Sébastien Barles – EELV : "Marseille doit être le phare de la reconversion écologique de l'économie"

C'est lui porte les couleurs d'Europe Ecologie les Verts avec la volonté d'engager la deuxième ville de France dans une transition écologique globale, ce qui concerne l'ensemble des secteurs économiques porteurs de la Cité phocéenne, dont le Grand Port Maritime ou le numérique. Une vision verte qu'il étend à la notion de métropole.
(Crédits : DR)

On attendait Michèle Rubirola. La conseillère départementale s'étant engagée du côté du Printemps Marseillais dont elle est la tête de liste, c'est Sébastien Barles qui a été choisi pour représenter Europe Ecologie Les Verts. Ce docteur en droit public et en sciences politiques, né à Nice et très tôt engagé - il adhère à Attac en 1997 - est marseillais d'adoption depuis le début des années 2000. Marseille dont il dresse un constat assez sévère. Il faut, dit-il "redresser la ville". Car Marseille "manque de boussole". Comprendre de cap. Et s'il emprunte le vocabulaire marin, c'est pourtant bien les croisières qu'il montre du doigt. "Seule gloire", la fréquentation à tendance haussière des croisiéristes - 2 millions - n'a, affirme-t-il, "que des retombées négatives" - notamment en termes de fumées noires - et "très peu de retombées économiques réelles pour la ville". Il faut donc "une régulation".

Et plus largement, voir la Cité phocéenne sous le prisme écologique. D'ailleurs pour poursuivre dans la métaphore marine, elle doit dit-il, "devenir le phare de la transition écologique". Et avec elle, entraîner dans son sillage Aix-Marseille Provence, qui doit, elle "devenir une éco-métropole", éco au sens d'écologique évidemment.

Un numérique "soutenable"

Marseille qui doit donc montrer l'exemple. Dans toutes les pores de son économie. "Un schéma pour les transports, un schéma pour l'économie" doivent être dessinés pour que l'ensemble de la ville se transforme. Et Sébastien Barles de bien préciser : "Nous voulons une reconversion écologique de l'économie". Comment ? "Par la mise en place d'un revenu de transition écologique". Soit des contrats dont le but est d'aider secteurs et entreprises à ce passage, qui seraient plus ou moins long, selon les filières. On imagine justement le Grand Port, la pétrochimie, l'activité des transports... "Le Port est favorable", à cette transition verte, indique Sébastien Barles, qui a dialogué avec ses responsables. "Nous devons développer une économie de la mer". Une filière GNV aussi. "Le réseau existe, on peut équiper nos bus, nos bennes à ordure en biogaz rapidement."

Plus largement, cette transition peut naître grâce à une Cité dédiée qui comprendrait un pôle de recherche et développement - "nos excellents chercheurs s'en vont ailleurs, il faut les garder ici" - et un pôle de formation. "100 000 jeunes sont sur le marché du travail et il manque 60 000 emplois", souligne le candidat EELV qui veut tabler aussi bien sur la formation initiale et continue. Et répète qu'il est possible de développer une économie de la circularité.

Quid du numérique, dont il est tout de même un point fort de l'économie du territoire, que les startups tout autant que les TPE PME constituent ce tissu dynamique, alors qu'on ne cesse de redire que numérique et écologie ne font pas bon ménage ? La solution tient dans "un numérique soutenable", qui "développe de l'activité locale, un hub qui profite aussi au territoire". "Nous voulons développer, structurer des filières économiques, faire que nos handicaps deviennent des atouts" résume Sébastien Barles.

Et de déplorer le manque "de pilotage. (...) Nous voulons une économie de la complémentarité. Aujourd'hui on sur-densifie certains endroits et on fait des cadeaux aux rois du béton. Alors qu'il serait possible de promouvoir le bâtiment méditerranéen". D'autant que "nous disposons d'un foncier phénoménal", qu'il conviendrait de mieux utiliser. Et puis, il serait bien "de maintenir des terres agricoles afin de permettre l'auto-alimentation et fournir, grâce à une régie, les cantines en produits issus des circuits courts".

La Ville, la Métropole... et l'Europe

Plus largement, "il faut améliorer le cadre de vie". Notion essentielle pour nourrir l'attractivité. "Pour être attractif, il faut montrer que nous sommes ambitieux".

Mais il ne s'agit pas uniquement de Marseille. Sébastien Barles remet vite la notion de métropole dans son discours. Une Métropole existante dont il dit qu'il faut modifier la gouvernance, affirmant que "2/3 des crédits ne vont pas aux projets structurants", réclamant la disparition du Conseil des maires pour lui préférer un collège du futur, capable de se projeter dans l'avenir. "Nous voulons développer une métropole de projet". Et ne pas hésiter à aller chercher du financement à Bruxelles grâce à des structures d'ingénierie qui iraient prétendre à des fonds européens. "Il faut une représentation de la Ville de Marseille à Bruxelles", assure Sébastien Barles. Quels liens nouer avec la Région Sud, chef de fil de l'économie ? "Ville, Région, Etat doivent se mettre d'accord sur ce qui est structurant. Il faut sortir d'une approche de clochemerle. Chaque échelon doit avoir des compétences bien définies".

Le réveil écologique français - mesurable dans les sondages un peu partout dans l'Hexagone - est-il un signe de bon augure pour le scrutin ? "Nous avons alerté depuis des années. Nous sommes en train de gagner la majorité culturelle. Les nouveaux dirigeants ont envie de bien faire et ne se sentent pas toujours soutenus. Si le zéro déchet était porté par la collectivité, il pourrait se créer de véritables synergies". Et le candidat EELV de regretter l'impossibilité à l'expérimentation fiscale en France. Laquelle, sur les déchets ou même sur la taxe carbone, pourrait être riche d'enseignements. "Il faut lier la question sociale à la question économique. Il y a tant de bascules à faire"...

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Commentaires 3
à écrit le 10/03/2020 à 13:10
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Un doux rêveur. Marseille et le Marseillais écolos c'est un mirage!

à écrit le 10/03/2020 à 10:01
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Il pourrait développer l'économie circulaire avec la culture locale du shit ....

à écrit le 10/03/2020 à 7:47
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Merci pour cet article de fond, car seul Paris aura droit à deux débats télévisés. Impérialisme parigot oblige ! Le reste , c'est la terra incognita d'un territoire nommé France .

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