Le rôle clé du capital-investissement face à la crise

La France est confrontée à une crise économique historique qui ne ressemble à aucune des précédentes : pour la première fois de son histoire, l’humanité a décidé de mettre à l’arrêt la quasi-totalité de l’économie mondiale. Les conséquences du confinement commencent seulement à être chiffrées.
(Crédits : DR)

Le Fonds Monétaire International prévoit un effondrement du PIB de la zone euro allant jusqu'à 7,5% et une récession mondiale de 3% en 2020. L'Organisation mondiale du commerce estime, quant à elle, que les échanges commerciaux dans le monde pourraient s'effondrer de 32% en volume cette année dans le pire des scénarios. Il faut en effet s'attendre à une baisse à "deux chiffres" dans "presque toutes les régions" de la planète tandis qu'en Europe, les experts s'accordent à dire que la baisse des échanges pourrait atteindre plus de 30%.

Concernant la France, le PIB du deuxième trimestre connaîtra une baisse de 20 % après un premier trimestre déjà médiocre au cours duquel la croissance française a affiché un recul de 5,8 %.  Selon l'Institut National de la Statistique et des Études Économiques, il s'agit là de la plus importante récession depuis la création des comptes nationaux en 1948 (le plus mauvais taux de croissance connu par la France depuis 1945 avait été de -2,9 % en 2009 après la grande crise financière de 2008).

Or, la situation devrait encore s'aggraver car si le déconfinement a commencé le 11 mai dernier en France, l'économie ne redémarre que très lentement et son ralentissement pour l'année 2020 pourrait atteindre 14 %. Le déficit public de la France serait quant à lui d'environ 9% en 2020.

Les entreprises face à un mur de dettes de près de 2 000 Mds€

Face à cette situation, il faut saluer la réaction immédiate de l'Etat et avec des mesures de grande ampleur : près de 300 milliards d'euros de garantie pour des prêts accordés aux entreprises, prise en charge du chômage partiel et report (puis annulation partielle pour certains) du paiement des charges sociales et fiscales... du jamais vu dans l'histoire de l'économie !

Pourtant, si la trésorerie des entreprises a pu être ainsi préservée à court terme, le rythme de versement des prêts garantis par l'Etat (PGE) et les prêts sans marge octroyés par les banques ont encouragé l'édification d'un mur de dettes qui devrait atteindre pour les entreprises françaises 2 000 milliards d'euros à la rentrée 2020. Depuis son introduction fin mars, près de 500 000 entreprises ont obtenu un PGE pour un montant total proche de 100 milliards d'euros (dont 7,6 milliards d'euros avec plus de 50 000 dossiers pour la Région Sud), leur encours de dette ayant ainsi quasi doublé depuis la crise financière de 2008.

Les effets de ce surendettement risquent d'éclater au grand jour en sortie de crise et le pic des défaillances pourrait survenir, paradoxalement, lors du redémarrage de l'activité et non au cœur de la crise. En effet, c'est au moment où la demande se redressera que les besoins en fonds de roulement des entreprises rebondiront. Le report des charges sociales et fiscales, ainsi que d'autres postes comme les loyers et le remboursement des PGE pourraient ainsi devenir des « bombes à retardement ».

Pour celles qui auront réussi à traverser cette première étape, ce sera le moment d'investir pour financer la reprise et le développement (on parle d'une croissance du PIB 2021 à + 11%) alors même que leur capacité d'emprunt sera obérée, voire saturée.

Aussi, dans ce contexte de difficultés de capacité de financement, il est impératif de trouver des moyens pour aller au-delà de simples mesures de trésorerie et dégager des nouvelles marges de manœuvre afin de permettre l'investissement. Mais comment concilier alors objectif de réduction des dettes, capacité d'investissement et augmentation des performances des entreprises ?

Le capital développement apparaît comme la solution

Le capital investissement intervient tout au long de la vie d'une entreprise, lors de sa création, puis pour son développement et sa transmission.

Fin 2019, ce sont 8 000 entreprises françaises qui comptent parmi leurs actionnaires un investisseur professionnel, ces mêmes entreprises ayant des performances supérieures à la moyenne, en termes de croissance, de rentabilité, d'employabilité et de RSE.

Si les bénéfices de la présence d'un fonds d'investissement au capital « par temps calme » sont indéniables, c'est probablement dans la tempête que leur rôle devient encore plus important car les entreprises accompagnées par des fonds professionnels sont plus solides financièrement, plus agiles pour se réinventer, mieux organisées en termes de gouvernance et plus ouvertes aux opportunités.

Face au risque de liquidité et à la nécessité dans le même temps d'investir, le capital investissement apparaît donc comme une solution vitale pour certains pans de l'économie et pour les PME les plus impactées par la crise, car il apporte une ressource de financement stable et des compétences supplémentaires sans créer de dettes nouvelles. Certaines régions sont plus touchées que d'autres, et celles dont les activités sont essentiellement tournées vers le tourisme, le commerce international ou l'aéronautique auront plus de besoins que les autres.

Les chiffres 2019 viennent d'être communiqués par France Invest. Ce sont plus de
20 Md€ qui ont été levés en 2019 et 19,3 Md€ investis dans 2 300 entreprises. Pour la Région Sud, ce sont 480 M€ qui ont été investis dans 131 entreprises. Ces chiffres font de 2019 une année record et confirment la bonne santé du capital investissement.

Mais l'industrie du capital investissement veut aller plus loin : sous l'impulsion de France Invest qui regroupe les fonds d'investissement actifs en France, une nouvelle poche qui pourrait atteindre 6 Md€ serait levée pour être investie en quasi fonds propres dans plus de 2 000 PME et ETI, apportant ainsi la solution aux turbulences actuelles et permettant aussi de créer un Mittelsland français plus fort, proche de celui, si envié, de notre voisin outre-Rhin. Ce serait aussi l'occasion de tirer parti de cette crise, qui contient comme les précédentes, des dangers... et des opportunités.

Espérons qu'un tel dispositif, qui serait abondé par les assureurs, les régions, l'Europe, des fonds para-publics et des fonds d'investissement mandatés pour procéder aux investissements, voit le jour et soit effectif d'ici début octobre.

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