Comment Qualiplainte bouscule la legaltech

Née en début d'année, la startup installée dans le Vaucluse, près d'Avignon permet, comme son nom l'indique, le dépôt de plainte en ligne. Elle offre aussi et surtout un conseil en amont et un accompagnement en aval. Une approche globale et centrée sur le justiciable qu'elle revendique être la seule à apporter de façon aussi pointue.

C'est évidemment de l'expérience terrain de ses deux co-fondateurs - 15 ans chacun - qu'est née Qualiplainte. Née début 2020, elle est le fruit de la réflexion de deux avocats, l'un, Julien Gautier, pénaliste, avocat à la Cour, originaire d'Aix-en-Provence, l'autre, Vincent Jarrige, également expert en contentieux judiciaire, avocat associé du cabinet M&J Avocats, basé à Paris.

Avocats et tech, l'équipe qui gagne

La naissance de Qualiplainte s'inscrit aussi de une conjoncture favorable nourrie de plusieurs éléments. Une évolution certaine - la digitalisation n'ignorant pas plus le monde du droit que tout autre secteur -, une législation qui pousse à cette évolution numérique - la loi du 23 mars 2019 reconnaissant la plainte en ligne - et un besoin du justiciable qui se tourne facilement vers le digital, mais qui peut néanmoins être désarçonné face à une offre où il est difficile de séparer le bon grain de l'ivraie, c'est-à-dire les sites produits par des non spécialistes du droit, les premiers à s'être engouffrés dans ce que l'on appelle la legaltech.

"La legaltech a été un terrain de jeu pour ce que l'on appelle les braconniers du droit", reconnaît Julien Gautier. "Les avocats doivent se positionner sur la tech, qui est un segment de marché essentiel".

Mis en ligne avec une première version début 2020, Qualiteplainte est une plateforme qui permet le dépôt de plainte en ligne. Mais sa plus-value s'inscrit dans le processus qu'elle offre : une première étape consiste à définir le type de plainte, le tout étant analysé par un avocat pénaliste qui conseille alors sur la meilleure façon de rédiger cette dernière, laquelle est ensuite transmise au Parquet. Si elle est définit comme recevable, Qualiplainte met alors en relation le justiciable avec un avocat compétent.

"Les services de police et de gendarmerie ne sont pas formés à l'écoute spécifique de cas particuliers comme l'escroquerie, le harcèlement moral, la discrimination au travail... Ce qui peut donner des classements sans suite", exlique Julien Gautier. "Notre plateforme donne précisément la qualification juridique de la plainte. Cela permet de gagner du temps et le Parquet peut ainsi la traiter rapidement, débouchant soit sur un classement sans suite, soit sur l'ouverture d'une enquête".

Début mars, la mise en ligne d'une V2 coïncide alors avec le début du confinement, ce qui a joué alors, sorte d'effet collatéral, le rôle d'accélérateur. En effet, dès les premiers jours, le dépôt de plainte en ligne a été vivement recommandé par les services de police et de gendarmerie, lesquels ont réduit ou supprimé l'accueil du public. Ainsi la startup revendique-t-elle une dizaine de dossiers déposés par jour. "Nous répondons à un besoin non servi", analyse, plus largement Julien Gautier. Car des plateformes de la sorte, gérées par des professionnels, "il n'en n'existe pas".

Quels enjeux ?

Si le confinement a fait aller plus vite, néanmoins le besoin est là et bien là. Et le tout est à replacer dans un contexte où 4 millions de plaintes sont déposées chaque années auprès des procureurs de la République. "Certes, toutes n'ont pas la vocation a être dématérialisées, mais selon les données Assal Legal, les démarches juridiques réalisées directement via des plateformes de Legaltech représentaient 12% en 2012, elles représentent 40% en 2018".

Accompagnés par La French Tech Grande Provence, basée près d'Avignon, Qualiplainte, est également soutenue par Bpifrance et envisage une levée de fonds d'ici la fin 2020. Les prochains mois vont lui permettre de définir exactement ses besoins. "Nous sommes en phase d'amorçage, nous nous laissons le temps de voir comment notre produit va évoluer". Les ambitions de la startup - qui regroupe une équipe de 4 personnes - est clairement de "créer une nouvelle pratique de la plainte pénale". Car les opportunités sont là, et puis "nous voulons démontrer que l'on peut faire de la legaltech à partir des territoires".

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