Arnaud Castagnède, le cœur à l'ouvrage

Le social a toujours été sa fibre, bien avant le Cloître, ce lieu de formation dédié aux jeunes des quartiers Nord de Marseille. Découvrir les pépites, encore à l'état brut, leur donner tous les outils pour se façonner un destin et un avenir, c'est ce qui fait vibrer celui qui, avant la Cité phocéenne, travaillait dans une mine d'or en lui apportant des notions d'éco-responsabilité. De Guyane au Sud de la France, le même esprit d'aventure en bandoulière.
(Crédits : DR)

Il le reconnaît lui-même, cela le fait presque sourire d'ailleurs, mais rien ne prédestinait Arnaud Castagnède a devenir entrepreneur. Son "vrai" métier, du moins son métier d'origine, c'est géomètre topographe. Un métier qui le mène loin de la France, au Brésil, au Surinam, en Guyane, dans la forêt amérindienne où il le dit encore avec émotion, il s'est passionné pour la forêt et pour le peuple.

Dès les années 90, il crée avec d'autres Découverte de l'Amazonie dont le propos est de faire découvrir et appréhender la forêt autrement. "C'était déjà de l'éco-tourisme", souligne-t-il. Avec des retombées pour la population locale. L'ONF s'associe au concept, collabore sur des aménagements d'infrastructures avec la culture locale, fait venir des Compagnons du Devoir, pour, dit Arnaud Castagnède, "une conjugaison de savoir, de culture qui ont permis à des touristes d'en découvrir toutes les vertus".

C'est ensuite sur une mine d'or qu'Arnaud Castagnède va impulser sa vision, en intégrant des notions d'éco-responsabilité. "Nous voulions faire en sorte que l'exploitation minière soit la moins impactante possible. Nous avons réussi à intégrer quelques bonnes pratiques".

L'esprit du collectif

La vie oblige ensuite Arnaud Castagnède à revenir en France. Ce sera à Marseille où celui qui ne se destinait pas à être entrepreneur crée sa propre structure, Acta Vista, spécialisée dans l'insertion et la qualification professionnelle des demandeurs d'emploi sur les chantiers de restauration du patrimoine.

En 2015, c'est un nouveau changement de vie. Arnaud Castagnède cède son entreprise. Le projet du Cloître est entré dans sa vie. Un projet porté par un collectif  d'entrepreneurs, aux horizons et parcours variés et différents. On y retrouve Bruno Galy, directeur adjoint régional des Apprentis d'Auteuil, Vincent Robert, ex-CEO Orangina Schweppes, Erik Girard ancien dirigeant d'Eiffage, Michel Portos, chef de cuisine deux fois étoilé et Arnaud Mourot dirigeant Ashoka, cette association qui soutient les entrepreneurs sociaux innovants, Arnaud Castagnède étant d'ailleurs un fellow Ashoka. "Nous voulions créer un lieu pour accueillir les entreprises traditionnelles, des entreprises qui s'engagent à former des jeunes issus des quartiers Nord de Marseille". C'est donc dans cet ancien Cloître, devenu entre temps unité d'hébergement d'urgence pour les Apprentis d'Auteuil que le concept va voir le jour, après la mobilisation de 3,5 M€ d'investissement, 1,5 M€ étant issu du FEDER, via la Région Sud, 2 M€ étant injectés par la Fondation des Apprentis d'Auteuil.

Faiseurs d'avenir

Aujourd'hui, le Cloître c'est 15 entreprises, autant "de structures qui interviennent auprès des jeunes. C'est comment créer des circuits courts entre les jeunes et les entreprises. Ici il n'y a pas de stigmatisation, on y trouve facilement sa place, dans un esprit de co-création. Nous voulons prouver qu'une entreprise peut intervenir positivement dans le parcours de formation d'un jeune", et même s'il trouve l'expression provocatrice, Arnaud Castagnède le revendique, "nous sommes des faiseurs d'avenir".

Des faiseurs d'avenir fortement attaché aussi à l'indépendance financière. "Nous ne bénéficions d'aucun argent public", souligne Arnaud Castagnède. Qui a aussi créé La Conciergerie Solidaire, "avec d'autres" insiste-t-il et avec le même état d'esprit. "Il faut certes un modèle économique mais pas au détriment du social". Evidemment, au Cloître, "on aimerait aller plus loin". Cela signifie par exemple, que le restaurant "Les Jardins du Cloître" puisse acquérir son autonomie en auto-production de produits frais.

De la fourche à la fourchette

Pour cela le projet d'acquisition de terres dédiées est en cours, pour passer "de la fourche à la fourchette". "Il n'est pas question de devenir le Che de la courgette", sourit Arnaud Castagnède, mais l'idée c'est aussi offrir l'opportunité à de jeunes agriculteurs de vivre de leur passion. D'ici deux ans, le souhait pourrait être devenu réalité. Entre temps, 300 m2 supplémentaires devraient être rénovés. L'installation de Mômatre, centre d'animations éducatives et culturelles pour enfants en octobre prochain, "contribue, par son offre artistique, à créer une vraie mixité sociale", se réjouit Arnaud Castagnède. Qui insiste encore. "Ce sont sur les jeunes générations qu'il faut miser. Ce sont eux les ambassadeurs". Le Cloître, "fruit de rencontres et de challenges" en est l'un des leviers.

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