A Marseille, la montée du populisme, crainte des entrepreneurs

Alors que le scrutin municipal connaît son premier tour dans quelques jours, les pronostics et autres paris vont bon train. Car avec une droite divisée et des partis de gauche et d'extrême droite donnés présents au second tour selon les derniers sondages dont celui de notre confrère La Provence, l'inquiétude pointe du côté des dirigeants et chefs d'entreprise. Au centre des préoccupations, l'attractivité des talents et du territoire tout autant que le terreau fertile développé pour favoriser la croissance.
(Crédits : DR)

Qui sera le prochain maire de Marseille ? La question, à J-4 du premier tour, est sur toutes les lèvres, avec, évidemment encore plus d'insistance que les dernières semaines. L'échéance approchant, ceci explique cela. Il est de nature, dans ces moments - plus que dans d'autres - de se raccrocher à ce qui sert de boule de cristal : les sondages.

Déjà lors de la publication en septembre dernier du sondage Elabe / La Tribune / BFMTV, la liste RN menée par Stéphane Ravier était créditée, selon les hypothèses, entre 20,5 à 23 % des suffrages, tandis que la liste EELV portée par (hypothétiquement) Michèle Rubirola engrangeait entre 14 et 17,5 % des voix et que la France Insoumise, le PS et le PC partaient chacun de leur côté. Entre temps, il y a eu rapprochements et bouleversement, Michèle Rubirola prenant la tête du Printemps marseillais (unissant les socialistes, les Insoumis et certains écologistes) tandis que EELV choisissant Sébastien Barles.

C'est notre confrère La Provence qui a réalisé la dernière photographie avant le scrutin, au travers d'un sondage qui place certes Martine Vassal en tête, mais qui est talonnée de très près par le représentant du RN et par celle du Printemps marseillais, chacun recueillant respectivement 24 %, 22% et 18 % des suffrages.

Une photo qui n'est pas sans causer quelques sueurs froides du côté des entrepreneurs. Lesquels craignent un contexte local qui ne leur serait pas favorable et une attractivité freinée.

Enjeux d'attractivité

C'est ce qu'explique Patrick Siri, le co-fondateur de l'accélérateur P.Factory, engagé au sein de l'UPE13 et pour qui, un Premier magistrat issu du Rassemblement National ne serait pas un bon signal envoyé autant orbi qu'urbi. "Ce serait une catastrophe pour l'attractivité de la ville et pour son sérieux, vis-à-vis des investisseurs, étrangers et venus d'autres régions, tout comme les entreprises susceptibles de s'installer ici. Car l'attractivité se fait certes par les infrastructures mais aussi par le sérieux qui se dégage du territoire. Et notre territoire n'a pas besoin d'être monté du doigt". Même son de cloche du côté de Jean-Yves Baeteman, fondateur de Batimex, à Marseille, et président du Wine & Business Club qui pointe la nécessité "d'un maire capable de comprendre ce qu'est l'entreprenariat, mais surtout de le protéger et de le défendre". Jérôme Mouterde, le dirigeant de DualSun s'inquiète davantage en tant que citoyen que chef d'entreprise  mais redoute tout de même les conséquences. Kevin Polizzi, le dirigeant de Jaguar Network veut édulcorer la chose, rappelant que "le politique crée les conditions du succès, mais ce sont les entrepreneurs qui créent la croissance". Positive, Emmanuelle Champaud, la PDG de Totem Mobi reconnaît que "les scores du RN sont inquiétants car je suis convaincue que les valeurs d'ouverture et d'innovation apportent plus de bonheur aux gens que la défiance et le conservatisme".

"Il faut démonter les arguments des populistes", rajoute Patrick Siri. Qui exhorte - les jeunes surtout, qui ont tendance à rejeter la politique - à "s'engager et être force de proposition".

Aider, investir et... réviser sa copie

L'occasion d'en remettre une couche sur ce qu'est un "bon" maire, du point de vue de l'entrepreneur. "En tant que chef d'entreprise, on porte une attention particulière aux élus locaux car ils ont un rôle dans le dynamisme économique du territoire. Je regarde quels sont les candidats qui comprennent cela et aide les entreprises. Notre site de production qui se situe de l'Ain par exemple a profité d'une forte volonté politique locale avec des aides pour l'investissement, même si ces compétences relèvent surtout de la Région (et de la métropole pour Marseille NDLR), la ville voulait aussi attirer une entreprise comme la nôtre", détaille Jérôme Mouterde.

Tourné vers l'international, Jean-Yves Baeteman souhaite un premier Magistrat capable de "parler anglais lors des missions à l'étranger". "Il est essentiel que les élus connaissent mieux leurs dossiers. Que le politique se rapproche de l'entreprise davantage dans son mode de fonctionnement. Il est important de fixer des ambitions en début de mandat, avec 80 % des objectifs centrés sur le plan d'exécution et 20 % sur la correction de ce qui est issu de l'héritage du passé. Il faut aussi réinventer la relation public/privé", égraine Kevin Polizzi. A bon entendeur...

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Commentaire 1
à écrit le 17/03/2020 à 13:05
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Il n'y a pas que le RN qui puisse faire peur aux Entrepreneurs. Le regroupement "socialistes, communistes, France Insoumise et quelques écologistes" sera-t-il pro-entrepreneurs ? Je ne crois pas. La Fance insoumise c'est le rêve d'être FONCTIONNAIRE,...

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