Comment Qwant déploie sa stratégie globale

Le moteur de recherche basé à Paris, Nice et Ajaccio qui fait de la volonté de ne pas traquer les données une philosophie fondamentale, y va aussi de son coup de pouce aux startups. Une façon d'encourager l'innovation et d'ajouter des cordes à l'arc de celle qui vise le marché européen.
(Crédits : DR)

Avec son parti pris de ne pas collecter les données, Qwant a dès sa création - 2013 - choisit de faire différent. Près de quatre ans plus tard, le moteur de recherche qui revendique 52 millions de requêtes par mois poursuit la volonté de différenciation dans sa stratégie de déploiement. Alors qu'Eric Leandri suivait les pas d'Emmanuel Macron en Chine, annonçant l'installation de la startup au pays du Soleil Levant, du côté du CES, le logo multicolore de la Française était bel et bien visible.

Déjà, quoi de mieux que le Consumer Electronics Show pour donner une bonne dose de visibilité au David qui s'attaque au Goliath Google ? La présence à Las Vegas c'est aussi "une façon de pousser Qwant comme acteur établi auprès des institutionnels" dit Léonard Cox, le vice-président en charge des affaires publiques et de la RSE.

Accompagnateur de startups

Et puis surtout Qwant n'est pas venu seul, mais accompagné de startups. Une volonté de rendre ce qu'on lui a apporté, explique Léonard Cox. "Nous avons fait les précédents CES dans les bagages de la French Tech et de la Région Provence Alpes Côte d'Azur. Aujourd'hui, nous sommes partenaires de la Région Sud et reproduisons en quelque sorte le modèle d'accompagnement". Les startups - 9 au total dont outre Myxyty, 3 dans la santé, une dans la musique (Qwant Music) et une dans le paiement et service dématérialisé - ont toutes au moins une particularité en commun : celle de posséder les mêmes valeurs que l'entreprise française, autrement dit, le respect de la non-collecte des données.

De fait, le respect du caractère privé de la data est un sujet qui prend de l'ampleur - venu d'une bonne part de prise de conscience "collective" - et comme le souligne Léonard Cox, "il faut pousser des solutions alternatives", à celles existantes.

Le CES est par ailleurs une façon de montrer que "derrière la technologie, existe un travail de recherche qui permet de développer des produits liés aux usages". C'est par exemple ce que promet Qwant Music, qui a indexé les catalogues musicaux mondiaux pour faire "remonter" paroles et musiques originales. Demain - c'est-à-dire 2018 - le focus et la volonté d'Eric Leandri, son PDG, se porteront vers la vidéo.

Mais la technologie de Qwant adresse aussi la cybersécurité. L'entreprise française a contribué à Yeswehack, un bug bounty traquant les failles existantes, créé par Guillaume Vassault-Houlière, directeur de la sécurité chez... Qwant. "Outre un lien capitalistique qui nous unit, nous l'accompagnons", précise Léonard Cox.

Autre "application" de ce que permet Qwant, le partenariat avec la Ville de Milan et Eutelsat permet de livrer à la cité lombarde des bases de données anonymisées.

Le monde mais l'Europe d'abord

"La présence d'Eric Leandri en Chine montre la volonté d'internationalisation de Qwant", souligne Léonard Cox, "même si notre priorité demeure le marché européen". Avec dans le viseur, représenter 5 à 10 % de ce marché en 2020.

Qwant qui n'est pas présent qu'en Chine mais bien en Europe, avec deux filiales, l'une en Italie, à Milan, "où nous travaillons avec Wiko (la marque de téléphonie née à Marseille NDLR)" et l'autre à Berlin, en Allemagne. Qwant qui prend du poids aussi grâce à la croissance externe. La reprise en novembre dernier à la barre du tribunal de commerce d'Epinal de Xilopix et de ses 27 salariés, créatrice du moteur de recherche Xaphir qui se base sur l'exploration visuelle des contenus, ajoute de nouvelles compétences.

Une prise de poids qui se fait remarquer dans l'effectif : de 60 salariés en 2017, il culmine actuellement à 147 personnes. "Nous avons une politique d'emplois dans les territoires, multi-sites" détaille Léonard Cox, le moteur de recherche étant présent à Nice, Rouen, Ajaccio, Epinal et Paris.

Qwant - dont le capital est détenu à 50 % par les deux fondateurs, à 30 % par la CDC, à 20 % par Axel Springer, les 10 % restants étant divers actionnaires - cumule 45 M€ de levée de fonds depuis sa création, avec notamment la BEI en soutien. "Nous investissons dans nos infrastructures. La promesse de la privacy et de la neutralité est tenue. Demain nous allons gagner en puissance et en qualité", notamment grâce au laboratoire Smart Search et Privacy développé avec l'INRIA. Et clairement "la volonté est de pousser sur l'IA".

Qwant, qui ne communique par sur le chiffre d'affaires, prévoit d'être à l'équilibre en 2018.

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Commentaire 1
à écrit le 01/02/2018 à 22:41
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Et au final, quel est le C.A. de Qwant ?

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