La stratégie à deux axes de Planktovie

La start-up basée à Marseille valorise le plancton à deux fins : produire des solutions nutritives pour l’organisme de recherche que constitue le poisson zèbre, une activité à même de générer du CA et de permettre l’investissement dans des projets de R&D au long cours visant les applications biomédicales.

L'intérêt d'Olivier Detournay pour le plancton ne date pas d'hier. C'est lors de ses études de médecine à Bruxelles, pendant son doctorat, qu'il a pris connaissance de ses propriétés pour les applications biomédicales, notamment dans le cas des thérapies du cancer. Un objet de recherche dont il va se saisir... "J'ai affiné peu à peu le process, jusqu'à créer Planktovie en août 2016", avance-t-il. Une jeune startup implantée à Marseille, donc, se chargeant de la valorisation du plancton dans deux domaines précis. Elle l'exploite tout d'abord à vue de production du zooplancton, une solution nutritive pour le poisson zèbre, "et pour ce marché-là, il y a une forte demande". Il faut dire que cette activité s'inscrit en droite ligne dans le cadre des textes européens régissant l'exploitation animale, notamment dans celle de la règle des 3 R (raffiner, réduire, remplacer). Car le poisson zèbre, qui est un organisme modèle pour la recherche, peut évincer le mammifère, notamment la souris et le rat lors d'expérimentations. Ce positionnement éthique se double également d'un intérêt économique, puisque l'exploitation du poisson zèbre coûte 100 fois moins cher que celle d'une souris...

Evangéliser le marché

En toute logique, la cible de la start-up, c'est donc les acteurs de la recherche. Il peut s'agir de laboratoires privés (Planktovie tracte notamment avec les sociétés Roche et Servier) mais aussi du monde académique. Ce dernier représente 80 % du chiffre de la jeune pousse marseillaise, avec des clients tels que l'Inserm, le CNRS, l'Institut Pasteur, l'Institut Pierre et Marie Curie ou encore La Pitié-Salpêtrière. La première moitié de la clientèle est française, la seconde est basée dans le reste de l'Europe. "Nous comptons 51 clients sur les près de 600 laboratoires européens, ce qui fait 8 % du marché. Nous avons donc une belle marge de progression... et nous visons d'ici fin 2018 20 % de parts de marché et 120 clients". Planktovie ne se connaît pas de concurrents directs, seulement des indirects proposant des solutions nutritives autres pour les poissons zèbres, "celles-ci de moins bonne qualité. Pas tous les acteurs connaissent notre alternative". Le tout est donc d'évangéliser le marché... et de rendre compte du panel de produits proposés. Ils prennent diverses formes, puisqu'il est possible d'acheter le zooplancton en produit fini, mais aussi d'acquérir le matériel de culture afin de le transformer soi-même à partir de phytoplancton. Le modèle économique passe donc par la vente de ces produits et équipements, "mais aussi par des activités de consulting telles que la formation ou encore le design d'installation..."

Projet de phytobioréacteur

C'est donc cette première activité qui permet de générer du chiffre d'affaires, avec des résultats en progression chaque mois de 10 à 15 % depuis la création de la startup. De quoi non seulement pérenniser la structure, mais aussi permettre d'enclencher parallèlement des programmes de R&D plus ambitieux. Ils visent les applications biomédicales et la conception de médicaments à partir de planctons à haute valeur ajoutée, notamment pour combattre le cancer. "Il existe aussi une seconde possibilité d'application, ciblée celle-ci dans le domaine des bio-pesticides... ce qui est clé à l'heure du glyphosate". Ce projet passe par un partenariat avec les Universités de Nice et de Marseille. Il consiste en la conception d'un phytobioréacteur nommé soft mixer. Sans lames, il permettrait de produire certaines souches de microalgues particulièrement intéressantes pour le développement de médicaments. "Notre originalité, c'est que nous serons capables de sélectionner ces espèces de micro-algues à très haut potentiel, mais surtout aussi de les produire en masse". Le but de 2018 est donc de finaliser la preuve de concept, mais aussi de lancer une campagne de levée de fonds pour permettre à ce projet de passer la cadence supérieure.

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