ACRI-ST met la main sur le Cerga pour prendre position dans le nouvel âge spatial

Spécialisée dans le traitement de données environnementales issues de l’observation de la Terre par satellites, l’entreprise basée à Sophia Antipolis vient d’acquérir les locaux de l’ancien centre d’études et de recherche en astronomie à Grasse pour poursuivre son développement. Lequel prévoit une implication accélérée dans le New Space et l’afflux massif d’informations qu’il engendre, dont le traitement et l’exploitation ouvrent de nouvelles perspectives en matière de services liés à l’environnement.
(Crédits : Cnes)

Avec le rachat des bâtiments de l'ancien Centre d'Etudes et de Recherches Géodynamiques et Astronomiques (Cerga), situé à Grasse, ACRI-ST entend poursuivre son expansion en contribuant et profitant à plein de l'ère du New Space dans laquelle l'industrie spatiale s'aventure. Une (r)évolution portée notamment par le développement de micro et nano-satellites qui, selon Odile Fanton d'Andon, présidente de l'entreprise sophipolitaine, semble avoir omis de se pencher sur la partie segment-sol. "La majorité des travaux menés par les laboratoires et les industriels du secteur porte sur la partie plateforme, l'optique, la miniaturisation des capteurs et la capacité à les envoyer dans l'espace, en revanche, rien ou très peu sur la partie réception et archivage des données, leur traitement et leur exploitation dans des services aux utilisateurs. Le segment-sol apparaît ici comme le parent pauvre de la recherche alors que le New Space préfigurent une explosion des flux de données à très haute résolution spatiale qui risquent, de ce fait, d'être sous-exploitées", explique-t-elle. Une "bizarrerie" qui présente l'avantage de servir ACRI-ST, spécialiste du sujet. "Il y a un créneau à prendre sur lequel nous avons toute légitimité".

Projet Cubisme

Dont acte ! Spécialisée dans le traitement des données environnementales issues de l'observation de la Terre par satellites, la filiale du groupe sophipolitain ACRI (19 M€ de chiffre d'affaires en 2019 pour une centaine de collaborateurs), créé en 1989 par une poignée d'ingénieurs et de chercheurs, s'attache donc développer d'une part les segments-sols des nouveaux outils envoyés dans l'espace, de l'autre les services-avals de la télédétection spatiale pour la surveillance des changements environnementaux et le business intelligence.

C'est tout l'objet de son projet Cubisme, lancé à l'automne 2018 et doté d'une enveloppe de 4,4 M€ d'investissement. Celui-ci vise à développer un système de gestion environnementale à usage des collectivités territoriales, associations et entreprises, qui combine et corrèle les données satellitaires à celles recueillies sur le terrain par des citoyens de plus en plus concernés par les enjeux environnementaux. Les applications d'un tel dispositif sont nombreuses et relatives à la qualité de l'air et de l'eau, à la surveillance et la réduction des déchets, à la préservation de la biodiversité ou encore à l'organisation territoriale. Pour ce faire, des recrutements dédiés ont été réalisés et une première antenne de réception pour nano-satellite est en cours de montage à Sophia Antipolis avant d'être transférée à Grasse.

Le Cerga en tête de pont

Car c'est sur les hauteurs de la Cité du parfum que l'activité sera développée. Plus précisément dans les anciens locaux du Cerga, acquis sur fonds propres par le groupe ACRI auprès de l'Etablissement public foncier en décembre dernier. Soit quelque 1300 m² de bâti sur un hectare de terrain. 2 M€ seront nécessaires pour rénover l'ensemble, abandonné depuis le début des années 2000. La livraison est attendue dans neuf mois. "Le site constituera le centre de pilotage, de réception et d'interconnexion des différentes antennes déployées de par le monde". Car, relève Odile Fanton d'Andon, "les nano-satellites ne peuvent stocker les données à bord. Généralement, ils mesurent et envoient directement l'information brute dans un cône de réception placé dans la zone géographique survolée, ce qui suppose la constitution, notamment, de réseaux mondiaux d'antennes interconnectés".

Dans un premier temps, ACRI-ST s'appuiera sur son partenaire académique, le Latmos (Laboratoire Atmosphères, Milieux, Observations Spatiales), unité mixte de recherche placée sous la tutelle du CNRS, de l'Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ) et de Sorbonne Université, pour profiter d'un réseau inter-universitaire. Elle pourra également compter sur ses ressources en France et au Luxembourg consacrées aux agences spatiales. L'objectif étant, par la suite, "de créer notre propre réseau dédié à des activités plus commerciales", notamment à partir de ses filiales implantées au Canada, en Angleterre, en Inde et dernièrement en Italie et en Espagne, dédiées au développement de services environnementaux répondant aux enjeux locaux. L'activité devrait regrouper sur Grasse 70 personnes d'ici à 4 ans.

Vers l'infini et au-delà

"Si le gros de l'activité concernera l'observation de la Terre, nous envisageons également de diversifier ACRI-ST dans l'observation de l'univers. L'espace est un sujet qui nous intéresse profondément", indique la présidente. D'où la volonté d'ACRI-ST de fabriquer ses propres nano-satellites dans le cadre de co-développements avec des laboratoires et industriels du secteur pour des missions dans le système solaire. A cet égard, l'entreprise a déjà signé des accords de partenariat avec, d'une part l'Observatoire de la Côte d'Azur, de l'autre l'UVSQ, qui tous deux projettent de lancer prochainement leur plateforme. D'où, aussi, le souhait de ressusciter, au sein du Cerga, le projet de planétarium de Grasse avec des visées grand public et scientifiques. Et ainsi créer au sein du territoire une infrastructure, un environnement plus propice à attirer des compétences.

"Le segment du spatial dans la région Sud est en train de prendre de l'ampleur. Les projets de lancement de nano-satellites s'y multiplient, que ce soit du côté de l'Observatoire de la Côte d'Azur, de la société monégasque Orbital Solutions ou encore de Thales Alenia Space et du pôle de compétitivité Safe qui travaillent sur la constitution d'une filière dédiée". Un début d'ébullition qui a conforté le choix de l'entreprise d'investir sur le territoire. Elle, qui ces dernières années avait privilégié un développement à l'étranger, a désormais fait sienne "l'appel à produire, travailler et innover en France". Et Odile Fanton d'Andon de conclure : "Nous estimons aujourd'hui que, tant sur Grasse avec le Cerga, que sur Sophia Antipolis avec son positionnement fort sur l'intelligence artificielle, nous sommes en capacité de répondre à une problématique de développement territorial avec un projet qui porte de la croissance, de la formation et de l'innovation".

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