Quel programme santé pour LR et le Printemps marseillais ?

De part son écosystème en pointe et ses enjeux sociaux, la santé est un sujet fort à Marseille. Il l’est d’autant plus depuis l’épidémie de covid-19. Hôpital public, accès aux soins, économie de la santé : tour d’horizon des propositions des deux partis arrivés en tête au premier tour.
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Si la santé n'est pas une compétence obligatoire pour les communes, celles-ci peuvent en revanche s'en mêler au nom d'enjeux de santé publique. A Marseille, c'est le Maire qui occupe le siège de Président du Conseil de surveillance de l'Assistance publique-Hôpitaux de Marseille (AP-HM). Preuve que celui-ci a voix au chapitre.

Qui plus est, la santé est un pan incontournable de l'économie locale. La Cité phocéenne dispose ainsi d'un terreau fertile dans des domaines de pointe tels que l'immunologie, l'infectiologie, les pathologies cardio-vasculaires ou encore l'oncologie, faisant rayonner la ville à l'international.

S'ajoute à cela le contexte post-coronavirus qui a mis ces sujets au cœur des préoccupations. Si bien que les deux principales candidates à la Mairie de Marseille, Michèle Rubirola et Martine Vassal, ne pouvaient  passer à côté. Pour élaborer leur programme, elles se sont chacune appuyées sur de fins connaisseurs du domaine. Le Printemps marseillais a confié le sujet à Anthony Gonçalves, chef du service oncologie à l'Institut Paoli Calmette. Pour Les Républicains, le choix s'est porté sur Frédéric Collart, chef de service en chirurgie cardio-thoracique à l'hôpital de la Timone.

Tous deux s'accordent sur un diagnostic plutôt similaire du territoire. De sérieux atouts du coté de la recherche, de l'enseignement et des soins, avec des acteurs en pointe, qu'ils soient publics ou privés. Mais un hôpital public vétuste, en proie à d'importantes difficultés financières, et des inégalités telles qu'une part significative de la population est peu ou mal soignée.

L'AP-HM au cœur des préoccupations

C'est surtout sur le traitement à prescrire que des divergences apparaissent. Pour le Printemps marseillais, il est impératif que la Ville joue un rôle plus fort vis-à-vis de l'AP-HM. "Il faut assurer la transparence sur les pratiques de gestion, avoir un droit de regard sur l'investissement, sur la situation financière, et notamment sur la question de la dette". Dette qu'il souhaite voir reprise par l'État, celle-ci représentant un "important frein à son développement". Et de prendre en exemple Anne Hidalgo qui a "pris position pour défendre l'hôpital". Une posture qui, selon l'oncologue, va de pair avec "l'opposition à l'installation d'hôpitaux privés qui lui font concurrence". Il vise notamment le projet d'un hôpital privé dans le quartier de Saint-Barnabé, soutenu par Les Républicains.

Des Républicains qui souhaitent quant à eux investir 60 millions d'euros dans les hôpitaux marseillais. Une somme qui doit permettre de réhabiliter la maternité de l'Hôpital Nord  (20 millions d'euros) mais aussi d'accélérer les rénovations de la Timone grâce à la construction d'un bâtiment supplémentaire qui "permettra de libérer plusieurs étages de l'hôpital pour adultes" et d'accélérer la réhabilitation prévue dans le cadre du Copermo (Comité interministériel de la Performance et de la Modernisation de l'offre de soins hospitaliers). Cette réhabilitation devrait ainsi passer de 12 à 8 ans. 20 millions d'euros seraient, là encore, mis sur la table.

L'hôpital Sainte-Marguerite : pomme de discorde

Restent 20 millions dédiés à l'hôpital Sainte-Marguerite. "Nous souhaitons racheter le foncier qui a été laissé à l'abandon pour y installer un écosystème de recherche comprenant des biotechs et des startups de la télémédecine, de la e-santé...", explique Frédéric Collart. Soit une surface de 30 000 à 40 000 mètres carrés, "ce qui permettrait de répondre aux besoins en foncier des entreprises, notamment celles installés à Luminy". Et ce, à deux pas de l'Institut Paoli Calmettes qui intéresse les biotechs spécialistes de l'oncologie. L'argent ainsi récupéré par l'hôpital doit lui permettre de financer des rénovations.

Une proposition à laquelle s'oppose fermement le Printemps marseillais, comme l'explique Anthony Gonçalves. "Dans la crise que nous venons de traverser, le déterminant majeur de mortalité a été la capacité à intégrer les patients en soins intensifs. Or, la Ville a fait péricliter cet hôpital qui disposait de trois réanimations lorsque j'étais interne. Nous proposons d'y faire revenir des urgences. On a besoin de respirateurs et de lits". Et d'envisager une possible spécialisation du lieu en gériatrie dont les besoins sont importants en région.

Pour soutenir l'écosystème entrepreneurial en matière de santé, le Printemps marseillais privilégie plutôt la mise en place de "passerelles" entre acteurs privés et publics. Le tout dans "une maîtrise publique. On a trop vu combien la perte de contrôle des politiques de recherche en médecine peut être délétère". Et d'ouvrir la porte à un pôle public de recherche du médicament à Marseille et à la relocation d'entreprises pharmaceutiques sur le territoire.

Relocalisation que soutient également LR : "Il faut trouver des réserves de foncier sur le territoire de la Métropole et offrir un tapis vert aux industries pharmaceutiques qui souhaitent se relocaliser afin que nous soyons capables de produire nous-mêmes des masques, des blouses, des médicaments et des dispositifs médicaux".

L'enjeu de l'accès aux soins pour tous

Autre enjeu majeur ciblé par les deux camps : celui de l'accès aux soins, alors que bon nombre de quartiers marseillais sont en situation de désertification médicale. Chez LR, on propose "d'aider l'installation d'une maison médicale d'urgence dans chaque arrondissement". Un moyen de traiter la "bobologie" et de désengorger les urgences. Il est aussi question d'améliorer l'offre de centres d'accès aux soins pour prendre en charge les patients qui en ont besoin et faciliter leurs démarches pour l'obtention des aides sociales auxquelles ils ont droit. Trois centres de ce type seraient installés à Marseille, deux autres dans le reste de la Métropole.

Le Printemps marseillais envisage quant à lui de créer des centres de santé, "au moins un par secteur", avec la spécificité qu'ils seraient publics, sans forcément être gérés par la Ville. On y trouverait "des médecins salariés et non libéraux, conventionnés secteur 1, avec le tiers payant obligatoire". Avec là aussi une mission de prise en charge médicale, d'accompagnement social, mais aussi de prévention. L'idée est d'accompagner les publics les plus vulnérables, parmi lesquelles "les personnes âgées, les migrants, les délogés de logements insalubres, les personnes atteintes de maladies mentales...", des publics qui pourraient en parallèle être accompagnés par des associations auxquelles il suggère d'offrir du foncier.

Enfin, l'oncologue du Printemps marseillais tient à ajouter que l'action en santé dépasse le seul cadre des soins médicaux. Et de citer la qualité de l'air, la lutte contre le logement insalubre, le sport pour tous ou encore l'offre alimentaire dans les cantines. Des propositions en ce sens sont également présentes dans le programme des Républicains.

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