SO.F.I.A Cosmétiques, la crise et ce soutien à l'export… qui n'existe pas

Le laboratoire spécialisé dans les produits cosmétiques et d'hygiène, basé à Carros, est majoritairement présent à l'export. Et c'est même sur le grand export que la PME assoit une grande part de son développement. Mis à mal par l’impossibilité – Covid-19 oblige – à aller prospecter de nouveaux marchés étrangers. Provoquant l’incompréhension de son PDG, qui dit ne pas comprendre pourquoi les PME exportatrices ne sont pas soutenues, ni financièrement, ni autrement. Heureusement, il y a l’industrie 4.0…
(Crédits : DR)

Aller à l'export qu'ils disaient. Il y a encore quelques mois, c'est bien le conseil avisé qui était souvent donné aux PME dynamiques : aller chercher ailleurs des relais de croissance, à l'international, sur des marchés complémentaires souvent. Cette stratégie, c'est celle de SO.F.I.A Cosmétiques. Une stratégie naturelle de par son activité, la cosmétique et l'hygiène. Et c'est d'ailleurs bien à l'international que la PME réalise la majeure part de son activité - à hauteur de 60 %, en étant présente dans 42 pays.

Mais voilà, la Covid-19 est passée par là et avec le virus, l'impossibilité d'effectuer des déplacements à l'étranger, d'aller chercher des relais de croissance sur de nouveaux marchés pour compléter ceux déjà obtenus. Un empêchement d'aller prospecter en rond qui n'est pas le premier cas du genre - même si avec le coronavirus l'ampleur est plus grande - il y a avait déjà eu l'embargo posé il y a deux ans avec l'Iran, lequel avait empêché les alliés des Américains à s'aventurer entreprenarialement sur ces terres.

Effet de pénalisation

L'impossibilité de déployer SO.F.I.A sur des marchés export ne fait forcément pas plaisir à son fondateur et dirigeant, Alexandre Dingas. « Les sociétés fortement exportatrices telles que la nôtre ne sont pas à la fête. Peu d'entre elles produisent sur le territoire des biens de consommation et exportent. En réalité, l'absence de vols, de communication aérienne, d'échange au grand international touchent énormément ces activités. Avec comme conséquence une forte pénalisation sur notre développement, car le portefeuille client ne peut pas se renouveler tout seul ».

Mais ce qui agace sans doute au moins autant Alexandre Dingas c'est l'absence d'aide et de soutien pour des PME moyennes, a contrario des grands groupes comme Pierre Fabre, L'Occitane ou Clarins, « qui sont très installées à l'export via des implantations locales ». Mais des PME, qui se déploient sur des marchés internationaux en s'appuyant sur un réseau de distributeurs, sont bien plus impactées, tout simplement parce que ces accords de business se nouent le plus souvent après moult échanges et rencontres « en vrai ». Cela est même très culturel dans certaines contrées, comme en Asie par exemple.

Pas de stratégie export « par Skype »

« Tous les ans, nous avions l'habitude d'organiser ces rencontres afin de renouveler nos liens et poursuivre notre croissance », raconte le PDG de la PME née en 1989, qui estime les conséquences à un -20 % que le manque « de carburant en face » engendre. « Nous ne réalisons pas une stratégie export par Skype », pointe le dirigeant qui déplore des aides axées sur le chômage partiel par exemple, mais quid, précisément, pour les entreprises exportatrices ? « La rupture des liaisons aériennes pénalise les PME à l'export. Nous aurions du avoir une aide spécifique. Et nous ne pouvons qu'attendre la fin de tout cela ».

De l'export, SO.F.I.A Cosmétiques, qui distribue deux marques, en fait pourtant mais se trouve empêchée dans son déploiement. « Lorsque on distribue une marque, on fait des séminaires, des présentations, des programmes d'initiations... Tout cela a été coupé net, on ne peut transmettre nos méthodes », déplore encore Alexandre Dingas, soulignant que les pays où la PME est présente sont eux aussi touchés par les conséquences du virus. « Nous exportons sur la valeur d'avant ». Frustrant.

« On rappelle à tout bout de champ que la balance commerciale est déficitaire et on nous coupe les ailes ».

Le 4.0 pour aller chercher de nouveaux marchés

Pour poursuivre sa croissance, SO.F.I.A Cosmétiques a investi sur un autre élément, pas des moindres : l'industrie 4.0. Il y deux ans, c'est Christophe François, directeur qualité et industrie, soucieux de moderniser le parc machine, qui s'intéresse au sujet. Contacte la Chambre de commerce et d'industrie Nice Côte d'Azur qui porte déjà ce sujet. « Nous avions l'opportunité d'être accompagnés dans l'évolution du parc machine, en même temps que sur la formation des salariés. C'était des sujets sur lesquels nous voulions avancer. Cela nous a donné une dynamique ». Voilà donc la PME azuréenne engagée dans le programme Parcours 4.0 que pilote la Région Sud. Depuis les ateliers 5S et lean manufacturing nourrissent l'entreprise et sa stratégie à venir. Comme sa structuration interne. « Nous avions beaucoup d'opérations manuelles, cela permet d'automatiser le parc machine. Nous essayons de faire du 5S un projet d'entreprise, nous permettant de nous positionner sur de nouveaux marchés », explique Christophe François. Désireux de montrer que l'image d'Epinal qui veut que l'industrie 4.0 soit le remplacement de l'homme par la machine est nulle et non avenue. « C'est caricatural », alors que cette nouvelle vision d'une industrie moderne et digitale vient parfaitement combler les manques de l'export contrarié. C'est ce qui s'appelle rebondir. Et être agile.

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