Comment Buyco révolutionne le monde du shipping

La startup implantée à Marseille entend dépoussiérer les process quasi-séculaires relatifs au shipping et faire entrer de plain pied le segment du trafic conteneurisé dans l’ère du digital. Sa solution : une plateforme offrant la possibilité d’un document de transport unique on-line.
(Crédits : Reuters)

Un chiffre et un seul suffit à démontrer la valeur ajoutée de Buyco, plateforme digitalisée offrant à l'ensemble des acteurs de la supply chain la possibilité de disposer d'un document de transport unique on-line : 200. C'est en effet le nombre de mails, pour un seul dossier de transport basique, circulant généralement entre les professionnels concernés. "Et encore, quand tout se passe bien ! Lorsqu'il y a complication, par exemple en cas de retard de l'usine, il faut recaler toute la chaîne logistique. Ce qui représente entre 80 et 150 mails supplémentaires. Le shipping reste de fait un milieu très compliqué... et opaque", explique Carl Lauron, fondateur de Buyco et vice-président innovation chez CMA CGM. Il faut dire, chaque opérateur intervenant sur ce dossier de transport - on en compte près d'une dizaine - compose habituellement avec sa propre chaîne informatique. Ainsi, près de 70 % de l'information relative à la supply chain se situe hors d'accès commun. Comment aller chercher et rendre visible cette data ? C'est donc la vocation de la plateforme  imaginée par Carl Lauron. "Outre la visibilité, elle compte trois autres avantages : elle permet d'être réactive face aux aléas, offre un cadre de travail carré et structuré à ses utilisateurs. Enfin, la data résultant de ces échanges est analysée, nos clients peuvent ainsi gérer leur supply chain avec plus de précision". Tout cela en proposant diverses fonctionnalités : demande de devis, booking, assurances, gestion des documents, suivi de la marchandise...

Le freight forwarding, un marché de 700 Mds de dollars

Si l'aventure Buyco a démarré voilà près de trois ans, la solution digitale, quant à elle, a été lancée officiellement auprès de ses clients il y a 9 mois. Ses cibles : les freight forwarders ou transitaires, mais aussi les clients finaux, importateurs et exportateurs. "Nous visons 250 clients importateurs/exportateurs d'ici quatre ans, nous nous situons aujourd'hui au-delà de nos objectifs en nombre, mais aussi en taille. Nous pensions au départ que nous intéresserions surtout les petites entreprises. Dans les faits, les grosses structures aussi viennent nous chercher. Elles sont mieux équipées, pour autant nous leur apportons un plus, une capacité de reporting dont elles ne disposent pas en interne". Parmi ces "gros", on compte notamment avec le spécialiste de l'alumine Altéo, chargeant "plus de 5000 conteneurs par an". Ou encore avec le groupe agroalimentaire Soufflet, dont l'activité représente 50000 EVP à l'année. Car pour l'heure, la solution digitale est exclusivement dédiée au trafic conteneurisé. "Il y a déjà beaucoup à faire sur ce segment, il représente une bonne partie des flux de transport". A savoir que le marché du freight forwarding, c'est "700 milliards de dollars. Il connaît chaque année une croissance entre 5 et 10 %".

Bureaux internationaux en 2019

Des perspectives qui riment ainsi avec ambitions : "nous visons les 20 à 40 millions d'euros de chiffre d'affaires d'ici 3 à 4 ans". Et parallèlement, un effectif d'une centaine de collaborateurs, la startup en comptant déjà 15 aujourd'hui. Pour atteindre ces objectifs, Buyco mise tout d'abord sur un modèle économique à double détente. "Il y a tout d'abord l'abonnement à la solution, qui peut varier de 500 à 1000 euros par mois et par site client, sachant qu'un client possède entre 2 et 10 sites. Autre source de revenu, celle relative à chaque transaction, dégressive en fonction des volumes, soit quelques euros du conteneur". Croissance rimera aussi avec déploiement et donc implantation, en 2019, de bureaux aux Etats-Unis et dans l'incontournable empire du milieu. Histoire de rester réactif quel que soit le fuseau horaire. "La Chine offre un gros potentiel, il reste le premier pays exportateur au monde. Les Chinois commencent à sous-traiter une partie de leurs process aux pays qui leur sont limitrophes, de fait le marché inter-Asie se pose comme le numéro un aujourd'hui". Enfin, à plus long terme, Carl Lauron pense aussi miser sur de nouveaux leviers de croissance, puisque l'infrastructure informatique de Buyco pourrait d'ores et déjà se prêter à d'autres segments de marché, tels les vraquiers, le ro-ro ou l'aérien.

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