Comment le Groupe Mul cultive sa croissance

A la fois agricole et industrielle, positionnée sur le secteur porteur mais extrêmement concurrentiel des arômes et parfums, l'entreprise familiale basée à Bar-sur-Loup près de Grasse, présente un profil atypique et différenciant qu’il étend désormais au sourcing de matières premières végétales.
(Crédits : DR)

Au commencement, il y a la terre. Une terre fertile où s'épanouissent plantes à parfums, arbres fruitiers et autres feuillages que la famille Mul cultive depuis cinq générations sur près de 120 hectares sur les communes de Pégomas, de la Roquette sur Siagne et de Tourrettes de Fayence. "Elle est notre ADN, notre valeur et notre histoire", rappelle Cécile Mul, présidente directrice générale du groupe familial spécialisé dans l'exploitation agricole et la transformation de plantes et végétaux en extraits pour l'industrie des arômes, des cosmétiques et des parfums. Une activité développée à partir des années 70 afin de pallier la chute de la demande de plantes à parfum du pays grassois au profit des récoltes étrangères. Et ce, au travers de deux sociétés : Sotraflor, détenue à 50/50 avec la maison Chanel, et Gazignaire, acquise à la fin des années 80. "Il s'agissait de monter en compétence, de valoriser notre savoir-faire et de gagner en autonomie. En résumé, on est devenu industriel pour rester agricole", explique la dirigeante. C'est donc en toute logique que cette terre nourricière préside de nouveau au développement du groupe azuréen qui renforce désormais son expertise en s'attaquant à la problématique du sourcing des matières premières.

Ingrédients naturels d'intérêt

Ainsi naît Mul Aromatiques, portée sur les fonts baptismaux en 2016, après une décennie de réflexion. L'objectif : sourcer les ingrédients naturels d'intérêt externes à la production du groupe comme la vanille, le café, le cacao, les épices... pour répondre aux besoins de Gazignaire et de ses clients, des aromaticiens principalement. Mais pas n'importe comment. "La qualité de la matière première qu'on apporte doit être la même, qu'elle provienne de nos plantations ou pas", insiste Cécile Mul. D'où un travail approfondi sur les filières d'approvisionnement qu'il s'agit de sécuriser et de rendre durable d'un point de vue environnemental, social et économique pour proposer un produit tracé et maîtrisé. "C'est une volonté forte des consommateurs, donc des industriels". Et c'est la mission de Mul Aromatiques.

Réhabiliter des cultures locales

Pour ce faire, l'entreprise s'engage dans trois types de programmes déclinés selon les matières et les pays : des partenariats de très long terme avec des fournisseurs, la constitution ou le soutien de coopératives et le développement de filières en propre. A cet égard, la PME travaille de concert avec les collectivités locales azuréennes pour réhabiliter certaines cultures et plantations. A l'instar de la lavande sauvage pour laquelle une filière est en cours de constitution sur les communes de Gourdon, Cipières, Gréolières et Caussols. Lesquelles mettent à disposition de jeunes agriculteurs des terrains quand Mul Aromatiques les accompagne techniquement et financièrement à travers les débouchés qu'elle offre. Même chose pour le bigaradier, arbre de la fleur d'oranger dont la production est en perte de vitesse, sur le territoire du Bar-sur-Loup et de Vallauris Golfe-Juan, en partenariat avec la coopérative Nerolium et Chanel. "Ce sont des marchés de niche mais qui correspondent à une demande", reprend la dirigeante. Qui y voit là "un juste retour des choses que d'accompagner des producteurs locaux" mais aussi "une façon de tester des schémas de filière responsable et durable qu'on peut développer à l'étranger". C'est, en effet, l'objectif des années à venir.

Investissements

En attendant, Mul Aromatiques, qui a réalisé en 2018 un chiffre d'affaires de 8,9 M€, s'agrandit. L'entreprise, sise dans la zone industrielle de la Sarrée, au Bar-sur-Loup, se dote d'un bâtiment supplémentaire de 1000 m² - en cours de construction - dédié principalement au stockage des végétaux même si une activité de tamisage et de broyage y sera déployée. Et ce, afin d'accompagner la croissance du Groupe Mul (80 personnes), portée par l'entreprise Gazignaire dont les facturations ont augmenté de 10% lors de l'exercice précédent pour s'établir à 14,1 M€. Il faut dire que dans un marché où la plupart des acteurs se sont éloignés de l'extraction au profit de la composition et de la création, l'intégration verticale proposée par le groupe permet à la société de se différencier et de grignoter des parts de marché dans un secteur porteur mais extrêmement concurrentiel. Et pour continuer à creuser son sillon, Gazignaire vient d'investir une enveloppe de plus de 1 M€ dans son outil de production avec, notamment, l'acquisition d'une nouvelle ligne d'éco-extraction en continu. Puis, il s'agira de rénover le site, basé à Pégomas, afin d'absorber l'augmentation de l'effectif, passé de 7 personnes en 2006 à 43 aujourd'hui.

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