Marine Tech, l'eau, le soleil et Helio

La société installée sur le plateau de Signes, dans le Var, commence la production des premiers modèles de ces sphères autonomes capables de produire de l'eau pure grâce au soleil, destinés aux populations en difficulté. Pour les financer, le président et fondateur Thierry Carlin se rapproche des grands décideurs.

"Helio va devenir notre produit phare", avance d'ores et déjà Thierry Carlin, président et fondateur de Marine Tech. La société varoise d'ingénierie en environnement marin travaille depuis quatre ans sur cette innovation capable de produire de l'eau potable en n'ayant besoin que de deux éléments : du soleil et de l'eau. Une solution a l'apparence surprenante, avec des sphères faisant penser à des vaisseaux extraterrestres venus se poser au bord de l'eau. La méthode utilisée est, elle, bien connue puisqu'il s'agit de l'évaporation.

Concrètement, une pompe, qui fonctionne grâce à un panneau photovoltaïque, ramène de l'eau dans une sphère où elle est chauffée à 100 degrés grâce directement au soleil et à un miroir pour favoriser la réverbération. Ce système permet de créer l'évaporation qui purifie l'eau de toutes ses bactéries. Les gouttes viennent ensuite se heurter à la paroi et sont récupérées au fond de la sphère. Une méthode qui permet de produire dix litres d'eau par jour. "C'est totalement autonome, la seule action qu'il est nécessaire de faire et de venir récupérer l'eau et encore cela peut être automatisé", précise Thierry Carlin. L'installation de la sphère, qui occupe un mètre carré, n'a besoin d'aucune installation spécifique, seulement d'être près d'un point d'eau.

Les utilisateurs qui ne sont pas les clients

Après trois ans de pur recherche et développement, les prototypes ont été testés pendant un an. Désormais la phase de production commence. "Nous travaillons avec des fabricants français pour la sphère, mais nous faisons tout le reste ici, à Signes", souligne le dirigeant. Les premiers modèles sont prévus d'ici la fin de l'année pour le sud du Mali. Une centaine d'unités seront installées pour quatre écoles et un dispensaire. Des discussions sont également bien engagées avec l'île de Syros en Grèce. "Ce n'est pas encore attribué, mais un maire nous a écrit pour une ferme de 200 modules", explique Thierry Carlin.

Dans le cas de l'île hellène, l'enjeu est de faire face à une population qui se multiplie par dix durant l'été. "Helio s'adresse à des populations qui n'ont pas les fonds suffisant pour avoir des installations comme nous en avons France", expose l'entrepreneur. Ce qui rend difficile la "vente" d'Helio qui coûte près de 2 000 euros la pièce. "Nos utilisateurs ne sont pas forcément nos clients", répond Thierry Carlin. Le modèle économique établit par Marine Tech vise les collectivités et les institutions. L'idée est de communiquer auprès des utilisateurs sur cette solution et d'ensuite profiter des différents financements et subventions possibles. Ce sont donc les grands décideurs et ONG qui doivent être convaincus par Helio pour aider financièrement ceux ayant besoin de cette innovation.

Helio, mais pas que

D'autres projets sont d'ores et déjà dans les tuyaux, notamment à Madagascar. Une sphère va également être testée d'ici la fin de l'année aux Emirats Arabes Unis. "C'est un pays qui est dans une démarche d'anticiper ce que sera l'énergie dans 10 ans", commente Thierry Carlin.

Un développement qui emmènera Marine Tech à évoluer. Côté production, dont la capacité à Signes est de 2 000 unités, elle pourrait être déplacée pour des commandes importantes. "Nous avons baissé les coûts au maximum, mais cela nous permettra d'économiser la logistique", explique Thierry Carlin. Compte-tenu du succès attendu, le dirigeant prévoit "de créer une filiale dédiée".

Car Marine Tech compte bien poursuivre ses autres activités comme le filet anti-pollution, pour récupérer des hydrocarbures en mer, qu'utilise la marine nationale ou encore le drone sous-marin RSV utilisé par Eiffage pour surveiller les travaux d'extension en mer de Monaco. Avec ces activités, la société varoise, qui comprend six salariés et prévoit deux recrus supplémentaires, a généré un chiffre d'affaires de 1,3 million d'euros en 2018. "Nous espérons faire aussi bien cette année", avance le PDG.

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