Séverine Herlin : "La compréhension de l'innovation dans les grands groupes a évolué"

Le rapprochement entre les grandes entreprises et les startups est presque devenu incontournable. De fait, les rapports entre l'unes et l'autres se sont transformés. Pour des raisons de business évidemment mais pas seulement, explique la dirigeante de Vianeo, cabinet spécialisé dans l'accès au marché des entreprises innovantes, installé à Sophia-Antipolis.

La Tribune - L'open innovation n'a pas toujours été, de la part des grands groupes, une démarche naturelle...

Séverin Herlin - Les grands groupes ont pris conscience qu'ils devaient s'ouvrir à l'extérieur pour mieux s'ouvrir à ce qui est nouveau. Pour eux, il y a 20 ans, l'innovation était le fait d'une personne à la Steve Jobs. Petit à petit, ils ont mis en place de quoi faire émerger des idées, de la créativité, de l'idéation. Ce qui émerge de l'innovation agit un peu comme un virus, en se propageant et en provoquant des changements. Il y a de l'incertitude, l'attente du ROI. Tout cela est contraire à la façon de fonctionner des grands groupes.

La relation s'est structurée au fil du temps

Il y a 5 ans, l'open innovation venait de l'extérieur, c'est la startup qui venait bouleverser l'interne des grandes entreprises. Depuis, nombre de grands groupes intègrent cette capacité à modifier leur changement. Aujourd'hui, l'open innovation est un mouvement qui va de l'intérieur vers l'extérieur.

Le rapport avec les startups s'est ainsi "normalisé" ?

Nous sommes dans une phase de professionnalisation de l'open innovation. Le grand groupe a pris conscience qu'il faut travailler avec la startup. Cela tire d'ailleurs leur relation vers le haut. Mais a contrario désormais, si les startups veulent intéresser un grand compte, elles ont tout intérêt à être professionnelles dans leur approche. Sinon, la startup "inspirera" le grand groupe, qui fera tout seul. Le grand groupe ne veut plus dépendre de celui qui apporte l'innovation, il veut aussi comprendre comment y aller.

L'open innovation modifie donc aussi le comportement des startups ?

Généralement, lorsque la startup démarche un grand groupe elle est en pleine R&D. Une startup ça a besoin de muscle, de chair pour être utilisable par le grand groupe. La startup elle-même doit-être capable d'aller au-delà de cette R&D. C'est une question de pilotage et de compréhension. Le grand groupe veut du résultat. Tout l'enjeu est que les deux se trouvent l'un dans une phase de développement, dans une phase de support à la R&D et l'autre dans une phase de développement commercial.

L'approche de l'innovation est-elle pour autant la même côté entreprise innovante et grande entreprise ?

La startup raisonne la plupart du temps en terme de solutions quand le grand groupe, est tenté de raisonner en terme de problème à résoudre. Il faut partir de la problématique pour trouver la bonne solution qui s'adapte. Mais celle-ci n'est pas forcément plug-and-play. Ce qui demande des ajustements entre l'innovation et son adaptation à la réalité. Et il ne faut pas oublier que l'innovation n'est pas l'apanage... du service innovation.

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