Vect Horus vise les leaders de l’industrie pharmaceutique

Créée en 2005, la société basée à Marseille spécialisée dans le transport des médicaments dans l’organisme vient de procéder à une nouvelle levée de fonds. Elle devrait lui permettre de développer la qualité de ses produits et d’attirer les plus grands groupes de l’industrie pharmaceutique.
(Crédits : DR)

Pour comprendre la technologie proposée par Vect Horus, il peut être utile de faire quelque détour par la mythologie grecque. Vect Horus jouerait alors le rôle d'Ulysse, et à la place du cheval de Troie, on aurait un récepteur, celui du cholestérol par exemple, conjugué à un médicament. Dissimulé à l'intérieur du cheval, le médicament qui peinait jusqu'alors à atteindre sa cible, bloqué par la solide barrière hémato-encéphalique qui protège le cerveau, pourrait enfin l'atteindre en trompant la barrière grâce au vecteur (lié au récepteur) que le cerveau accepterait de laisser passer. Une fois que le médicament a pénétré la cellule endommagée, il peut combattre son ennemi : une tumeur, une métastase ou encore une maladie neuro dégénérative comme Alzheimer.

Voilà pour la technique que Vect Horus est pour l'heure la seule à proposer en Europe, quelques concurrents étant présents aux Etats-Unis et au Canada.

Avec cette innovation, le spin-off né des travaux du docteur Michel Khrestchtisky - qui dirige par ailleurs un laboratoire du CNRS et AMU -, espère s'imposer auprès des entreprises pharmaceutiques en leur proposant de nouvelles molécules qui vectorisent leurs médicaments afin que ceux-ci soient plus efficaces et atteignent leur cible.

Des collaborations de recherche avec de grands groupes pharmaceutiques

Pour se développer, la société tisse des collaborations de recherche avec des entreprises pharmaceutiques ou d'imagerie. "Si la recherche aboutit, le contrat prévoit une option de licence", explique le co-fondateur Alexandre Tokay. Pour conquérir ces fameux partenaires industriels, l'équipe composée de 30 personnes n'hésite pas à courir les salons aux quatre coins du monde, comme le Hub de Boston.

Une stratégie qui devrait porter ses fruits prochainement puisque, selon Alexandre Tokay, "cette année, nous devrions commencer à générer du cash car nous avons accumulé beaucoup de données sur notre plateforme VECTrans® [celle-ci est composée des différentes familles de brevets incluant les séquences de vecteurs ou de produits vectorisés , d'une série de protocoles et de savoir-faire pour identifier les molécules, ndlr], et parce que depuis deux à trois ans, nous avons travaillé sur un business développement efficace". Pour l'heure, Vect-Horus a en effet déjà signé des accords avec de grands groupes comme Sanofi, Servier ou AAA (Novartis).

Une dernière levée de fonds qui rapporte 3,5 millions d'euros

Mais en attendant que "le cash" arrive plus abondamment, la société a procédé à plusieurs levées de fonds atteignant un total de 22 millions, dont 3,5 millions en 2018. Parmi la dernière salve d'investisseurs : CAAP Création, une filiale du Crédit Agricole Alpes Provence, la Financière Tuileries CoInvest ou encore la SCR Provençale et Corse, filiale de la Banque Populaire Méditerranée (BPM). Des financements qui ont pour objectif de développer le portefeuille technologique et d'en améliorer la qualité. A cette fin, Vect Horus œuvre également avec AMU et le CNRS à la mise en place d'un laboratoire commun qui devrait prendre place du côté de la Timone, fin 2018 ou en 2019.

Pour engranger des bénéfices, Vect-Horus compte dans un premier temps sur l'imagerie moléculaire et la radiothérapie. En effet, le principe de vecteurs permet également d'obtenir une imagerie de qualité en marquant les vecteurs qui se fixent sur les cellules cancéreuses par exemple, ce qui permet ensuite de repérer les tumeurs. Pourquoi d'abord s'intéresser à l'imagerie ? "Parce que le cycle d'investissement est plus court, et parce que c'est moins onéreux en terme de licence. Nos premiers revenus de licences viendront probablement de là", envisage Alexandre Tokay.

"Passer de l'excellence académique au succès industriel"

Jusqu'alors, le chiffre d'affaire, qui devrait avoisiner le demi-million d'euros en 2018, repose essentiellement sur les collaborations de recherche. Les licences permettront d'atteindre les objectifs chiffrés à quelques dizaines de millions d'euros de chiffre d'affaire dans les cinq prochaines années à venir, et une profitabilité d'ici deux à trois ans, afin de rentabiliser les lourds investissements en recherche et développement.

Mais pour le moment, la priorité numéro un, "c'est de nouer des partenariats avec de nouvelles sociétés ou de grosses biotechs, et en particulier des grands leaders mondiaux afin de faire la preuve de notre excellence" et de s'imposer sur le marché du "drug delivery" (littéralement, la livraison des médicaments jusqu'à leur cible). "L'ambition", insiste Alexandre Tokay, "c'est de transformer l'excellence académique en succès industriel", un passage pas toujours aisé, mais franchir des barrières, c'est bien le métier de Vect-Horus.

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