Mycophyto, une levée et après ?

Avec ses champignons mycorhizes capables de démultiplier le pouvoir racinaire des plantes, la jeune pousse installée à Sophia-Antipolis adresse les filières soumises à des problématiques de perte de résistance tout comme celles subissant les conséquences des changements climatiques. En levant 1,4 M€, la startup acquiert des compétences qui devraient lui permettre de mettre le pied sur le… champignon.

C'est l'étape attendue et espérée, celle de ce basculement où il y aura - pour l'entreprise - un avant et un après. Pour Mycophyto, basée à Sophia-Antipolis, la levée de fonds tout juste finalisée pour un montant de 1,4 M€ symbolise peut-être ce passage de startup qui fait ses premiers pas, balbutiante, à startup qui déploie ses ailes... et ses solutions.

Créée en 2017, Mycophyto appuie son innovation sur la capacité des champignons mycorhizes à démultiplier le pouvoir racinaire des plantes. Une particularité qui offre beaucoup de possibilités et que Justine Lipuma a bien identifié. Les premières solutions déployées l'ont été sur des cultures de tomates, sur des champs de lavande, auprès d'oliviers, alors qu'un accord avec le Crieppam, le centre régionalisé interprofessionnel d'expérimentation en plantes à parfum aromatiques et médicinales, basé à Manosque a permis à la startup de mettre un pied dans l'univers des parfums et des arômes.

Pré-industrialiser les process

Le 1,4 million levé - les investisseurs sont de profils différents, puisque deux family office côtoient deux fonds, Région Sud Investissement et Créazur - va permettre de booster le déploiement des solutions biologiques naturelles mises au point par Mycophyto. C'est en effet à la fois l'équipe de production comme le volet commercial qui vont bénéficier de cet apport financier. Notamment, l'embauche d'une responsable production va permettre dit Justine Lipuma de "pré-industrialiser nos process".

L'arrivée d'un responsable innovation, à temps complet, avec un profil d'ingénieur agronome et de doctorant va positionner la jeune pousse sur des projets collaboratifs public/privé. Ce qui signifie aussi un développement à l'international via des partenaires.

"Nous sommes déjà attendus à l'international", souligne Justine Lipuma, qui rappelle que c'est aussi dans l'ADN de Mycophyto puisque c'est à l'Université de Turin que ses travaux ont commencé et que les liens avec l'institution transalpine ne se sont pas interrompus. Le responsable R&D, lui aussi nouvel arrivant, fort de 12 ans d'expérience devrait prendre en main la réalisation du dossier i-Lab porté par Bpifrance, dont Mycophyto est lauréate. Et puis donc c'est l'équipe commerciale qui s'étoffe avec le renfort d'un business développeur. Soit une équipe de 6 personnes et de 3 associés, Justine Lipuma étant entourée d'Olivier Bret, business angel et président du Réseau Entreprendre Côte d'Azur, et de Christine Poncet.

Le déploiement commercial qui figure par ailleurs en priorité sur la feuille de route de la startup, qui compte "aller plus loin en matière Aromatique et Parfum, sur la plante médicinale et sur la tomate" tout en approfondissant son apport à la filière viticole. Pour cela, elle est accompagnée par le pôle de compétitivité Terralia PASS.

"Notre axe est véritablement l'axe méditerranéen" dit Justine Lipuma qui regarde plus volontiers vers l'Espagne que vers les vignobles de Bordeaux, qui pourtant la sollicitent. Car ce sont bien les conséquences des changements climatiques que Mycophyto veut combattre. "Un nouveau bio-agresseur arrive tous les ans, sans solution pour le combattre" précise la jeune dirigeante.

Mais Mycophyto a aussi d'autres axes de développement, où il est question d'IA et de capacité prédictive. Tout cela avec la collaboration de l'INRIA. C'est à peu près tout ce que Justine Lipuma consent à révéler. En revanche sur le 3IA et l'outil formidable qu'il représente, elle ne tarit pas d'éloge. "Le 3IA est ce type d'outil qui va entraîner l'écosystème vers le haut, sur lequel il faut s'appuyer, surtout quand on est une startup. C'est en faisant parler les chercheurs avec d'autres chercheurs et d'autres acteurs que l'on va y arriver, ce n'est pas en étant monodisciplinaire".

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