Comment Entent veut contribuer à la transition énergétique

Installée à Aix-en-Provence, cette entreprise met au point une technologie permettant de valoriser les déchets thermiques de basse température rejetés par les industries. Un moyen pour elles de réduire leur impact environnemental tout en réalisant des économies.
(Crédits : Pixabay / CC)

Plastique, produits et sous-produits agricoles, textile... Nombreux sont les acteurs, associations comme entreprises, à avoir pris la mesure de l'importance de valoriser les déchets. Pour des raisons environnementales bien sûr, mais aussi pour créer de la richesse économique. Une valorisation qui concerne également les chaleurs dites fatales émises par l'industrie.

Des technologies permettent de les transformer en électricité, mais cela ne concerne que des températures très élevées (environ 200°C). C'est ce vide que souhaite combler Entent.

Créée en 2018 à partir d'une technologie développée par Mathias Fonlupt - président de l'entreprise-, la startup a mis au point un moteur capable de valoriser les chaleurs fatales entre 60°C et 100°C. Ce qui présente un intérêt écologique considérable comme le pointe Stéphan Ré, directeur général : "Selon l'Ademe, 25 à 30 % des déchets thermiques sont compris dans ces températures, ce qui équivaut à la consommation énergétique de Provence Alpes Côte d'Azur".

Avec un impact néfaste sur le climat. "La planète est comme un bâtiment avec une isolation et du chauffage. Le CO2 met de l'isolation partout. Les déchets thermiques, ce sont le chauffage". La technologie, en plus d'inhiber ce chauffage, doit permettre aux industries concernées de réaliser des économies grâce à l'énergie produite, qu'elles peuvent soit consommer soit réinjecter sur le réseau. Et ce, avec une rentabilité de la machine obtenue en moins de cinq ans. Ceci est possible, notamment, grâce à la suppression de la pompe mécanique généralement présente dans ce type de dispositif. "Nous l'avons remplacée par quelque chose qui correspond à une pompe thermique. Donc au lieu de consommer de l'énergie, on consomme encore plus de chaleur".

Pour mette au point sa solution, la jeune pousse s'est appuyée sur l'expérience du laboratoire de thermodynamique de l'université de Liège. Celui-ci, en plus de lui apporter son expertise et d'être gage de crédibilité, l'aide sur le plan matériel en assemblant les pièces.

Une levée de fonds pour passer du prototype au marché

Après plusieurs années de collaboration, le premier prototype devrait être terminé "d'ici la fin de l'année". Ensuite, il faudra "optimiser les rendements, ce qui demandera deux années de travail". Du travail mais aussi du matériel et le recrutement de deux ingénieurs pour épauler les entrepreneurs. D'où une première levée de fonds prévue l'an prochain, pour un montant envisagé de 400 000 euros. La mise sur le marché est prévue pour 2023, et deux secteurs sont dans le viseur.

Parmi eux, celui des énergies renouvelables, avec ses 10 % de croissance annuelle. "Nous nous sommes rendu compte que les systèmes en biomasse, biogaz ou géothermie ont des rejets thermiques à 70°C - 90°C. En intégrant notre moteur à leur centrale, la production pourrait augmenter de 10 à 30 %". Et du fait des tarifs de rachat particulièrement incitatifs, la rentabilité pourrait être atteinte en moins de trois ans pour ces clients. "Nous sommes déjà en contact avec Engie et Air Liquide". L'entreprise envisage également de s'installer sur la plateforme Inovex du côté de l'étang de Berre. "C'est une plateforme dédiée à l'innovation, pilotée par EDF", précise Stéphan Ré. Entent cible également de grands acteurs mondiaux tels que Ormat, géant américain détenant 85 % des parts du marché mondial de la géothermie, ou l'italien Turboden, leader du même acabit dans le domaine des biomasses.

Améliorer l'existant

L'autre marché visé, ce sont bien sûr les industries concernées par les rejets de chaleurs fatales de basse température, en premier lieu desquelles l'agro-alimentaire, la fabrication de papier et carton ainsi que la chimie. "Dans l'industrie, l'intérêt pour les solutions comme la nôtre est en train de naître. Les entreprises ont besoin d'améliorer leur bilan carbone. C'est un objectif fort en France". A l'international, "l'Allemagne et l'Italie sont très porteurs car ils produisent plus de déchets thermiques que nous. L'Espagne et le Royaume-Uni en rejettent moins mais le prix de l'électricité y est plus élevé". D'où l'intérêt pour les entreprises de reprendre leur empreinte carbone en main.

Car l'ambition d'Entent est bien là. Il ne s'agit pas de se projeter dans un lendemain lointain mais plutôt d'accompagner les acteurs déjà en place dans la transition énergétique. Et ce en leur offrant, à un prix adapté, la bonne technologie qui les convaincra de franchir le pas.

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