MonkeyDoc, l’appli qui veut améliorer la communication entre professionnels de santé

C'est parce qu'il constate une difficile communication entre médecins que le chirurgien Guilhem Seban lance en 2017 à Marseille une plateforme de partage d’information médicale à destination des professionnels de santé.
(Crédits : DR)

Alors qu'il exerce le métier de chirurgien vasculaire, Guilhem Seban est confronté à d'importants frais liés à la gestion du courrier. Une gestion d'autant plus complexe pour ce médecin qui travaille au sein de plusieurs établissements.

Pour pallier ces difficultés, il crée une application pour son usage personnel et celui d'une trentaine de confrères testeurs. L'application permet de partager les dossiers de patients ou de communiquer en direct avec son secrétariat médical. Elle est également dotée d'une messagerie et d'un annuaire, le tout stocké sur un serveur agréé HADS, c'est-à-dire par le Ministère de la santé. En 2017, il lance l'entreprise MonkeyDoc dont l'objectif est de commercialiser cette application. S'il se lance dans cette aventure, c'est aussi parce qu'il juge la concurrence relativement faible sur ce marché.

En effet, il existe beaucoup de logiciels permettant de partager des données entre professionnels de santé, mais très peu d'applications : « Nous avons trois ou quatre concurrents au niveau mondial », avance Guilhem Seban. Il espère se distinguer grâce à la simplicité d'utilisation de l'outil et au faible coût pour l'utilisateur.

Par ailleurs, le Ministère de la santé avait lancé il y a quelques années le Dossier médical partagé (DMP) censé lui aussi mettre en commun les informations des patients sur une plateforme commune. Mais, selon le chirurgien "ça ne marche pas". Principales difficultés selon lui : "le DMP est créé et développé par le patient" et "le médecin y a accès grâce à sa carte professionnelle de santé". Or, selon un rapport de la Cour des comptes de 2013, seuls 18 % des médecins hospitaliers l'utilisent.

Un modèle freemium

Si aujourd'hui, la centaine de professionnels de santé qui ont recours à l'application le fait gratuitement, l'objectif est à terme de proposer un modèle freemium. "Il y aurait une version gratuite, une offre payante de base et une autre en premium". Cette dernière pourrait coûter en moyenne 40 euros, "c'est une somme modique pour un médecin au vu de ses frais de fonctionnement", affirme le fondateur de MonkeyDoc.

Mais pour entrer dans cette phase de commercialisation, il faut financer le coût de stockage des données ainsi que les dépenses marketing qui permettront d'atteindre l'objectif de 100 000 utilisateurs en France, en Europe et en Afrique du Nord. Pour cela, l'entreprise devrait prochainement lancer une opération de crowdfunding. "C'est un mode de financement qui intéresse énormément les professionnels de santé puisque les donateurs pourront en contrepartie profiter de l'application gratuitement". Objectif de l'opération : lever au minimum 300 000 euros, 600 000 euros dans le meilleur des cas, ce qui permettra de mettre en place "MonkeyDoc 1".

Devenir une plateforme internationale de réception d'objets connectés

Une fois ce premier cap franchi, l'entreprise espère entrer dans une nouvelle phase de son développement : "MonkeyDoc 2". Il s'agira alors d'ajouter de nouvelles fonctionnalités au produit, moyennant d'importants coûts qui pourront être couverts par les abonnements et par une éventuelle seconde levée de fonds. Parmi les nouveautés envisagées : faire de l'application "une plateforme de réception d'objets connectés de santé", ce qui n'existe pas en dehors d'Apple, les données des objets connectés étant stockées sur le serveur de leurs fabricants.

L'application aurait également une vocation internationale en proposant un annuaire mondial de professionnels de santé. "Actuellement, si vous cherchez un médecin dans un pays, il n'y a rien". L'avantage pour les médecins : une visibilité à l'international.

En plus de financements, ces projets ont besoin de partenariats nouveaux. C'est pour cette raison que MonkeyDoc a rejoint il y a quelques mois le pôle Eurobiomed. "Nous sommes ouverts à tous les partenariats", explique le chirurgien, "des réseaux de soin, des hôpitaux et cliniques qui veulent développer cet outil de communication pour leur personnel, des start-ups qui développent des objets connectés, et plus largement l'industrie de la santé".

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