Bioceanor, l’aquaculture et le numérique

Spécialisée dans les systèmes de mesure de la qualité de l’eau de mer, la jeune pousse basée à Sophia-Antipolis développe à destination des fermes aquacoles une station météo sous-marine aux capacités prédictives actuellement expérimentée dans la baie de la Seyne-sur-Mer.
(Crédits : DR)

C'est une station météo sous-marine bardée de capteurs, autonome en énergie et connectée au réseau LoRa. Fixée en mars dernier sur deux exploitations aquacoles de la baie du Lazaret, Les Perles de Tamaris et la ferme piscicole Cachalot à la Seyne-sur-Mer, elle mesure depuis divers paramètres clefs de la qualité de l'eau dans laquelle sont élevés des huitres, pour la première, des loups et daurades, pour la seconde. Un troisième dispositif équipera la ferme sous serre Spirulina Côte d'Azur, installée à Châteauneuf de Grasse, spécialisée dans la culture de la spiruline, cette microalgue utilisée comme complément alimentaire et très appréciée des sportifs. "C'est un produit qui nécessite une température de l'eau constante et donc une maîtrise précise de ce paramètre", explique Samuel Dupont, co-fondateur avec sa femme Charlotte, de la start-up sophipolitaine Bioceanor. Créée en janvier 2018, elle développe et commercialise des systèmes de surveillance connectés de la qualité de l'eau. Lesquels peuvent mesurer en simultané et en temps réel cinq à huit paramètres physico-chimiques, comme la température, la salinité, la turbidité, l'oxygène dissous ou encore les polluants tels l'ammonium et le nitrate.

Big data et machine learning

Tous deux titulaires d'un doctorat en microbiologie marine, Samuel et Charlotte Dupont travaillent sur le sujet depuis deux ans, convaincus qu'une maîtrise plus poussée de la qualité de l'eau à travers la récolte automatique de données récurrentes facilitera la gestion des exploitations et permettra aux aquaculteurs de gagner en productivité. "Ces fermes aquacoles sont soumises à un environnement marin fluctuant, parfois défavorable, ce qui peut impacter la production", reprend le dirigeant. Lequel, en s'appuyant sur le big data et le machine learning, travaille au développement d'un algorithme capable d'interpréter l'ensemble des données mesurées pour dégager des tendances prédictives à 24-48 heures.

Visées internationales

Ces dispositifs sont principalement destinés au marché de l'aquaculture "au sens large" qui, selon l'Organisation des Nations unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO), représente plus de la moitié des produits de la mer consommés dans le monde. La France, avec environ 3 500 fermes aquacoles et une production d'un peu plus de 200 000 tonnes par an, se classe deuxième des pays producteurs de l'Union Européenne (Insee 2014), laquelle pèse toutefois moins de 3 % de la production mondiale dominée par l'Asie et, dans une moindre mesure, l'Amérique du Sud. Dès lors, si Bioceanor entend certes creuser son sillon en France, en commençant par la présentation de ses solutions dès la rentrée 2018 à Montpellier (Salon Aqua) et Vannes (Salon de la Conchyliculture et des cultures marines), elle envisage de se structurer commercialement pour aborder l'export à l'horizon 2020. A cet égard, une levée de fonds d'un montant de 250 à 300 000 € est en préparation.

La surveillance environnementale aussi

En attendant, c'est à Moorea, en Polynésie Française, que la jeune pousse installera en novembre ses trois premiers dispositifs commercialisés auprès du Centre de Recherches Insulaires et d'Observation de l'Environnement (Criobe). "Ils prennent la forme d'une bouée connectée développée en partenariat avec les entreprises azuréennes EasyGlobalMarket et AquaModule, et permettront d'acquérir toutes les 20 minutes un certain nombre de données afin de surveiller les coraux", détaille Samuel Dupont. Car Bioceanor ne se limite pas au seul marché de l'aquaculture. Elle vise aussi celui de la surveillance environnementale tout comme celle des eaux de baignade. L'entreprise, qui emploie 4 personnes, vise un premier chiffre d'affaires de 200 000 €.

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