Quand Timo rend accessible le non-verbal aux malvoyants

La jeune pousse née à Nice a décroché un partenariat avec Microsoft Azure et conçu un premier prototype de son traducteur d’émotions digital.
(Crédits : DR)

Difficile d'adapter son discours en fonction des réactions de son interlocuteur lorsqu'on souffre de handicap visuel et que l'on ne peut de fait décoder la partie non-verbale de la communication. C'est à la faveur de ce constat que l'idée a germé dans l'esprit de l'UX Designer Maeva Cecchi : pourquoi ne pas concevoir un traducteur émotionnel digital à même d'analyser les expressions du visage, et notamment les signaux renvoyés par les personnes réceptrices de l'information... Car c'est toujours utile de constater que celui qui est sensé écouter a les yeux rivés sur son smartphone... pour ne citer qu'un cas de figure, bien dans l'air du temps.  Ce projet, il est développé aujourd'hui au sein d'une toute jeune pousse du nom de Timo. "En novembre dernier, j'ai participé au Hackathon  "Hack for women 06". Notre équipe, comprenant cinq personnes en tout, à savoir trois développeurs, un business/marketing et un UX designer portant le projet s'est constitué à cette occasion. Nous y avons remporté deux prix... et notre coach, qui travaille par ailleurs pour la plateforme Microsoft Azure, nous a conseillé d'y déposer un dossier", raconte Maeva Cecchi. Chose faite dans la foulée, après avoir conçu en une quinzaine de jours leur site internet. "Microsoft Azure n'a pas mis plus de deux semaines pour nous donner une réponse positive. Nous sommes fiers de ce partenariat, nous disposons avec eux d'une véritable assise en matière de R&D". Timo devrait intégrer par ailleurs un incubateur mi 2018 afin d'être suivi dans les aspects plus administratifs, peaufiner le business model tout en poursuivant dans leurs avancées technologiques.

Une approche biface

Car à présent, on en est là : la recherche et le développement. Pour l'heure, une première solution entièrement logicielle, couplant reconnaissance faciale et algorithmes d'interprétation, a d'ores et déjà vu le jour. Elle repose sur une application smartphone, tablette et web utilisant la caméra du matériel sur laquelle elle est installée. "Nous sommes en contact avec une association de personnes malvoyantes auprès desquelles nous avons mené des interviews utilisateurs et leur avons présenté notre prototype, puisque notre démarche est centrée avant tout sur les valeurs humaines". Mais les cinq collaborateurs de Timo cheminent aussi vers l'IoT et travaillent à la mise au point d'un produit qui permettrait de s'affranchir, pour les particuliers, de la contrainte d'un téléphone ou d'une tablette d'ancienne génération. "Pour cela, nous travaillons sur un produit portable, doté d'une caméra, permettant à l'utilisateur d'accéder aux mêmes fonctionnalités qu'avec l'application mais grâce à un objet discret". Cependant l'approche de la jeune pousse se veut biface, puisque la première source de revenus, ce sera le monde de l'entreprise. Les dirigeants, "dont la problématique repose essentiellement sur un coût et une intégration de nos solutions dans leurs outils de travail existants", se verront pour leur part proposer à terme des fonctionnalités plus avancées. Il s'agirait de plug-ins dédiés à des solutions de type Skype, afin de rendre plus aisée la communication, notamment lors de visioconférences, aux collaborateurs en situation de handicap visuel. Plug-ins actuellement en cours de développement, eux aussi. "En termes de revenus, nous adresserions les professionnels sur un modèle d'abonnement".

Export et machine learning

Il y a sans conteste un marché : on ne dénombre pas moins de 250 millions de personnes en situation de handicap visuel dans le monde. Selon certaines estimations, elles seraient 700 millions en 2050... Or, Timo compte bien ne pas se limiter à l'Hexagone et conquérir l'international. Avant de prendre en compte les aspects liés à la commercialisation hors des frontières, cela impliquera d'aller encore plus loin dans la technologie. Outre les six émotions universelles, les capacités de traduction de Timo devront s'adapter aux spécificités culturelles de chaque territoire. "Mais pas seulement, puisque d'une personne à l'autre aussi, on ne manifeste pas forcément ses émotions par les mêmes expressions". L'équipe de Timo envisage donc à terme de persévérer dans la voie du machine learning afin de permettre au système de gagner en intelligence et d'adapter encore plus finement ses interprétations selon l'utilisateur.

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