Comment Re-sens veut devenir un expert des technologies des sens

Installée à Marseille, cette startup développe des capteurs anti-collision pour les personnes malvoyantes. A terme, elle aimerait se poser comme experte des technologies des sens, s’adressant à tous les types de handicap mais aussi d’autres marchés. Elle envisage par ailleurs de créer son propre outil de production intégrant des personnes handicapées.
(Crédits : DR)

Geoffrey Marino avait en tête de créer une entreprise qui soit utile. Quelque chose qui puisse aider les personnes handicapées à gagner en autonomie dans leurs déplacements. Il sait qu'hormis la canne et le chien guide, il existe peu de solutions ergonomiques pour guider ceux qui souffrent de handicap visuel. Il sait aussi qu'une technologie permet aux drones et aux robots de mesurer des distances et de s'orienter, et qu'elle pourrait très bien servir à guider les humains.

En 2018, il intègre alors Ticket for change, cette structure qui accompagne des projets entrepreneuriaux à vocation sociale et environnementale. Ainsi soutenu, l'entrepreneur met au point sa première preuve de concept, fabriquant lui-même ses cartes électroniques. Il reçoit le soutien d'Harmonie mutuelle, sous la forme d'un accompagnement d'abord puis d'une bourse. La société Re-sens est créée à ce moment-là. En septembre 2019, il est lauréat du Tremplin French Tech, ce qui permet à l'ingénieur de se perfectionner sur le front de l'entrepreneuriat, ce à quoi il s'attelle actuellement.

Optimiser la perception des stimulis

Pas question pour autant de mettre la recherche et développement de côté. Car le projet est ambitieux. L'idée est à terme de proposer un outil de détection d'obstacles capable d'alerter la personne de la manière la plus pertinente possible. "Nous travaillons sur la capacité du cerveau à interpréter des stimuli. On appelle cela la substitution sensorielle". Et d'illustrer : "le son est très utile pour s'orienter lorsqu'on ne voit pas. Mais annoncer des obstacles par des sons pourrait parasiter ce sens. Alors on priorise le toucher. On pourrait développer des choses qui envoient des informations sous forme de pression".

Mais pour l'heure, ce que Geoffrey Marino met à l'essai, ce sont ses lunettes capables de détecter les obstacles au niveau du visage, répondant ainsi à un besoin pressant exprimé par les associations avec lesquelles il est en contact. "Il s'agit d'une télécommande reliée à un boîtier clipsé sur une paire de lunettes. Lorsque le boîtier détecte un obstacle grâce à la technologie de mesure de distance [celle utilisée par les drones, ndlr], la télécommande placée dans la poche ou le sac de la personne envoie des vibrations". Pour le moment, le produit a été mis à disposition de cliniques, d'associations et d'écoles spécialisées. Dans son plan de développement, Geoffrey Marino envisage des partenariats avec des assureurs. Et la technologie pourrait servir au-delà de la sphère du handicap. "Il y a des professionnels à qui elle pourrait servir car leur vue peut-être obstruée. C'est par exemple le cas des pompiers ou des spéléologues. Nous avons déjà des contacts".

A plus long terme, Re-sens aimerait s'adresser à d'autres handicaps comme l'audition pour devenir un "spécialiste des technologies des sens".

Inclusion de personnes handicapées et lutte contre l'obsolescence

Un spécialiste qui disposerait de son propre outil de production. Un atelier qui serait en phase avec son ambition d'améliorer l'autonomie des personnes handicapées puisqu'elle compte bien en embaucher. "L'assemblage, la soudure sont tout à fait à la portée de personnes handicapées. Comme cela, la boucle de l'inclusion serait bouclée".

L'entreprise veut également s'engager sur le front de la lutte contre le gaspillage et l'obsolescence des produits électroniques. "Nous voulons apporter une plus-value sur la réparabilité. Comme nous partons de zéro, nous pouvons travailler sur l'éco-conception et la capacité des produits à être neutralisés après leur vie. Ainsi, on pourrait démonter nos télécommandes usagées pour en faire des outils d'automatisme". Une vision "globale" qui doit permettre à l'entreprise de se démarquer avec "un produit différent de bout en bout".

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