SolarCloth System met les voiles sur terre et dans les airs

Après avoir créé le buzz dans le monde du nautisme avec sa voile solaire, la start-up de Mandelieu la Napoule, spécialisée dans la production de textiles photovoltaïques souples, se diversifie vers le secteur du spatial et de l’agriculture sous serre.
(Crédits : DR)

Les textiles photovoltaïques souples développés par la jeune entreprise se déploient partout. En mer, sur terre et même dans les airs. A 40 000 mètres d'altitude précisément. C'est là où sera testé, lors d'un prochain vol technique organisé par le CNES, probablement fin 2018 ou début 2019, le prototype d'une voile solaire positionné sous la nacelle d'un ballon stratosphérique qui, une fois arrivé à destination, se déroulera automatiquement face au soleil pour récupérer l'énergie. "C'est la dernière étape d'un processus de qualification débuté en 2016", indique Alain Janet, dirigeant fondateur de la start-up installée à Mandelieu-la-Napoule, près de Cannes, créée à l'origine pour adresser le monde du nautisme.

Du Vendée Globe...

Retour en 2014. L'homme dirige alors (et toujours) une petite voilerie de course. Il mise sur l'innovation pour rivaliser avec les plus gros, persuadé que l'avenir du secteur, balloté par des années de crise, "passe par la technologie clivante des énergies renouvelables". Dont acte. Il développe, avec l'aide de l'Ecole des Mines de Sophia-Antipolis et du Pôle Mer, une voile à membrane dans laquelle il insère des films photovoltaïques souples pour capter la lumière et générer de l'énergie. Bonne pioche. Testée avec succès lors de la Route du Rhum 2014, elle fait le tour du monde en 2016, installée sur le bateau du néo-zélandais Conrad Colman à l'occasion de la mythique course en solitaire du Vendée Globe. Et crée le buzz. "La voile solaire est une micro-niche qui adresse finalement que très peu de bateaux, mais c'est un marché très sexy qui s'est avéré être un formidable amplificateur de visibilité", raconte Alain Janet. D'autant que "si l'on peut intégrer un film photovoltaïque dans les couches d'une voile, on peut également l'insérer dans d'autres textiles". Ainsi naît le textile technologique solaire made in SolarCloth System, ultra fin, ultra souple, enroulable et déroulable à l'envi, dont le procédé de fabrication vient de faire l'objet d'une demande de dépôt de brevet.

...Aux serres agricoles

Car un vaste champ des possibles s'est depuis ouvert. Le spatial donc, et plus largement l'aérien, notamment sur "le sujet des objets volants comme les dirigeables". L'humanitaire, aussi, en collaboration avec Labaronne-Citaf, l'inventeur de la citerne souple, sur laquelle vient se placer à la manière d'une ombrière un écran photovoltaïque flexible. Le commerce et le tourisme enfin pour transformer les stores en source de production énergétique.

Mais c'est dans le secteur de l'agriculture, abordé en 2016 dans le cadre d'un projet scientifique visant à rendre autonome l'irrigation d'un ensemble de serres sur le territoire des Pays de Lérins, que les perspectives de développement se montrent les plus prometteuses. "Le marché mondial des serres middle tech et high tech pèse 13,6 milliards d'euros", avance le dirigeant. Pour lequel" l'énergie est un élément capital pour l'avenir de l'agriculture dans un contexte où la culture sous serre, plus productive, est appelée à monter en puissance afin de nourrir demain une population de plus en plus concentrée dans les zones urbaines et péri-urbaine. Or, si de nombreux professionnels se sont équipés de panneaux photovoltaïques rigides, ils en sont vite revenus considérant à juste titre que la production solaire prenait le pas sur la production agricole, transformant les serres en produits financiers et hangars agricoles". SolarCloth System, avec son écran d'ombrage photovoltaïque, léger donc adaptable à n'importe quelle structure existante, mobile et modulable, donnant ainsi la possibilité à l'agriculteur de contrôler l'apport en lumière nécessaire à ses plantations, entend donc réconcilier la profession avec cette technologie. "Nous sommes légitimes. Notre procédé répond à un besoin", insiste-t-il. Un prototype est d'ailleurs expérimenté depuis quatre mois à l'INRA de Sophia-Antipolis. Et des discussions sont en cours pour participer à des projets en France, en Espagne et au Moyen-Orient.

Eligible au fonds Samsung

En attendant, la jeune pousse qui compte dans son actionnariat des personnalités telles que Maurice Pinault, n°2 de Zodiac Aérospace (racheté par Safran), et Pierre Laffitte, le père de Sophia-Antipolis, cherche à se structurer. Membre du pôle de compétitivité Capénergies, elle vient de rejoindre l'accélérateur Village By CA, implanté à Sophia-Antipolis, et dispose à Mandelieu d'un atelier de production automatisé, doté d'une salle blanche, financé par deux opérations de crowdfunding qui lui ont permis de réunir 550 000 euros. Il est opérationnel depuis octobre 2017. L'entreprise, éligible au fonds de revitalisation Samsung, souhaite par ailleurs recruter d'ici à la fin de l'année un responsable développement commercial et deux techniciens pour étoffer un effectif qui totalise six personnes à ce jour. Elle vise 800 000 euros de chiffre d'affaires pour l'exercice en cours. "Les marchés adressés sont très diversifiés mais nous n'avons pas besoin de réinventer la roue à chaque fois car, finalement, ce que nous proposons, ce sont toujours des multiples du même produit". Ou comment se diversifier sans jamais s'éparpiller.

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