Juste bio et le credo du sans plastique

En faisant le choix de financer les meubles de distribution de ses fruits secs pour s'installer dans la grande distribution, la PME originaire du Vaucluse a fait exploser son chiffre d'affaires. C'est désormais dans le défi de sac d'emballage 100% compostable qu'elle se lance.
(Crédits : DR)

"Atypique". Voilà l'adjectif que donne Franck Bonfils lorsqu'il parle de la croissance Juste Bio, l'entreprise qu'il a créée en 2000 alors sous le nom d'Air d'ici. Cette PME installée à Carpentras qui grille, emballe et transforme des fruits secs biologiques, a vu son chiffre d'affaires passer de 13 millions d'euros en 2016 à plus de 70 millions d'euros pour cette année. Avec à chaque fois un bond de 20 millions entre chaque exercice. "Ce qui me rend fier, c'est que ces chiffres montrent qu'il est possible de changer son produit pour répondre à des nouvelles habitudes de consommation et de le faire dans la grande distribution", avance Franck Bonfils.

Pour comprendre cette évolution, un retour en arrière s'impose. En 2000, Franck Bonfils crée Air d'ici dont la vocation est de produire des cacahuètes pour bistrots et des chouchous de plage. Après s'être diversifié avec les fruits secs, c'est finalement en 2012 que la société lance la marque Juste Bio pour répondre à cette tendance du marché. Aujourd'hui, c'est elle qui concentre 100 % de son activité. "J'ai commencé pas vendre du gras, salé, sucré avec beaucoup d'emballage pour finalement faire tout l'inverse aujourd'hui", s'amuse le dirigeant. "Cela montre l'évolution du marché", ajoute-t-il.

Le choix décisif de passer au vrac

Le vrai boom de cette PME intervient en juillet 2017. "Nous faisions du bio avec 100 % de nos produits analysés, transformés et conditionnés dans notre usine de Carpentras. Mais cette activité consommait beaucoup de plastique, ce qui était contre-productif", raconte Franck Bonfils. Il décide alors de passer au vrac. "Ce qui pose un vrai problème pour la grande distribution car c'est un métier technique, ce n'est pas la même chose que mettre des sachets en rayon", explique le dirigeant.

La PME vauclusienne choisit de financer le matériel de distribution et de s'en occuper. "Le succès a été fulgurant", s'étonne encore Franck Bonfils. Le déploiement de plus de 100 meubles a nécessité un investissement de quatre millions d'euros, financé par l'emprunt. "Ma vraie fierté, c'est d'avoir pu donner l'option de consommer différemment", insiste l'entrepreneur. Et le plastique dans tout ça ? Le passage au vrac a permis une économie de 150 tonnes par an.

Ce changement de dimension a nécessité des adaptations. "Il y a trois ans, quand nous réfléchissions à la construction d'une nouvelle usine je ne pensais pas faire un jour 50 millions d'euros de chiffre d'affaires, et là nous prévoyons 100 millions pour 2020", illustre Franck Bonfils. Le nombre de salariés atteint 90 personnes. Les futurs locaux, livrés en 2020, s'étendront sur 12 000 mètres carré. Un chantier à 15 millions d'euros entre l'investissement immobilier et celui sur les outils de production. En attendant, le pôle logistique a été déplacé à Entraigues-sur-la-Sorgue à une quinzaine de kilomètres de Carpentras.

Export et sacs compostables

Désormais, Juste Bio produit 7000 tonnes de fruits secs chaque année qu'elle distribue dans 4500 points de vente en France. La société commence à se tourner vers l'export, principalement les pays frontaliers, et devrait débarquer rapidement dans les magasins spécialisés sur le bio. Autre nouveauté, depuis juin elle utilise des sacs 100% compostables qui peut être utilisés pendant 9 mois. Une innovation développée via la start-up israélienne Tipa. Par rapport à un emballage classique le coût augmente de 35%. "Mais nous parlons d'un support à quelques centimes donc nous supportons cette hausse", précise le dirigeant.

Ces sacs ont valu à Franck Bonfils une mésaventure. "Nous avons reçu une plainte à ce propos", regrette-t-il assurant ne pas connaître l'identité du plaignant. Ce dernier reprocherait la véracité de l'argument "100% compostable". Franck Bonfils reste serein. "Nous avons une certification de Tuv Austria (ndlr : un organisme qui fait référence au niveau européen)", défend-il avant de s'agacer : "Plutôt que d'essayer de faire mieux que nous, on préfère nous attaquer". Pas de quoi stopper Just Bio et sa croissance atypique.

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