Quelle stratégie pour le Conservatoire international du corail ?

Menacé de disparition, le corail est au centre des intérêts des scientifiques, partout dans le monde, mais aussi à Monaco. C'est notamment l'une des missions du Centre Scientifique qui pilote une stratégie à plusieurs axes, où il est question de collaboration avec d'autres organismes, d'envergure mondiale et de projet de création de banque de données.
(Crédits : DR)

Magnifiquement admiré pour ses grandes barrières, le corail est pourtant un animal menacé de disparition, alors qu'il est pourtant essentiel à l'écosystème sous-marin, et qu'il présente des propriétés exploitables pour de nombreux domaines.

Le corail, ses particularités, ses besoins sont au cœur des travaux du Centre Scientifique de Monaco (CSM). C'est là, dans ses aquariums, que les scientifiques monégasques observent, traitent des données, protègent.

Le corail c'est tout le sujet de Didier Zoccola, chargé de recherche au sein du CSM et qui nourrit depuis longtemps l'idée d'une sorte d'arche de Noé du corail. Une arche qui pourrait rassembler les différentes espèces, venues du monde entier, permettant de les protéger, mais aussi d'aller plus loin dans la préservation et le développement.

90 % de risques de disparition

De cette idée d'arche de Noé sous-marine est née le concept du Conservatoire mondial du corail. "Notre projet concerne la sauvegarde de toutes les espèces de coraux et de récifs coralliens, ainsi que le maintien de la biodiversité et des récifs coralliens", explique Didier Zoccola. Qui rappelle aussi des données très terre à terre, "le GIEC dans son rapport de 2008 a noté que les coraux risquaient de disparaître entre 70 % à 90 % si l'on restait sur la base d'une augmentation des températures de 1,5° C par an. Et que si cette augmentation dépasse 1,5°C par an, ce sont alors 99 % des coraux qui sont menacés".

La création d'un Conservatoire, n'est pas le début du sujet pour le CSM mais il le conforte dans son approche. "Cela renforce nos convictions", confirme Didier Zoccola. Surtout quand on sait que seules 200 à 250 espèces sont aujourd'hui en culture dans les aquariums du monde entier alors qu'il en existe 1 600 au total.

Corail CSM 2

Créer un réseau planétaire

Mais quelles ambitions pour ce Conservatoire mondial ?

"C'est un peu une fusée à quatre étages", résume Didier Zoccola.

La première étape, étant de créer un réseau avec d'autres aquariums présents dans le monde entier. Sur cette étape précisément, c'est sur le Musée océanographique de Monaco, co-coordinateur du projet, que le CSM s'appuie. "Nous avons déjà été rejoints par une dizaine d'aquariums répartis dans le monde dont ceux d'Atlanta, de New York et de Nouméa". D'autres aquariums en Floride ou à Hawaï ont fait preuve de leur intérêt. "Nous sommes également en train d'établir des contacts avec le Portugal, la Hollande, nous avons également des partenariats au Japon, nous sommes en pourparlers avec celui de Taïwan..." C'est donc un vrai consortium qui est en train de s'établir à travers la planète. De taille idéale pour permettre ce que prévoit aussi la feuille de route : comprendre mieux les coraux.

Servir la recherche et l'innovation

"Pas seulement de façon fondamentale", précise Didier Zoccola, mais de façon appliquée afin de permettre une "évolution assistée", c'est-à-dire comprendre comment les rendre plus résistants et plus résilients aux changements climatiques.

L'un des objectifs - ambitieux - étant par ailleurs la restauration des récifs coralliens quand un autre - pas moins ambitieux vise à la création d'une base de données publiques open source.

"Les récifs coralliens représentent seulement 0,2 % de la surface des océans mais c'est aussi plus de 30 % de la biodiversité des océans. La plupart des reproductions des espèces pélagiques se font dans ces récifs", continue d'expliquer Didier Zoccola.

Et la disparition de ces récifs auraient une incidence pas seulement sur l'écosystème marin mais sur la pêche, le tourisme et sur la bonne tenues des terres agricoles, qui, seraient ainsi soumises à la houle, entraînant un exode des populations vivants de ces terres agricoles qui ne seraient plus cultivables. "500 millions de personnes dépendent des récifs coralliens", pointe encore Didier Zoccola. "Ils génèrent 30 milliards de dollars de revenu par an".

Sauvegarder les coraux c'est aussi permettre à la recherche de travailler sur des molécules bioactives. Tout un panel de possibles qui intéressent bien au-delà de la recherche pure, l'innovation aussi.

Pour l'heure, si aucun calendrier précis n'a été dressé, la prospection devrait démarrer d'ici 2021, le travail sur la meilleure compréhension génétique, fin 2021. "D'ici 3 ans, nous aurons finalisé l'évolution assistée et en étant optimiste, à horizon 6 ans, la restauration des récifs coralliens", détaille Didier Zoccola. "Nous finalisons actuellement les budgets. Nous sommes soutenues par la Fondation Albert II et recherchons d'autres partenaires".

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