Entre Confrères, la startup qui aide les avocats entrepreneurs à faire du chiffre d'affaires

Le phénomène est méconnu, pourtant quitter la robe n'a rien d'exceptionnel puisque 30 % des avocats arrêtent d'exercer avant la vingtième année. Pour aider ses confrères, Me Marie Duault, installée à Marseille, a mis au point un site collaboratif qui vise à faciliter le recrutement et à favoriser les formations. Un moyen d'acquérir des compétences que l'on n'apprend pas en passant par le barreau.
(Crédits : DR)

Pour tenir un cabinet d'avocat, bien connaître ses grands arrêts et les jurisprudences clefs ne suffit pas. Ou plus. Il faut aussi agrémenter son savoir juridique par des connaissances dans la gestion d'entreprise. "Des notions qui ne sont pas transmises durant les études", note Me Marie Duault, avocate au barreau de Marseille. En plus de sa robe professionnelle, cette magistrate porte aussi une casquette de chef d'entreprise depuis mi-2018 suite à la création de Entre Confrères. "C'est une plateforme collaborative dédiée aux avocats, très souvent isolés, pour les rassembler et leur permettre de partager des bonnes pratiques autour de trois problématiques : le recrutement, la formation et l'innovation", explique Marie Duault. "Nous voulons donner des clefs pour faire du chiffre d'affaires", ajoute-t-elle, parlant "d'avocat entrepreneurs".

L'idée lui est venue en passant le barreau. En parallèle de ce concours, elle participe et remporte un autre. Celui créé en 2016 par l'Observatoire du Conseil national des barreaux et baptisé projet innovant. "Beaucoup de projets étaient centrés sur du BtoC, à l'inverse de notre projet, basé sur du BtoB". Ce positionnement doit répondre aux difficultés que rencontre le métier d'avocat. "30 % quittent la profession 20 ans après avoir prêté serment", selon  un rapport publié en 2017 sur l'avenir de la profession remis au Garde des Sceaux de l'époque, Jean-Jacques Urvoas. "Nous voulions attirer et fidéliser les avocats", assure Marie Duault pour qui être avocat "est la belle plus profession du monde".

Un système d'abonnement

Cette victoire au concours "projet innovant" permet à Marie Duault de récupérer une petite dotation et de lancer son projet, seule, sans ses deux consœurs qui ont préféré se concentrer sur leur métier d'avocat. La suite est le parcours classique d'une start-up, prêt pour financer l'entreprise, puis intégration d'incubateurs : celui du barreau de Marseille et Marseille Innovation.

Le site voit le jour fin novembre 2018. Aujourd'hui encore, il se concentre exclusivement sur la partie recrutement. Les candidats peuvent trouver des informations très précises sur leurs potentiels futurs employeurs et les conditions de travail. "S'ils peuvent développer leur clientèle, télétravailler ou encore profiter de formation pour acquérir de nouvelles compétences", énumère Marie Duault. Les cabinets d'avocats, doivent eux remplir une fiche de présentation détaillée pour présenter leurs spécificités afin de "séduire" les futures recrues. Le business model d'Entre Confrères se base sur une logique d'abonnements souscrits par les cabinets d'avocats pour pouvoir publier leur fiche de présentation. La publication d'offres d'emplois se paye en plus.



Nouveau site et nouvelles offres en fin d'année

Pour l'instant, une centaine de fiches sont disponibles sur le site. "Cela devrait augmenter avec une nouvelle version du site prévue octobre et qui sera plus facilement commercialisable", espère Marie Duault. Une vraie accélération puisque cela doit s'accompagner de la mise en ligne de formation pour notamment apprendre à y apprivoiser l'innovation. Soit les deux autres parties du projet initial.

La première concernera un large choix de sujets, du choix de la structure juridique de sa société, à la gestion des charges fiscales et sociales en passant par l'utilisation des nouvelles technologies pour optimiser son temps. 

Des retours d'expérience vont également venir enrichir l'offre à travers des podcasts dans lesquels des avocats ou des dirigeants de start-up racontent leurs histoires et donnent des conseils. "Cette partie-là sera gratuite", explique Marie Duault. "Concernant les formations, les cabinets d'avocats pourront les acheter à l'unité pour les offrir à leurs collaborateurs". La partie recrutement va également connaître quelques améliorations comme faire "matcher" les profils avec les offres correspondantes.

Beaucoup de projets qui vont nécessiter du recrutement - Entre Confrères ne compte pour l'instant que quatre personnes - et des financements. Marie Duault souhaiter lever des fonds début 2020. Un planning d'entrepreneur avocate plus que d'avocate entrepreneur.

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