Comment Nice Côte d'Azur déploie sa smart attitude

Fière d'être reconnue comme quatrième "smart city" au monde, la Métropole sait que le choix de se penser intelligente et durable il y a dix ans était le bon. Encore plus désirable aux yeux des investisseurs, elle sait aussi que tout n'est pas gagné et qu'il y a, avant tout, une politique et des projets à essaimer.
Choisie fin 2016 avec sept autres territoires comme démonstrateurs par la Caisse des Dépôts (CDC), Nice se voit ainsi aiguillonnée. Surtout quand ledit soutien y participe comme c'est le cas ici, la CDC faisant partie des quatre groupements choisis pour l'un des projets du quartier Nice Méridia (ci-dessus).

Chaque année, le Mipim bruisse de la même agitation : quel projet sera dévoilé en exclusivité en direct du stand de la Métropole Nice Côte d'Azur ? Les années se suivent et se ressemblent : c'est sur l'un des plus courus salons de l'immobilier que la Métropole azuréenne fait régulièrement le buzz. Et si l'immobilier est le sujet du projet à chaque fois dévoilé devant un parterre de personnalités, c'est pourtant bien autre chose que « vend » la Métropole. Pas uniquement de la pierre, mais bien plus que ça : une philosophie.

Enfourchant tel un cavalier son fier destrier le sujet de la smart city voici une décennie, Christian Estrosi sait bien qu'il n'est plus le seul à revendiquer être une ville intelligente et durable, et que la concurrence s'étant accrue il est indispensable d'amplifier la caisse de résonance. De faire savoir. Si l'Éco-Vallée est chaque année la vedette du rendez-vous qui se tient à Cannes, c'est parce qu'elle se place comme une vitrine technologique. Une façon de dire qu'ici, la smart city, c'est du concret.

Laisser du temps aux entreprises

L'opération d'intérêt national Éco-Vallée, il la connaît bien, Christian Tordo, notamment pour avoir été le président de l'EPA et pour siéger au conseil d'administration. À ceux qui critiquent l'état d'avancement, celui qui est aussi adjoint délégué à l'économie, à l'emploi et à l'industrie de la Métropole a toujours répondu qu'il fallait laisser du temps au temps, celui permettant aux entreprises de s'emparer de l'opportunité qui leur était faite de venir tester ici ce qui peut se faire de mieux en matière de ville intelligente. Il le souligne, Nice a souvent été précurseur, avant « même que les solutions technologiques soient envisagées ». Comme la cabine Spot Mairie, qui a « dématérialisé » certains services administratifs dès 2013. Aujourd'hui, l'expérimentation menée avec la startup Civocracy veut aussi contribuer à ce temps d'avance.

« La smart city produit des effets à long terme qui vont influencer les relations du citoyen avec la gouvernance de la ville. Mais, à court terme, il y a des solutions pour améliorer l'expérience urbaine pour autant que l'on ne perde pas de vue que la technologie est l'outil », plaide Christian Tordo.

Autrement dit, déployer la smart city est une démarche volontariste. Qui mérite aussi parfois d'être encouragée et accompagnée. Choisie fin 2016 avec sept autres territoires comme démonstrateurs par la Caisse des Dépôts (CDC), Nice se voit ainsi aiguillonnée. Surtout quand ledit soutien y participe comme c'est le cas ici, la CDC faisant partie des quatre groupements choisis pour l'un des projets du quartier Nice Méridia.

Promotion à l'international

« La smart city est l'une des composantes de la promotion à l'international », insiste Cyril Dary, le directeur cleanTech & services au sein de Team Côte d'Azur, l'agence de promotion économique. Mais Nice Côte d'Azur est-elle déjà reconnue comme smart city ? « Indéniablement le territoire est connu comme une place forte du tourisme. Mais sa volonté de diversification commence à être repérée, surtout avec des projets tangibles tels Interflex et Flexgrid. » Si Confidex, spécialiste finlandais du smart ticketing et de la smart mobility a choisi d'installer sa division française à Nice, c'est bien pour les compétences que l'on y trouve, d'autant que « la France est devenue notre marché le plus important en matière de villes servies », explique Pierre Chadebech, vice-président des ventes et du marketing de la business unit Smart Mobility et installé à Nice depuis 2014. « Nice est une position centrale qui nous permet d'adresser notre marché français et d'être relié facilement au reste de l'Europe grâce à l'aéroport ». Cette « aura » niçoise se ressent aussi à Paris, assure Virginie Atlan, la directrice de la Maison de la Métropole Nice Côte d'Azur, qui avoue que l'image de Nice comme smart city n'est plus à prouver. Du côté de la chambre de commerce italienne, on est plus circonspect, la valeur « ville intelligente et durable » n'étant pas encore parvenue jusqu'aux voisins transalpins qui, il est vrai, bénéficient déjà du positionnement de villes telles que Milan et Turin en la matière. « Les startups italiennes pourraient s'intéresser à Nice (et en général à la France) pour exporter leurs idées, mais pour l'instant, cela reste très rare, peut-être à cause de manques de visibilité en Italie. Un rapprochement entre l'Italie et Nice sur ce sujet pourrait permettre d'échanger sur les "best practices" », dit son directeur Agostino Pesce. Tout n'est donc pas parfait pour la quatrième smart city mondiale. « La smart city n'est pas toujours là, elle nécessite bien plus que de la technologie », estime pour sa part Jean-François Carrasco, l'un des spécialistes azuréens du sujet reconnaissant par ailleurs que les expérimentations faites par Nice Côte d'Azur contribuent à lui conférer une bonne image, celle d'un territoire qui ose. Surtout, Nice peut se transformer encore davantage en terrain d'expérimentation, avec un président de Métropole également président de Région. Surtout que, comme le précise Jean-François Carrasco, Marseille et Nice sont « deux zones de vie et de travail qui ne sont pas mitoyennes. Avec cette échelle-là, pourquoi ne pas donner sa chance à des projets permettant de démonter les différents étages de la fusée et montrer l'interopérabilité. C'est du bon sens technologique. »

Des avantages compétitifs

L'échelle de la région, c'est exactement à cela que s'attèlent les opérations d'intérêt régional (OIR). Parmi les douze décidées par Christian Estrosi, l'une est évidemment dédiée à la smart city. Au pilotage, Françoise Bruneteaux, quatrième vice-­présidente déléguée à l'économie numérique (entre autres). Qui n'a pas peur de dire, contrairement aux autres OIR, que ce n'est pas avec un industriel que le tandem se fera, question de déontologie. C'est donc Frédéric Chevalier, le fondateur de The Camp qui a été choisi. « Les entreprises viennent, parce qu'il existe une filière. Le principe d'une OIR est le même que celui d'une OIN : c'est d'identifier où se trouvent nos avantages compétitifs majeurs. Afin ensuite de concentrer nos moyens. » Si le citoyen est la clé d'une smart city réussie - « c'est lui qui va décider de s'équiper ou pas » -, il fait également encourager « une commande publique de l'innovation ». Continuer à secouer le cocotier donc. De façon smart évidemment... 

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