Olivier Mathiot : "thecamp est en phase de rationalisation"

Campus du futur mais ancré dans la réalité enteprenariale, c'est ainsi que le président non exécutif de la structure basée à Aix-en-Provence explique pourquoi le business modèle doit pivoter. Non pas dans la philosophie mais dans la concrétisation de celle-ci. Une phase qui semble agiter dans le microcosme aixo-marseillais.
(Crédits : DR)

thecamp a souvent été à la Une des medias mais jusqu'à présent, plutôt pour son positionnement de tiers-lieu, sa façon d'envisager le futur et ses programmes pour se plonger dans les nouvelles façons de travailler de manière collaborative. Il y a moins de 48 heures encore, c'est le sommet des startups organisé avec la Région Sud et son président Renaud Muselier qui plaçait thecamp comme LE lieu de l'innovation dans sa plus large acceptation.

Révision

Sauf que thecamp se restructure. Une phase qui attire à nouveau les projecteurs, engendrant des interrogations, des licenciements étant prévus, ce qui fatalement pose la question de la santé économique du campus.

Sur le sujet, le président non exécutif ne pratique pas la politique de l'autruche. Olivier Mathiot reconnaît que "nous sommes obligés de restructurer l'organisation, c'est pour cela que j'ai nommé une nouvelle directrice générale (Catherine Gall NDLR). Nous disposons de 10 000m2 dans la pinède. Il y a toute une prestation associer au lieu", et c'est sur la rationalisation des dépenses qu'Olivier Mathiot apporte sa compétence d'entrepreneur, expliquant que oui, certains contrats sont revus.

"Il faut réconcilier le business et l'impact", poursuit l'ex-PDG de Rakuten, arrivé à la présidence il y a exactement un an. "Nous ne pouvons pas laisser l'impact aux ONG ou aux gouvernements". Et impensable de remettre en cause le bien-fondé de thecamp, "arrivé au bon moment" dans un contexte où l'innovation se cherchait une voie plus large.

Le changement c'est maintenant

C'est donc un pivot que thecamp effectue. "Un pivot ce n'est pas un changement à 180°. La vision et la mission restent les mêmes. Il y a la nécessité d'un tiers lieu, cela demeure la base. Le pivot s'effectue plutôt sur le business".

Comment ? "Nous nous sommes rendus compte que nous ne sommes pas mauvais sur la partie événementielle. Certes, cela ne faisait pas partie du plan de départ, mais c'est un axe de développement. Il y aura par ailleurs en 2019 une programmation culturelle et musicale structurée. Le Club Access, qui a été lancé au premier trimestre, vise à accueillir davantage les entreprises locales, PME et ETI. Contrairement à ce qui nous a été reproché, thecamp n'est pas réservé uniquement aux entreprises parisiennes". Le catalogue de formation a lui aussi été revu et les offres "renforcées, étoffées". Davantage mettre en relation les partenaires de thecamp entre eux ou avec des entreprises est un autre axe qui va être poussé.

Le co-living est un autre vecteur de business. "Nous devons accueillir davantage de grands comptes, ce sont eux qui sont dans des mouvements de transformation".

Croissance absolue

Time to market, pivot... thecamp n'est-il pas une entreprise comme une autre ? Olivier Mathiot réfute le terme de plan social, acquiesçant sur des départs de salariés - "7 ou 8". Le président de thecamp rappelle aussi que le chiffre d'affaires du premier exercice - 2018 donc - s'est monté à 10 M€. "thecamp ne sera pas profitable dans l'immédiat", ce qui dit-il n'est pas étonnant pour une structure de ce genre. L'investissement pourrait se poursuivre, pourquoi pas pour un troisième bâtiment, côté hôtellerie. Investissement signifie-t-il appel à des investisseurs ? "C'est aux actionnaires, le Crédit Agricole et Booster (qui appartient à la famille de Frédéric Chevalier, le fondateur de thecamp, disparu en 2017 dans un accident de la route NDLR) de prendre la décision", précise Olivier Mathiot.

Axé sur le futur of food, le futur of work et la mobilité, thecamp pourrait également approfondir les résidences créatives.

"Nous aimerions travailler autour d'un startup studio, c'est-à-dire voir émerger des startups grâce à des idées qui auraient été générées à thecamp, de façon communautaire, façon opensource. Nous pourrions être actionnaires de ces projets, être davantage impliqués".

Côté internationalisation, thecamp regarde plutôt du côté de l'Europe, mais aussi de l'Afrique et de la Méditerranée. Bordeaux, Biarritz et d'autres collectivités sont venues observer thecamp, peut-être pour dupliquer un modèle de lieu créatif. "Nous pouvons les accompagner ou les conseiller. Nous avons un discours ouvert, qui n'est pas dans le champ concurrentiel", souligne Olivier Mathiot.

L'objectif, côté business, est fixé à 30 % de croissance pour l'exercice en cours. Et une profitabilité envisagée à l'horizon 2022.

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