Comment optimiser ses chances d’obtenir un Prêt Garanti par l’Etat

Levier principal à activer dans ces temps de tension économique et d'incertitudes, le PGE répond à des règles simples. Qu'il faut cependant correctement appréhender, condition sine qua non pour obtenir la réponse positive espérée, comme l'explique le co-fondateur et Président de Smart Entrepreneurs Partners.
(Crédits : DR)

A priori, les règles sont simples : l'Etat propose jusqu'au 31.12.2020 de garantir des prêts aux PME à hauteur de 90%. Ces prêts d'un montant maximum de 25% du chiffre d'affaires annuel de l'entreprise - l'équivalent de trois mois d'activité soit la durée envisagée du confinement - sont accessibles à quasiment l'ensemble des PME dans les mêmes conditions : un prêt de trésorerie sans intérêt [1] in fine de 12 mois et une possibilité d'amortissement sur 5 ans. Un dispositif spécifique est prévu pour les entreprises innovantes et les entreprises créées depuis le 1er Janvier 2019 avec un montant du prêt capé à deux fois la masse salariale annuelle hors cotisations patronales.

Là où cela se complique, c'est qu'il y a une confusion entre octroi automatique de la garantie de l'Etat et octroi automatique du prêt. Ce n'est bien évidemment pas la même chose !
Et si l'Etat a réuni une enveloppe de 300 milliards d'euros et sans doute réparti cette somme entre les grandes banques du pays, celles-ci sont libres de choisir à qui elles octroieront ce prêt. Comme cela a été écrit "il n'y a pas de droit au PGE".

Oui, mais...

Du coup, de nombreux dirigeants d'entreprise se sont vu tout simplement refuser le prêt ou proposer un prêt d'un montant bien inférieur au 25 % demandés, même avec une cotation Banque de France inférieure au 5+ qui avait été annoncée comme le sésame imparable pour obtenir le prêt.

Pourquoi ? C'est assez simple, le risque ! 10% de 3 milliards représentent tout de même un risque de perte de 300 millions pour une industrie financière qui n'est pas non plus épargnée par la crise et qui, dans un contexte macroéconomique très défavorable de taux bas, voit son coût du risque augmenter. Or le gouvernement a été clair, le PGE ne doit pas bénéficier de garantie additionnelle. Le banquier assumera donc seul le risque pris sur les 10% non couverts par la garantie d'Etat. A cela s'ajoute la contrainte mise sur les banques de répondre rapidement, « dans les cinq jours », aux entreprises. Une contrainte qui va entraîner bien souvent un élargissement des délégations aux chargés d'affaires et à leurs directeurs. Ces derniers devront, sans l'avis de leur Comité des engagements, prendre une décision qu'il faudra ensuite assumer.

Dans ces conditions, il est essentiel de revenir à des choses simples. Pour maximiser les chances d'obtenir son PGE, il faut impérativement monter un dossier qui à la fois facilite et rassure votre banque. Pour y arriver, nous proposons de rédiger une présentation en trois parties.

Plan structuré

Première partie : présenter votre société, ses produits, ses derniers résultats en rappelant ses comptes historiques. Vos banquiers vous connaissent, certes. Mais l'entreprise évolue, vous n'avez peut-être pas encore eu le temps de communiquer vos comptes 2019, vos derniers succès, vos projets. On n'est jamais suffisamment transparent, or, seule la transparence amène la confiance indispensable dans la relation avec ses banques.

Seconde partie : expliquer votre besoin. Si l'usage du PGE n'est pour l'instant pas encadré, celui-ci est censé répondre à un besoin de trésorerie directement lié à la crise. Il est donc fortement recommandé d'exprimer de la façon la plus claire l'impact de la crise sur votre entreprise, son organisation, ses revenus et ses finances et présenter un plan de trésorerie détaillé.

Troisième partie : ne pas oublier de montrer votre capacité de remboursement. Même le banquier le plus conciliant a besoin d'être rassuré sur la capacité de l'entreprise à faire face à ses engagements. Un business plan sur la durée du prêt intégrant l'ensemble de vos emprunts et montrant votre capacité à rembourser le prêt n'est pas un luxe, mais bien un élément incontournable à développer.

En conclusion, il y a de fortes chances que vous ayez besoin de ce prêt, sachant qu'il est possible d'obtenir un accord et de ne pas demander le décaissement des fonds immédiatement. Une sorte de d'assurance en cas de difficultés. Ce prêt sera facilement obtenu par les entreprises les plus solides.  Pour les autres, il faudra bien préparer sa demande pour mettre toutes les chances de son côté.

[1] Cette notion doit être comprise avec précaution. Si l'entreprise décide d'amortir le prêt sur une durée plus longue, les banques seront libres de fixer un autre taux d'intérêt. Le coût de la garantie de l'Etat augmentera pour les PME de 0,25% à 1% sur 5 ans et 2% pour les entreprises de plus de 250 salariés.

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