Pourquoi Green Minded ne mégote pas avec la cigarette

La startup créée à Marseille est mère du premier cendrier connecté, actuellement en prototypage. Une solution intelligente propre à collecter déchets et data qu’elle destine à deux cibles : le monde de l’entreprise et les collectivités.
(Crédits : Reuters/Christian Hartmann)

Il contient près de 4 000 substances nocives et pollue terre et mer, constituant ainsi le troisième déchet le plus mortel pour la biodiversité marine... Il représente aussi un véritable enjeu économique pour les collectivités. A titre d'illustration, la ville de Paris consacre près de 5 000 euros par jour à son ramassage. Cette chose infime par la taille, qui ne met pas moins de 15 ans à se dégrader, c'est le mégot de cigarette. Et le constat lié à ses méfaits a sensibilisé Alice Comble, bien décidée à proposer une solution à même de contribuer à cette problématique d'ordre écologique. Une solution conçue par son entreprise, Green Minded, qui porte un nom : la Borne to recycle.

 Au sein de cette startup, on pense donc vert...  et cela passe par la conception d'une borne de collecte et de recyclage de ces fameux mégots, actuellement en cours de prototypage.  En un mot, il s'agit du "premier cendrier intelligent au monde", explique la jeune dirigeante. "Nous avons voulu rendre cette solution ludique en l'associant à un système de gamification. Sur chaque borne, composée de deux compartiments, sera posée une question, entraînant une réponse binaire. Selon sa réponse, le fumeur jettera son mégot dans l'un ou l'autre de ces compartiments. Nous conjuguons donc deux collectes, les déchets et les données... Par ce biais, nous valorisons aussi le geste de recycler. Ce système permet aux personnes de cumuler des points, via une cagnotte sur application mobile. Elle sera redistribuée sous forme d'argent à des associations luttant pour l'environnement ou contre le tabac, au choix des utilisateurs".

Partenariat avec Véolia

Bien... mais que faire des mégots après cela ? Car pour l'heure, ils finissent généralement sous le coup de l'enfouissement ou de l'incinération, ce qui, une nouvelle fois, n'impacte pas positivement la planète. "Il commence à se créer une filière de valorisation sur le sol français. Une jeune entreprise du nom de MéGO a vu le jour l'an dernier en Bretagne, elle recycle ces déchets en compost urbain pour le papier et le tabac, et en plastique pour les filtres. Plastique transformé en mobilier urbain". MéGO constituera le partenaire de Green Minded pour l'aspect revalorisation... Mais en attendant d'affréter de grandes quantités de mégots à direction de la Bretagne, il est surtout question aujourd'hui de finaliser les deux prototypes de borne, actuellement en phase de test et d'affinage. Un travail qui devrait permettre d'aboutir fin 2018 à une version finale du cendrier intelligent. La commercialisation débutera donc début 2019, en ciblant les collectivités et le privé. Mais le monde économique marque d'ores et déjà de son intérêt cette nouvelle solution connectée : "nous avons enregistré des bons de commande pour une vingtaine de bornes de la part d'entreprises. Pour ce qui est du public, notre stratégie est de passer par de grands groupes, à l'instar de Véolia, qui répond à un marché public sur la ville de Lille. Il nous implique donc dans cet appel d'offres". Green Minded équiperait donc la ville du Nord en cendriers intelligents, aux abords des gares, métros, bibliothèques... bref, sur les nombreux points de rassemblement que peut compter un territoire. Sans doute une belle carte de visite, une porte ouverte vers la conquête d'autres collectivités...

Quel business model ?

... Et de premières sources de revenus donc, puisqu'en termes de modèle économique, Green Minded vivra de la location de ses bornes, dont elle reste propriétaire. Mais tout comme le cendrier connecté à venir, le business model aussi est en cours d'affinage : "il n'y a pas d'écotaxe pour la valorisation des mégots, nous devons payer de nos deniers pour les faire recycler. Les tests que nous sommes en train de réaliser en ce moment nous permettent donc aussi de connaître la quantité de déchets qu'il va falloir recycler, sachant que plus il y a de volume, plus cela nous coûtera cher. En fonction des résultats de ces essais, nous reporterons le coût de cette valorisation dans le tarif de location de la borne". A voir, donc. Mais ce qui est sûr, c'est que la jeune entreprise marseillaise s'offre d'ores et déjà un boulevard dans un pays qui, contrairement à ses homologues anglo-saxons, a tout à faire en termes de traitement de ce déchet.

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.