E-Scopics, le Spotify de l’échographie

Située à Aix-en-Provence, cette startup veut dématérialiser l’échographie afin de la rendre accessible à toutes les spécialités médicales. Pour se distinguer, elle cherche en parallèle à élargir le panel de pathologies détectables grâce à cette technique d’imagerie.
(Crédits : DR.)

Imagerie en temps réel, absence de radiation, qualité d'images en constante progression ; l'échographie est une méthode de plus en plus sollicitée mais peu de médecins y ont directement accès. L'équipement est coûteux, difficile à prendre en main, d'où la nécessité de passer par un cabinet de radiologie dans la plupart des cas. E-scopics veut changer la donne et en faire une composante à part entière de l'examen clinique, "au même titre que le stéthoscope".

Pour cela, elle veut dématérialiser l'outil, comme Spotify l'a fait pour la musique. "Spotyify a déconstruit le système de son. Nous, nous voulons déconstruire l'échographe en ne gardant que la sonde", explique Claude Cohen-Bacrie, fondateur de l'entreprise. La complexe structure qui entoure la sonde, sorte de "cockpit d'avion", serait en fait dématérialisée sous forme d'une "interface numérique extrêmement simplifiée", avec une application dédiée à chaque type d'usage. "La sonde ne fait qu'un examen par application". Et ce, avec l'assistance d'une intelligence artificielle facilitant le diagnostic et la prise en main.

Ultra light et haut-de-gamme

Néanmoins, pas question pour E-scopics d'aller sur le créneau de ces échographies miniaturisés qui perdent en performance. "Nous avons la volonté d'amener l'échographie ultra light vers une performance premium". La condition sine qua non pour convaincre les professionnels de santé de franchir le pas. La technique leur permettrait de gagner du temps et de réduire les coûts.

"Certaines spécialités utilisent déjà des échographes », rappelle Claude Cohen-Bacrie. Et de citer les cardiologues, les obstétriciens, et plus récemment les kinésithérapeutes. "Preuve que cette technique peut être demandée. Nous voulons l'ouvrir à plus de spécialités".

Mais la concurrence est féroce. Du côté des échographes classiques d'une part ; de celui des échographes miniaturisés d'autre part, qui eux aussi cherchent à monter en gamme. Alors E-Scopics a une stratégie : "nous ne souhaitons pas être un acteur de l'échographie traditionnelle car elle ne peut pas atteindre massivement les cliniciens pour des raisons de coût. C'est pourquoi nous faisons le choix de l'ultra light. Mais nous ne voulons pas faire que cela. L'échographe ultra portable existe. Nous voulons trouver des niches sur lesquelles nous sommes seuls en poussant le diagnostic parce c'est ce qu'il faut pour entrer sur ce marché".

Diagnostiquer la maladie de Nash

Et la première application étudiée concerne le diagnostic de la maladie de Nash, autrement connue sous le nom de maladie du foie gras, qui touche 3 % de la population mondiale. "C'est une maladie morbide, il faut la traiter. Une vingtaine de sociétés pharmaceutiques investissent des sommes folles pour des molécules qui la soigneraient. Elles ont envie de voir se développer des biomarqueurs non invasifs pour la détecter car il n'en existe pas pour le moment". En effet, la seule solution demeure la biopsie, particulièrement lourde. "On injecte une aiguille qui transperce un bout de tissu et on le sort de l'organe. Il faut donc avoir de bonnes raisons de la pratiquer". L'échographie offrirait une alternative, mais elle n'en est pas encore capable, faute d'être en mesure de caractériser tous les types de tissus. "Nous travaillons sur ce volet clinique pour améliorer la capacité d'évolution de l'échographe en général".

"Les défis sont considérables", reconnait Claude Cohen-Bacrie. D'où la mobilisation d'importants efforts de recherche et développement de la part des huit salariés de l'entreprise. Des efforts soutenus par deux partenaires académiques, en France et à l'étranger et qui se concrétisent par le dépôt en cours de brevets.

Encore 18 mois devraient s'écouler avant que la startup ne se lance dans l'industrialisation et la validation clinique de sa solution. Une étape qui devrait être facilitée par ses relations avec des sociétés pharmaceutiques. "Cela nous facilitera le recrutement de patients". Quant à la commercialisation, elle est envisagée courant 2021.

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