Nicolas Sekkaki – IBM : "Un terreau fertile de recherche a besoin d'un terreau économique fertile"

Alors que l'IBM Lab ouvre ses nouvelles portes à Sophia-Antipolis, le PDG France de la firme américaine dit sa volonté d'un écosystème renforcé où tous les acteurs apporteraient leur pierre à l'édifice, tout en plaidant pour l'ouverture à l'international et l'accueil de chercheurs venus d'ailleurs. Un gage de réussite dans la course à l'usage utile des nouvelles technologies. Et à une visibilité compétititive.
(Crédits : IBM)

Nicolas Sekkaki aime à le rappeler, le choix de Sophia-Antipolis, n'est pas récent, il est historique puisque c'est en rachetant en 2009 la startup Ilog, née 22 ans plus tôt. qu'IBM pose ses valises sur la technopôle n°1 d'Europe. Dix ans plus tard, alors que la même technopôle souffle ses 50 bougies, IBM inaugure son Lab flambant neuf, imprégnant un peu plus le territoire azuréen de sa présence, mais aussi et surtout de son expertise, dont fait partie l'intelligence artificielle. Ce qui est de bonne augure quand le dit territoire se trouve auréolé d'une labellisation 3IA.

Pour IBM, et son PDG France, bien sûr tout cela a du sens et ne doit pas grand-chose au hasard. Et Nicolas Sekkaki de rappeler la création du premier hub quantique - Q Hub - à Montpellier en décembre dernier ou encore la présence du spécialiste de l'informatique sur le campus de Paris Saclay. Preuve que l'innovation n'est pas que technique ou technologique mais qu'elle repose aussi - et surtout selon son PDG France - sur un écosystème renforcé, local, fourni.

Sommes des parties

Et c'est bien cela, le sujet que défend Nicolas Sekkeki. "La technologie a changé, notre business a changé", dit-il. Outre Sophia-Antipolis d'ailleurs, IBM s'est aussi installé au sein de l'Eco-Vallée à Nice, la vallée des éco-technologies où le PDG France reconnaît qu'il est important d'être basé, car c'est "aller dans un écosystème agile, avec des startups, des entreprises", bref tout ce qui construit ce fameux écosystème où chacune des parties doit pouvoir en retirer une force supplémentaire tout autant qu'une force commune. C'est d'ailleurs tout autant pas une coïncidence, si c'est à Nice que s'est installé le premier IBM Garage - il en existe 7 dans le monde - cet endroit où les entreprises peuvent tester leurs technologies.

Réaffirmer sa présence à Sophia-Antipolis, c'est bien aussi de cela dont il s'agit. "Nous réaffirmons nos missions. C'est du développement, de la data, des cas d'usages... c'est s'intégrer dans un écosystème". A chaque territoire, le sien, évidemment.

"Nous voulons participer aux mutations", insiste Nicolas Sekkaki. "Le travail qui a été mené pour repositionner IBM autour de l'IA fait que nous avons récupéré des missions", ajoute le PDG France, ce qui a notamment servit à améliorer l'approche des entreprises industrielles. Mais "nous restons au cœur des réseaux humains" ajoute par ailleurs Nicolas Sekkaki, pour la simple et bonne raison qu'aucun acteur, quel qu'il soit, peut tout réaliser seul. D'où les liens à favoriser entre écoles, universités et entreprises.

Le 3IA est peut-être l'une des locomotives qui valide ce point de vue ? La labellisation est forcément un bon signal envoyé. D'ailleurs des chercheurs de l'INRIA travaillent avec des chercheurs d'IBM. IBM pourrait participer à certaines chaires liées à l'obtention du 3IA. Mais c'est aussi les liens avec l'enseignement qui sont porteurs et sur ce sujet IBM collabore avec l'Université Côte d'Azur et Skema. "C'est du mécénat de compétences", souligne Nicolas Sekkaki qui redit à quel point, "créer des vocations est essentiel et (...) que tout commence dans les écoles".

L'effet tabouret

Cependant, pour être performant, visible, attractif il faut savoir s'ouvrir à l'international. "Si on souhaite travailler en écosystème, il faut aussi faire venir sur le territoire des chercheurs venus de l'étranger", pointe le PDG France. "Ce n'est pas être extracteur de valeur, mais au contraire producteur de valeur". Chez IBM on revendique d'ailleurs 25 % de chercheurs venus des quatre coins du globe et 20 nationalités différentes. En étant positionné à Sophia-Antipolis et à Nice, "nous bénéficions d'un écosystème extrêmement intéressant pour servir nos clients, qui ne sont d'ailleurs pas forcément installés dans la région". Et c'est hyper stratégique. "Nous attendons de nos ancrages régionaux d'être comme un tabouret, avoir plusieurs pattes". Car au final et de façon globale, "c'est cet écosystème riche qui permettra à la France d'être bien positionnée sur les enjeux tech".

Car au-delà la technologie pure, il s'agit de mettre en avant des cas d'usage. "Nous sommes des industriels mais nous voulons de la recherche appliquée". Le Design Studio, intégré au Lab, sert à prendre les méthodologies déployées par les startups pour les appliquer aux entreprises. "Il existe une hybridation à faire, sinon nous perdons des synergies", poursuit Nicolas Sekkaki. "L'IA n'est pas un logiciel, il faut la former, cela exige un écosystème qui veut créer l'économie de demain".

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