Comment Genoscience veut devenir "une petite pharma" spécialisée en oncologie

Située à Marseille, la société qui développe des médicaments contre le cancer a lancé cette année son premier essai clinique. S’il s’avère réussi, l'entreprise pourrait entamer de nouveaux projets, à savoir élargir sa gamme de médicaments et se lancer dans leur commercialisation.

Lorsque Philippe Halfon créé en 2001 Genoscience, l'objectif est de développer des médicaments en virologie, notamment contre l'hépatite C. "Puis au fur et à mesure, nous avons découvert que nos molécules avaient des propriétés anti-tumorales". C'est ainsi que, onze ans plus, l'entreprise se spécialise en oncologie.

La principale molécule développée par l'entreprise s'appelle GNS561 et agit selon un mécanisme original. En fait, les cellules cancéreuses ont, plus que les autres, besoin de zinc. Le métal y est donc plus présent que dans les autres cellules. La molécule procède en une déplétion du zinc, c'est-à-dire qu'elle en réduit la quantité, ce qui inhibe la croissance des tumeurs.

L'heure des essais cliniques

Si la molécule a été pensée contre les cancers digestifs, elle est pour l'instant entrée (en avril 2018) en phase d'essai clinique dans le cas du cancer du foie, le cinquième plus répandu dans le monde, deuxième cause des décès par cancer. Car "il n'y a pas de bon traitement", souligne Philippe Halfon, "ceux qui existent n'offrent qu'un gain de survie de 3 mois".

Alors l'ambition "c'est de faire mieux et d'obtenir, dans un premier temps, 6 à 7 mois de survie" en seconde ligne de traitement, c'est-à-dire en second recours, lorsque la chimiothérapie n'a pas fonctionné. "Mais l'idée, à terme, c'est de passer en première ligne et de devenir le traitement de référence de la maladie". Pour cela, il faut que les essais cliniques, lancés dans cinq centres hospitaliers européens et américains, fonctionnent.

Alors que ces essais se font par le biais d'une Organisation de recherche clinique (CRO), Genoscience est à la recherche d'un partenaire en Asie à qui il donnerait une licence pour faire des essais sur place, en tenant compte du cadre réglementaire et de la culture propre à cette région du monde. Pourquoi l'Asie ? "Parce que la majorité des patients atteints de cancer du foie s'y trouvent. Cela s'explique par le nombre important de personnes qui ont été contaminées par l'hépatite B, mais aussi par des causes encore inconnues".

Objectif : "devenir une petite pharma"

Les résultats des essais devraient être connus fin 2018, début 2019. S'ils sont bons, ils marqueraient le début d'une phase de développement de l'entreprise dont l'ambition est de "devenir une petite pharma" en région Provence Alpes Côte d'Azur, où les autres entreprises pharmaceutiques spécialisées en oncologie développent plutôt de l'immunothérapie, à l'instar d'Innate Pharma. "Nous sommes complémentaires", souligne le professeur Halfon.

Pour ce, en plus de développer sa gamme de médicaments "follow-up", c'est-à-dire basés sur la même molécule mais plus puissants ou avec de nouvelles propriétés, Genoscience souhaite à terme élargir le panel des pathologies traitées, en proposant des traitements contre les cancers du cerveau, des poumons, des reins, du pancréas ou encore du côlon - "Nous avons démontré que la molécule est active sur ces différents cancers", affirme le fondateur de l'entreprise - mais aussi contre la fibrose du foie et les maladies hépatiques. Pour mener à bien ces projets, l'équipe qui compte aujourd'hui quinze personnes devrait s'élargir. "Nous aimerions recruter un directeur financier, un attaché de recherche clinique ou encore un responsable qualité".

Et Genoscience commercialisera-t-elle elle-même ses produits une fois que ceux-ci seront validés sur le plan clinique ? "Si les résultats des essais sont bons, nous irons au bout de l'histoire", répond Philippe Halfon qui ajoute que pour se financer, l'entreprise, qui s'appuie jusqu'alors sur des financeurs essentiellement privés comme la société californienne Pharmacyclics, aurait vocation à entrer en Bourse.

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