Sinilux, la solution venue d'Afrique qui vise l'international

Apporter une indépendance électrique grâce à de l'énergie solaire et s'en servir pour transmettre des informations. Sur le papier la formule paraît gagnante. Elle a tapé de l'œil de Business France qui a ramené cette solution créée en Afrique par Ange-Frédérick Balma jusqu'à Aix-en-Provence. Une implantation qui doit permettre à la start-up de se développer à l'export.
(Crédits : AA_W - Fotolia_com)

Deux semaines avec son téléphone portable mais sans électricité ni réseau. Une mésaventure, qui pour bon nombre s'apparente aujourd'hui à un cauchemar, qu'a connu Ange-Frédérick Balma en se rendant dans une plantation familiale en Côte d'Ivoire. "Je ne pouvais donner de nouvelles à personne, ni à mes proches, ni pour le travail,", se souvient-il. Une expérience qui agit comme un déclic. Cet ancien responsable informatique pour des grands groupes crée alors en 2011 Lifi-Led pour apporter une triple solution dans les villages isolés. De l'électricité, de la connectivité haut débit et du contenu scolaire ou agricole.

Trois ans de recherche et développement sont nécessaires pour produire un premier prototype permettant de fournir de l'énergie et du haut débit sans les lourdes infrastructures habituellement nécessaires. Et c'est finalement en 2017 qu'un premier test est réalisé dans le village ivoirien de Drongouiné qui rassemble 5 000 personnes. "Les retours ont été très positifs, des habitants du coin aussi venaient en profiter", raconte Ange-Frédérick Balma.

Un générateur photovoltaïque et du Lifi

Concrètement, Lifi-Led installe pour chaque foyer un générateur alimenté avec des panneaux photovoltaïques pour permettre de fournir de l'électricité. Les ampoules LED sont ensuite équipées d'un modèle capable de transmettre du wifi grâce à la lumière. C'est ce qu'on appelle le Li-Fi (Light Fidelity). En une journée de chargement, qui est possible avec seulement la clarté du journ et pas forcément un soleil éclatant, le générateur peut obtenir une autonomie de 72 heures.

La société ivoirienne construit le système pour relayer la connectivité, mais aussi du design des équipements qu'elle assemble après être passée par un prestataire pour la conception. "Nous sommes un producteur de technologie et un fabricant", précise Ange-Frédérick Balma. "Cela fournit l'équivalent de la première génération de fibre optique" assure-t-il.

Au-delà d'une connexion, le système offre aussi du contenu. "Nous en produisons une partie via des start-ups, sinon ce sont professeurs ou des partenaires comme le Centre National De Recherche Agronomique (CNRA)", détaille le dirigeant. Ces productions ont une vocation pédagogique, pour des populations éloignées de l'école, et agricole afin d'aider les cultivateurs.

Installer une unité de production locale

Le modèle économique comprend la vente de la solution aux collectivités, lesquelles investissent dans l'infrastructure. Les utilisateurs finaux eux, profitent d'un abonnement à bas coût :  un euro par jour, six euros par semaine ou quinze euros par mois. Aujourd'hui,  25 000 personnes utilisent le système de Lifi-Led à travers la Côte d'Ivoire, Madagascar, la Centrafrique, le Libéria et le Burkina Faso. De quoi générer un chiffre d'affaires de 500 000 euros pour la jeune structure qui vient donc de donner naissance à Sinilux. La start-up implantée au sein du technopole de l'Arbois à Aix-en-Provence comprend une équipe de quatre personnes est se veut plus qu'un simple pendant européen.

"Elle a vocation à devenir notre société principale en se développant en France et à l'international", ambitionne Ange-Frédérick Balma. Cette arrivée est le fruit du démarchage de Business France qui a contacté le dirigeant pour l'installer dans l'Hexagone. Le choix s'est fait entre Aix, Lyon et Angers. "Ici nous avons trouvé un écosystème plus intéressant, dont fait partie le CEA qui travaille sur le photovoltaïque, et Aix-Marseille Université ainsi qu'un taux d'ensoleillement maximum", justifie Ange-Frédérick Balma.

L'objectif est maintenant de lever 5 millions d'euros pour mettre en place une unité d'assemblage et une usine de fabrication localement. Des discussions sont également menées avec la Métropole Nice Côte d'Azur et Aix-Marseille Provence pour déployer la solution. "Cela peut leur permettre d'être autonomes en électricité et de se préparer à la transition énergétique", assure le jeune dirigeant qui souhaite également équiper les communes situées en zone blanche en France. Pour ce qui est des contenus diffusés, il s'agira d'informations de proximité comme les horaires d'un bus. Les modules pourront également capter de la donnée pour assurer une veille de la pollution par exemple.

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