Mehdi Gacem : du foot à l’immobilier, au fil des rencontres

Il est à l’initiative du premier salon de l’immobilier virtuel qui aura lieu en juin sur le territoire d’Aix-Marseille. Cet entrepreneur, qui se destinait au départ au football, est à la tête de Views Multimedia, une agence de communication dédiée à l’immobilier qui fait la part belle au digital.
(Crédits : DR)

"Les rencontres n'arrivent pas par hasard". Il en est convaincu. "Elles aboutissent toutes à quelque chose", pense l'entrepreneur qui aime à citer Paulo Coelho et la notion de Maktub, du nom d'un des ouvrages du romancier brésilien. Ce sont ces rencontres qui ont modelé son parcours. Ce sont elles qui lui permettent d'organiser son salon de l'immobilier cent pour cent virtuel prévu en juin, en réponse aux difficultés du secteur suite au coronavirus. Pour cela, il a dû activer son réseau et susciter l'intérêt. "Le parrain de l'événement sera Fabrice Alimi", le patron de Novelis avec qui il est en contact depuis quelques années déjà. "Il y aura des agents, des notaires, des commercialisateurs qui pourront répondre aux questions et présenter des maquettes orbitales... " énumère-t-il.

C'est une première dans le milieu et il en est fier. D'autant plus fier que c'est à Marseille que naît l'initiative, confirmant son potentiel d'innovation auquel il croit dur comme fer. "Il y a vingt ans, en 2003, j'ai assisté à la présentation d'Euroméditerranée dans un hangar. J'étais de ceux qui regardaient Marseille du coin de l'œil", reconnaît-il. "Passé 20 heures, il était compliqué de se balader sur les quais de la Joliette. Vingt ans plus tard, j'y ai installé mon agence. Ma fille sort boire des verres le soir du côté de la Major et je sais qu'elle est en sécurité. Euroméditerranée a réussi son pari d'un point de vue culturel et donne un nouveau visage à Marseille, celui d'une ville très novatrice. Ce n'est pas un hasard si c'est ici qu'a été créé Logicimmo, le premier magazine immobilier gratuit. Et aujourd'hui, on a le premier salon virtuel", se targue celui qui a pourtant grandi en région parisienne, aspirant à une toute autre carrière.

Numéro 10

Il a treize ans lorsqu'il intègre le centre de formation du Paris-Saint-Germain. Il joue au poste de numéro 10. Il se voit professionnel. Bien qu'à Paris, il supporte l'Olympique de Marseille de Bernard Tapie. "C'était magique ce qu'il est parvenu à créer !", s'enflamme-t-il encore aujourd'hui. Mais on le sait, le football fait beaucoup de rêveurs et peu d'élus. C'est une blessure qui aura raison de ses ambitions. "Je me suis rompu deux fois les ligaments croisés". La première fois, il s'en remet plutôt bien. Les choses se corsent ensuite. "J'ai eu l'impression de prendre du retard et j'ai décroché. Surtout qu'à l'époque on n'avait pas d'agent comme aujourd'hui". Mais la désillusion devient assez vite une bouffée d'air.

"J'ai quitté le nid familial très tôt. Je n'avais jamais connu la fête, les boites de nuit..." C'est l'occasion ou jamais de rattraper le temps perdu. Direction Ibiza, une semaine pour décompresser. Il y restera finalement trois mois. "J'ai sympathisé avec les organisateurs qui m'ont engagé pour m'occuper du sport à l'hôtel". Il découvre le milieu de l'événementiel et entreprend des études à l'école hôtelière à Paris. "Puis j'ai tout de suite enchaîné avec quatre ans de voyage en entreprises". Il travaille pour le groupe Accor au Kenya, parcourt la Grèce, le Maroc, la Tunisie avant de se poser trois ans aux États-Unis. Là-bas, au sein de l'hôtel Strand, il organise des événements pour des célébrités et de grands groupes. Parmi eux : Constructa, une rencontre charnière qui le suivra à son retour en France au début des années 2000, suite à la naissance de sa fille.

Immobilier et digital

Il s'occupe de la communication du groupe : plaquettes, organisation d'espaces de vente, appel à des illustrateurs pour des perspectives, plan média... Des compétences qu'il étoffe treize ans durant au sein de Studio J dont il prend les rênes en 2008. "Au départ, nous étions deux. Puis nous sommes passés à 10 avec l'ouverture d'une antenne en Aquitaine". L'entreprise prend une dimension nationale. Elle triple son chiffre d'affaires jusqu'à ce que cet élan soit brusquement interrompu, en 2015. "Je me suis fâché avec mon ex-associé qui avait encore des parts mais qui était inactif. J'ai décidé de partir et j'ai créé Views Multimedia", une agence de communication dédiée à l'immobilier.

Et il ne part pas seul. "Des collaborateurs de Studio J ont cru en moi et m'ont rejoint. Cela a permis de constituer une équipe forte dès le départ". Son carnet d'adresse bien rempli, il peut compter sur des clients tels que Eiffage et bien sûr Constructa. Mais pas question de répliquer trait pour trait l'expérience de Studio J. Les temps ont changé. Le numérique s'est imposé aux acteurs de l'immobilier. D'où le choix de prendre immédiatement le virage de la 3D avec la création d'un studio intégré. "Nous faisons des perspectives, des maquettes orbitales, des visites virtuelles..." Un moyen de se diversifier tandis que les autres agences de communication sous-traitent ce type d'outils. "Cela nous permet de ne pas être dépendants de l'emploi du temps de prestataires, de réduire les coûts de communication de nos clients, de garantir une rapidité, une fluidité et une confiance", explique-t-il.

Avoir ces outils en main permet aussi d'en améliorer directement l'efficacité. "Nous avons profité du confinement pour automatiser la chaîne de production 3D". De nouveaux procédés qui permettent un gain de temps considérable. "Pour une maquette orbitale, on est passé de 15 à 3 jours de développement", se réjouit le chef d'entreprise qui emploie pour l'heure dix salariés dont deux dans son antenne bordelaise. "En septembre, avec l'ouverture d'une seconde antenne à Paris, nous serons douze".

A peine plus qu'une équipe de foot. Et l'entrepreneur n'hésite pas à filer la métaphore. "Le travail d'équipe c'est capital. Nos défenseurs, ce sont ceux qui s'occupent du back office. On a des milieux de terrain qui diffusent l'information et des attaquants qui vont voir les clients et font rentrer du boulot". Quant à l'ancien numéro 10, c'est à un autre poste qu'il se projette aujourd'hui : "celui de gardien, qui protège et veille à ce qu'on ne se prenne pas de but".

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