Beuchat sort de l’eau et ça sert son développement

Marque historique des équipements de plongée, la PME marseillaise utilise désormais son outil de production pour des entreprises issues d’autres secteurs. Une diversification que Christophe Margnat, le président de la société, veut développer et qui pourrait même devenir l’activité principale du groupe à terme.
(Crédits : DR)

C'est en tant que passionné de plongée que Christophe Margnat rejoint Beuchat au début des années 2000. Rapidement, il en devient l'actionnaire majoritaire. La PME marseillaise spécialisée dans les équipements de plongée traverse alors une crise avec plusieurs années de pertes. "Nous étions proches du passage par le tribunal de commerce à l'époque", raconte le dirigeant. La société fondée en 1934 est un acteur historique des activités liées à la plongée, elle est notamment à l'origine de l'arbalète sous-marine ou du masque Compensator ou encore des combinaisons en néoprène.

L'objectif est donc de mettre en place un plan de redressement. "Nous avons décidé de nous concentrer sur l'ADN de la marque, à savoir les masques et les combinaisons, et de délaisser les produits techniques de la plongée en bouteille", explique Christophe Margnat. Un pari réussi puisque Beuchat a depuis retrouvé ses lettres de noblesses, générant un chiffre d'affaires consolidé d'environ 20 millions d'euros, dont 17 millions en 2018 pour la seule partie "plongée".

Des flashballs et équipements de haute sécurité

Car depuis septembre dernier, Beuchat a franchi un nouveau palier en devenant un groupe abritant la filiale Beuchat Industries. Il s'agit de la partie production des produits de plongée mais aussi d'autres secteurs. "Garder l'outil de production seulement pour nous n'avait pas d'intérêt", explique Christophe Margnat. Nous nous positionnons comme un porteur de solutions dans certaines technologies". En clair il s'agit de mettre à profit le savoir industriel de la PME.

En l'occurrence il s'agit de la maîtrise de régulation de haute pression, utilisé pour les respiratoires sous-marins, et la soudure haute fréquence, pour l'enveloppe gonflable des gilets de stabilisation. Le premier se décline pour les balises de rechargement et les armes non-létales comme les flashball. Le deuxième sert pour les matelas médicaux anti-escarres et des équipements de haute sécurité. C'est d'ailleurs pour des airbags de moto que Beuchat a commencé sa diversification en travaillant avec la société marseillaise d'accessoire de moto... Shark.

"Aujourd'hui, la majorité de l'activité de Beuchat Industrie est de la sous-traitance pour d'autres marques", affirme Christophe Margnat. Cette filiale ne représente pour l'instant que 25% de l'activité du groupe, mais le président ne cache pas qu'elle pourrait devenir majoritaire. "Le but c'est de développer cette activité, on peut imaginer que cela devienne plus important", explique-t-il. Pour illustrer son ambition, le dirigeant n'hésite pas à prendre en exemple Zodiac, parti du bateau pour aujourd'hui fournir des équipements aéronautiques.

Pour la plongée, cap sur l'étranger

Pour autant, l'activité historique exploitée sous la filiale Beuchat International n'est pas laissée de côté. Malgré un marché peu prometteur pour les produits techniques. "La pratique se développe mais le volume d'équipement reste stable, souvent les plongeurs préfèrent louer le matériel, constate Christophe Margnat. Nous mettons la priorité sur la plongée libre qui elle se popularise". Le produit transversal des activités de chasse ou randonnées aquatiques est la combinaison. Le groupe de près de 70 salariés, équitablement répartis entre les deux filiales, continue d'innover sur ce produit.

L'objectif est d'accroître la part de marché. "Nous avons un plan ambitieux qui a été mis entre parenthèse avec la crise sanitaire", avance Christophe Margnant. "Le marché mondial est estimé à 500 millions d'euros, nous pesons 15 millions d'euros et nous voulons atteindre 25 millions d'euros", chiffre-t-il. Cela passe par le développement international, notamment en s'installant dans les centres de pratiques.

"Nous réalisons 35% de notre activité en France, or l'Hexagone ne pèse que 10% du marché mondial", explique le dirigeant qui n'exclut pas une opération de croissance externe. Que cela soit pour toucher une nouvelle zone géographique ou de nouveaux produits notamment ceux liés à l'électronique ce qui pourrait conduire à des synergies avec... Beuchat Industries.

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Commentaire 1
à écrit le 11/06/2020 à 9:18
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En effet diversifier son économie est une sécurité évidente maintenant attention, au sein d'une économie financiarisée les outils de production viennent après les paradis fiscaux, de ce fait on voit souvent des petits patrons demander à leurs employé...

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