C'est pour répondre à un besoin non pourvu qu'en 2016 Protecto est créée. Le challenge alors : la protection des compteurs d'eau face au gel. Une obligation contractuelle souvent ignorée d'après les constatations de Mourad Amara, fondateur de l'entreprise, auparavant technicien pour une société des eaux à Arles. Avec son épouse, il conçoit une housse qui assure une protection jusqu'à -23°. Primée au concours Lépine, celle-ci rencontre immédiatement un certain succès commercial.

Quatre ans plus tard, entre 6 000 et 8 000 housses sont vendues chaque année, pour un chiffre d'affaire de 80 000 à 100 000 euros l'an dernier. Le produit est distribué aux particuliers et aux professionnels, sur internet et chez des distributeurs. « Nous avons signé des contrats avec des fournisseurs pour les professionnels tels que Unions matériaux ou la Quincaillerie aixoise ».

Des housses aux masques

Au départ, la production est externalisée auprès de prestataires. Une entreprise originaire de Nîmes dans un premier temps, puis la prison des Baumettes. « C'était un moyen de privilégier la réinsertion post-détention de couturières qui bénéficiaient ainsi d'une réduction de peine et d'un peu d'argent. Pour nous, c'était le moyen d'avoir une production locale à un coût intéressant », explique Mourad Amara.

Mais depuis le printemps, Protecto dispose de sa propre usine de 700 m2 à Arles. Pour la production de housses, et pas seulement.

Soutenue par la Région Sud, l'entreprise s'est lancée dans la production de masques. Huit personnes sont embauchées à cette fin, deux pour les housses. Le coronavirus a ainsi accéléré les projets de l'entreprise et la stratégie de diversification porte ses fruits. « Les masques vont multiplier par trois ou quatre notre chiffre d'affaire. Nous en avons produit 500 000 en deux mois pour les collectivités territoriales, des établissements de santé (Ehpad), des particuliers... Nous jouons la carte du made in France, avec des masques certifiés, à des tarifs compétitifs ». Et cette activité pourrait même survivre à la Covid-19 étant donné que le besoin est permanent pour certaines professions.

Des housses connectées pour collectivités et particuliers

Grâce à ce nouveau marché, Protecto dispose de fonds supplémentaires pour financer le développement et le lancement de ses housses connectées, déjà primées deux fois au CES Las Vegas (en 2019 et 2020).

La première version de housse connectée, capable de détecter les fuites, s'adresse aux collectivités locales. Elle a été mise à l'expérimentation il y a un an à Istres, ce qui a permis de « valider la technologie ». L'heure est désormais à la commercialisation industrielle. « Nous avons déjà des accords avec trois collectivités pour 300 housses connectées ».

L'étape suivante sera le développement de la deuxième génération de housses connectées que Mourad Amara compare à « un Linky de l'eau ». « En plus de protéger le compteur contre le gel et de détecter les fuites, cette housse fournira au client un suivi de sa consommation d'eau, ce que n'offrent pas les compteurs classiques ». Et ce, à distance via l'application Proteconnect. « Le client pourra mieux anticiper sa facture et agir sur sa consommation ». D'autant que l'application lui fournit une estimation monétaire de celle-ci, en fonction du volume consommé. Destinée aux particuliers, ce produit devrait être mis sur le marché d'ici 2021. Une levée de fonds devrait être organisée à cette fin.

Enfin, Mourad Amara nourrit des ambitions à l'international. Sa housse est déjà vendue dans plusieurs pays via sa présence sur internet, via Amazon en particulier, mais il aimerait aller plus loin. « Ce sera un sujet important dans les années à venir, dès 2022. Nous viserons notamment le Nord de l'Europe ».