 3 000 animaux de 40 espèces différentes et un hôtel resort 3* de 90 chambres. 160 personnes y travaillent à l'année, 600 en saison estivale, 800 si l'on compte les emplois indirects. Ce qui en fait le premier employeur saisonnier des Alpes-Maritimes. En 2014, 1,2 million de visiteurs arpentaient ses allées. Mais les inondations d'octobre 2015 ont brutalement freiné l'élan, ravageant 90 % des installations, provoquant le décès d'un des animaux les plus emblématiques du parc, l'orque Valentin, et se traduisant par une année 2016 quasi blanche où il a fallu, six mois durant, effacer les stigmates de la catastrophe.

Depuis, le site touristique a fait peau neuve et s'il ne renoue pas encore avec les résultats d'avant 2015, il continue d'attirer les touristes. Cette année, le parc vise 850 000 visiteurs, comme en 2017. Marineland avait alors réalisé un chiffre d'affaires de 24 M€ (hors hébergement). Si la météo capricieuse du printemps et la Coupe du Monde de Football ont impacté le début de saison, août a tenu ses promesses, avec des pics de fréquentations inégalés depuis trois ans. En atteste le taux d'occupation de l'hôtel du parc qui a atteint ce même mois les 98,5%, "avec un prix moyen de vente plus élevé que l'an passé".

L'incertitude du PPRI

Reste que pour retrouver le volume d'activité d'antan, il faudrait que le parc présente des nouveautés animalières. Or, "pour l'instant, nous ne pouvons pas parce que nous sommes dans l'incapacité de construire et de modifier l'extérieur", explique Pascal Picot. La faute au Plan de prévention des risques d'inondation (PPRI), dont l'élaboration - en cours - pourrait bien en redessiner les contours. "Tout dépendra du règlement qui encadrera le PPRI, reprend le dirigeant. "Il est évident qu'en zone rouge, nous ne pourrons plus construire d'hébergement nocturne, mais si l'on peut réaliser des infrastructures de loisirs qui n'augmentent pas la vulnérabilité de la zone, Marineland pourra alors continuer à se développer". En attendant, le groupe espagnol Parques Reunidos, propriétaire du parc marin, a gelé les investissements structurants. "Il investit ailleurs, dans d'autres pays que la France".

Travailler l'existant

C'est pourquoi les nouveautés 2018 se sont appuyées sur les infrastructures déjà existantes. Ainsi en est-il de Ciné 5D Adventure, attraction qui a nécessité une enveloppe de près de 2M€ pour transformer l'espace auditorium en cinéma de 128 places équipé de sièges dynamiques et d'effets spéciaux (vent, jet d'eau, odeurs, vibrations...). Le film 3D diffusé depuis avril, intitulé Arctic 1, mixe animations et sensibilisation à la conservation des espèces, s'inscrivant pleinement dans les nouvelles orientations stratégiques prises par Marineland. Où pédagogie et interactivité priment. Comme une réponse à ses détracteurs.

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Commentaires 4
à écrit le 19/09/2018 à 12:00
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Malgré les actions (parfois illégales) des fascistes en herbe qui veulent imposer leur point de vue à toute la population, le Marineland continue de générer des centaines de milliers d'entrées. Je souhaite longue vie à ce magnifique parc, à la fois ...

à écrit le 18/09/2018 à 16:57
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Bonjour La Tribune, ça serait bien d'évoquer ce qu'est ce "parc", une prison pour les pauvres animaux captifs qui deviennent fous d'ennui et des privations. Il va d'ailleurs disparaître à moyen terme, car de plus en plus de gens découvrent le calvair...

à écrit le 18/09/2018 à 12:32
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La captivité prive les animaux de tout ce qui leur est naturel et important et entraîne des souffrances physiques et psychologiques. Les parcs marins comme Marineland n'ont rien d'éducatif : on ne peut pas comprendre ni véritablement apprécier des es...

à écrit le 18/09/2018 à 12:14
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Dommage que cet article ne fasse aucune mention des réelles raisons pour lesquelles le Marineland d'Antibes coule lentement. Le public réalise de plus en plus qu'il est cruel de détenir des animaux intelligents et sensibles dans des bassins en béton ...

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