Pourquoi Alpes Coop Fruit nourrit la gamme bio de Blédina

La coopérative basée dans les Hautes-Alpes, à Laragne Monteglin, a fait le choix du bio après avoir opté pour une agriculture raisonnée. Si ce choix – volontaire – n'est pas exempt de contraintes, il a ouvert à la coopérative un marché naissant mais en croissance, celui de l'alimentation pour bébé.
(Crédits : DR)

Phénomène de mode ou pas, le bio est depuis longtemps dans la philosophie de la coopérative Alpes Fruit. Basée dans les Hautes-Alpes, créée en 1948 et réunissant une quarantaine de producteurs, elle fait le pari de l'agriculture raisonnée et du baby food. Ce qui signifie l'emploi d'aucun pesticide, par exemple.

Bio, c'est bon mais contraignant

Le passage au bio, "est une suite logique. Techniquement nous étions prêts, l'envie personnelle était là et la communication est beaucoup plus facile lorsqu'on parle de bio, notamment grâce à une bonne image médiatique", raconte Alexandre Devoluy, producteur de pommes et membre de la coopérative.

Passer au bio ne se décrète pourtant pas aussi facilement. Le processus de conversion est long - il dure 3 ans - et contraignant. Il exige notamment "beaucoup de surveillance et d'observation et une capacité à anticiper", résume Alexandre Devoluy. Surtout, impossible de se revendiquer bio avant la 4ème année, pour communiquer, "même si nous faisons du bio, nous devons spécifier que nos fruits sont issus de conversion bio", explique le producteur haut-alpin. Ce qui signifie "une valorisation moindre de la marchandise, qui n'est pas labellisée bio alors qu'elle l'est".

Petits pots dans les grands

Mais si le bio exige un processus contraignant il est aussi source d'opportunité. Car au même moment Blédina est aussi passée au bio mettant sur le marché une gamme dédiée. Et c'est à Alpes Coop Fruits que le spécialiste de l'alimentation infantile vient se fournir en pommes golden et poires williams, de l'ordre de 600 tonnes pour les premières et 200 tonnes par an pour les secondes, la coopérative produisant par ailleurs 15 000 tonnes de pommes et 2 000 tonnes de poires chaque année.

"Nous connaissions déjà la coopérative, car cela fait plus d'une dizaine d'années que nous travaillons ensemble", explique Pierre-Antoine Morel, responsable achat Matières Premières bio chez Blédina. "En mars 2018, nous avons lancé une gamme - Les Récoltes bio - qui vient compléter nos autres gammes pour répondre à une demande des Français de plus de bio dans nos assiettes. Elle répond aux fortes exigences de la réglementation infantile à laquelle vient s'ajouter la réglementation du bio". Les pommes et les poires des Hautes-Alpes, "cultivées en altitude, bénéficient d'une bonne qualité organoleptique", souligne Alexandre Devoluy.

Intérêts partagés ?

Dans ce rapport fournisseur/industriel, Blédina y voit aussi son intérêt. La filiale du groupe Danone s'est fixée un objectif de 100 % de produits cultivés en France issus d'une agriculture régénératrice à horizon 2025. Pour cela, elle a bien sûr besoin des producteurs. C'est parce que cultiver en bio, "c'est prendre des risques, ce sont des charges d'exploitation qui augmentent, un besoin en main d'œuvre plus conséquent", égraine Pierre-Antoine Morel que Blédina a lancé un programme justement appelé "Coup de pouce à la bio", qui prévoit un accompagnement à la conversion, un soutien technique et financier auprès d'une centaine de producteurs. C'est dans ce cadre que le groupe industriel a conclu un partenariat avec la plateforme de financement participatif Miimosa. Dans les Hautes-Alpes, Alpes Coop Fruit a entamé une campagne afin de faire l'acquisition d'une désherbeuse mécanique mais aussi d'un éclaireur mécanique - l'objectif respectif à atteindre est de 8 000 €. L'engouement - qui ne devrait pas se démentir - pour une alimentation saine, surtout chez les tous petits - constitue un réel axe de développement pour les producteurs, d'autant qu'assure Alexandre Devoluy, "nous avons le potentiel pour faire plus, c'est la force de notre structure. Le collectif permet aux petites exploitations d'avoir accès à ces marchés". C'est ce qui s'appelle avoir des intérêts convergents.

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