La Confiserie du Roy René entretient les filières d’approvisionnement… et l’innovation

Fabricant de calissons, l’entreprise centenaire, basée à Aix-en-Provence, remet à plat ses besoins et sa stratégie. Où il est question de soutien aux filières essentielles pour son activité, notamment l’amandier et la pistache, de recherche constante sur de nouveaux produits, sans négliger l’export, axe en demande de développement.
(Crédits : DR)

Si 2020 est une année particulière à bien des égards pour le monde entier, pour La Confiserie du Roy René, elle revêt un caractère encore plus spécial... 2020 c'est aussi l'année de ses 100 ans.Une date symbolique comme celles qui sont souvent l'occasion de remettre à plat des habitudes, d'identifier des axes de développement, d'amélioration... De peaufiner une stratégie.

Amandier et pistachier, agriculture raisonnée

Les calissons, ce sont ces confiseries provençales que la légende décrit comme ayant été dessinées pour reproduire la forme d'un sourire, faites notamment d'amandes douces broyées, de melon confit et d'écorce d'orange. Des matières premières que la PME puise en proximité. Mais des matières premières qui sont aussi des filières agricoles ayant besoin de soutien pour qu'elles perdurent, voire renaissent et grandissent. 
C'est notamment le cas pour l'amandier, qui a bénéficié il y a 5 ans d'un plan de relance, menée avec la Chambre Agricole régionale, réunissant les pépiniéristes, les transformateurs, les producteurs de plans avec l'objectif de planter 1 000 hectares en 5 ans. Objectif quasi atteint, puisqu'actuellement, plus de 600 hectares ont été réalisés. « Nous avons l'ambition d'atteindre 1 300 hectares replantés dans deux ans. La dynamique a vraiment pris », estime Laure Pierrisnard, la directrice générale de la PME rappelant que France Amande, l'association à vocation d'interprofessionalisation, a aussi apporté une pierre à l'édifice, même si l'approche est différente, plus à visée commerciale. « Nous n'avons pas la même façon de valoriser l'amande. Mais nous avons des objectifs communs pour redonner l'élan à la filière ».

La constitution d'un label équitable, qui permettrait de structurer la filière et l'approche, est en cours de réflexion. Et tout est bon pour renforcer la démarche, car « nous sommes encore loin de répondre à la demande française ».

Et la structuration « concerne l'ensemble du monde agricole ». Le choix a été fait de travailler en agriculture raisonnée, le bio exigeant un parcours long.

« Nous ne nous sommes pas arrêtés à cela. Fin 2018, nous nous sommes engagés dans la volonté de réintroduire le pistachier », dit Laure Pierrisnard. Ainsi est née l'association de la pistache en Provence et partenariats ont été noués avec les Chambres d'agriculture de Haute Provence et Vaucluse. « Aujourd'hui, nous importons des pistaches en provenance d'Espagne. Pour nous, il est essentiel de maîtriser la traçabilité, la filière courte », même si, pour l'heure, « nous sommes encore au début de l'histoire ». 30 hectares ont été plantés, la volonté portant sur 500 pistachiers de différentes variétés. « La pistache résiste bien au chaud et au froid », précise Laure Pierrisnard. Néanmoins, les bonnes volontés doivent faire avec un élément incompressible : le temps. Il faut minimum 4 ans pour l'amandier et 5 à 6 ans pour le pistachier, avant de pouvoir compter sur une culture conséquente.

Concernant le miel, soutien est apporté aux IGP de Provence. « Nous avons la volonté d'apporter un soutien supplémentaire », confirme Laure Pierrisnard.

Désucrer le calisson

Si revenir aux fondamentaux en recréant des filières d'approvisionnement est un axe que privilégie La Confiserie du Roy René, il en est un autre : l'innovation.

Culinaire forcément. Retravailler les saveurs, tenter des alliages originaux, sont un vecteur d'attractivité pour la marque. C'est avec Pierre Reboul que six nouvelles saveurs ont été concoctées, prévues pour être commercialisées début 2021. « Nous avons travaillé sur ces nouvelles saveurs avec l'idée d'être plus dans le fruit, de désucrer le produit pour être davantage dans la pâtisserie que dans la confiserie », confie Laure Pierrisnard.

Ce Calisson pâtissier - du nom de la gamme - sera commercialisé dans un coffret japonisant, à l'emballage « doux et épuré ».

Une autre façon de valoriser le calisson qui est un vecteur d'attractivité, voire d'internationalisation. Si les tentatives menées au Japon n'ont « pas abouti », si à Hong Kong, cela n'a pas été concluant, c'est vers l'Amérique du Nord et en Europe que La Confiserie du Roy René s'exporte. Des points de vente sont en effet positionnés à Montréal, en Autriche et en Belgique. Douze boutiques, en revanche, maillent le territoire hexagonal. La Confiserie, qui emploie 90 personnes et réalise un chiffre d'affaires de 13,9 M€ - produit 50 millions de calissons par an.

L'international, enjeu à potentiel

Mais la stratégie en la matière se mène en collectif. « Nous élargissons notre gamme avec l'arrivée de nouvelles compétences », indique Laure Pierrisnard. Dont celle de la Biscuiterie de Forcalquier ou la Confiserie de Banon, des « entreprises sœurs », - comprendre ayant comme point commun le multi-entrepreneur Olivier Baussan (aussi fondateur de l'Occitane NDLR) - avec lesquelles un catalogue commun a été établi pour élargir les cibles et la capacité à attirer. L'international - qui représente 5 % de l'activité de La Confiserie - « demeure un enjeu pour l'entreprise », reconnaît Laure Pierrisnard. Une directrice générale qui est aussi extrêmement active à la présidence de l'Union des fabricants des calissons d'Aix, dont l'un des objectifs est de créer une IGP. Un dossier devrait être fin prêt pour être déposé l'année prochaine. Un autre vecteur d'attractivité ?

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