Comment la Covid-19 accélère le développement d’Exolis

Installée à Marseille, la startup est à l’origine de Engage, un outil personnalisable visant à renforcer les liens entre patients et hôpitaux. En pleine épidémie de covid-19, celui-ci a été plébiscité par sept Agences régionales de santé pour mieux gérer les patients, accélérant considérablement le développement de l’entreprise.
(Crédits : DR)

Suivi à distance des malades, téléconsultations, traçage des cas contacts ... Face à la Covid-19, la e-santé a pris une autre dimension. De pratique, elle est passée au stade d'indispensable, confirmant le pari d'Exolis.

Créee en 2016, l'entreprise a pour vocation « d'accompagner les établissements de santé dans la mise en place de services numériques à destination des patients », résume Christophe Rosso, un des trois cofondateurs. Les services couvrent la prise de rendez-vous, la préparation de l'hospitalisation jusqu'au retour à domicile et la continuité des soins.

« Nous voulions répondre à une demande forte des patients qui souhaitaient être davantage impliqués dans leur prise en charge ». Dans le même temps, les hôpitaux sont appelés à raccourcir les délais d'hospitalisation dans ce que Christophe Rossi qualifie de « virage ambulatoire », avec de plus en plus d'activités sur une journée.

Pour répondre à ce double enjeu, Exolis met sur pied une solution mobile adaptable à chaque client, « un portail par projet », synthétise Christophe Rosso. Cette adaptabilité est un des atouts majeurs mis en avant, en plus du caractère global de l'approche proposée. « On ne sépare pas la prise en charge en petites cases ». Ce qui s'avère particulièrement utile dans le traitement des cancers où une grande diversité de spécialités sont mobilisées. Ce n'est pas un hasard si les premiers clients de l'entreprise sont des centres de lutte contre le cancer, dont l'Institut Paoli-Calmettes à Marseille. Qui plus est, « le cancer est une pathologie où la nécessité d'être informé, d'être suivi hors de l'hôpital et d'être impliqué dans la prise de décisions est primordiale pour le patient. C'est là que le besoin était le plus criant il y a cinq ans ».

Une centaine d'établissements de santé partenaires

Depuis, la startup a étoffé son réseau et travaille avec une centaine d'établissements de santé, pour un chiffre d'affaire de 750 000 euros en 2019. Parmi ses clients, en plus des centres anti-cancer, on trouve des établissements publics (CHU de Rennes, de Nîmes, de Nantes ... ) et privés. Et depuis l'épidémie de la Covid-19, elle a fortement renforcé ses liens avec sept agences régionales de santé qu'elle accompagne dans le suivi des patients covid et des cas contacts, mais aussi des patients non-covid dont il faut repenser le suivi face à la pression qui pèse sur les hôpitaux.

Sur 500 000 patients suivis depuis la création d'Engage, la moitié l'ont été dans ce cadre. C'est dire combien la crise a accéléré le développement d'Exolis. Pas tant d'un point de vue monétaire puisque la solution a été partiellement offerte en début d'année, mais surtout parce que cette épidémie a été l'occasion d'une prise de conscience très favorable à la e-santé. « Avant, on constatait une prudence par rapport au marché, aux réels bénéfices et à l'adhésion des patients. Or, on vient d'observer que la majorité des patients sont convaincus qu'il s'agit d'un complément nécessaire ».

Reste à convaincre les établissements de santé d'aller encore plus loin. « Il faut faire en sorte que ceux qui sont déjà utilisateurs de nos solutions continuent à multiplier les usages. Cela implique de leur prouver, grâce aux retours des utilisateurs, les avantages de cette approche. Pour le cancer, c'est assez évident. Sur certaines pathologies, il reste un travail à faire ». Un travail de recherche auquel s'attelle la startup à partir des données collectées auprès des patients.

Forte de ces arguments, elle espère aussi conquérir de nouveaux établissements. « Auparavant, nos clients étaient nos principaux prescripteurs. Mais maintenant que nous avons agrandi notre équipe [20 personnes dans l'effectif d'ici la fin d'année, ndlr], nous allons pouvoir consacrer plus de moyens à cela ».

Connecter médecine de ville, hôpitaux et patients

Et si l'entreprise s'est longtemps concentrée sur les liens entre hôpitaux et patients, elle projette de faire entrer la médecine de ville dans la boucle, l'enjeu étant au cœur des préoccupations des établissements de santé. « Il s'agit d'assurer la continuité des soins. Le patient est pris en charge à l'hôpital pour un traitement par chimiothérapie par exemple. Ensuite, c'est son médecin traitant qui assure le relai, en plus, éventuellement, d'un infirmier libéral. On veut faciliter les échanges entre tous ces acteurs ». Le chantier a déjà été entamé il y a environ un an, dans le cadre du plan gouvernemental Ma Santé 2022 qui vise notamment à accroître la place du numérique dans le système de soins et à renforcer les liens entre professionnels de santé. Il doit prendre plus d'ampleur dans les mois à venir.

Exolis a par ailleurs des ambitions internationales. Déjà présente depuis un an en Suisse, au Luxembourg et en Belgique, elle souhaite gagner des parts sur le marché mondial, en Europe dans un premier temps. « On espère réaliser une part considérable de notre chiffre d'affaire de l'année prochaine à l'export », assure Christophe Rosso. « On part du principe que la prise de conscience des acteurs a eu lieu au niveau mondial. A nous d'être assez fins et intelligents dans notre manière d'approcher de nouveaux pays ».

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.