Christian Estrosi : "Nice Côte d'Azur est devenue une métropole clé et moteur de l'Europe"

Le président de la Métropole niçoise fait un bilan (flatteur) de sa stratégie, détaille les chantiers en cours et trace les perspectives.
Christian Estrosi, maire de Nice, président de la Métropole Nice Côte d'Azur. Président délégué de la région Sud Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Christian Estrosi, maire de Nice, président de la Métropole Nice Côte d'Azur. Président délégué de la région Sud Provence-Alpes-Côte d'Azur. (Crédits : Viglietti)

La Tribune - Nice Côte d'Azur est reconnue comme "smart city" au niveau mondial. Quelles répercussions cela a-t-il sur le territoire en matière d'attractivité de compétences  et d'entreprises ?

CHRISTIAN ESTROSI - La Métropole Nice Côte d'Azur est en train de récolter les fruits de la diversification économique et de la mutation industrielle que j'ai engagées voilà dix ans. Nous avons su faire le pari de l'innovation, de la santé connectée et des éco-industries. Depuis 2011, le nombre d'entreprises sur le territoire a augmenté de 26%, notre pépinière d'entreprises Nice Côte d'Azur a généré la création de 134 startups et de près de 700 emplois, et la French Tech Côte d'Azur a choisi Nice pour implanter son bâtiment totem. Les startups de Nice Côte d'Azur ont augmenté leur chiffre d'affaires de 33% en un an et ont levé 1,6 milliard d'euros en 2017. Depuis 2008, nous avons décroché plus de 60 appels à projets européens représentant 22 millions d'euros pour le territoire.

Quels outils pourraient venir compléter ceux existants ? Quelle est votre vision  pour les dix prochaines années ?

Nice est en train de devenir un modèle singulier de développement, et je m'en réjouis. Ce modèle doit pouvoir inspirer et il est réplicable. La "smart city", la métropole intelligente et innovante, n'a de sens pour moi que si elle permet d'améliorer très concrètement la vie quotidienne des habitants. Nous allons continuer à aménager l'éco-Vallée qui, à terme, hébergera 50. 000 emplois et 30 .000 habitants. Depuis 2008, nous avons enregistré 56% de création d'entreprises en plus sur le secteur de l'éco-Vallée. Dès le 30 juin, nous ouvrirons une première partie de la deuxième ligne de tramway et, d'ici à l'an ­prochain, cette deuxième ligne et la troisième ligne de tramway permettront de desservir ­complètement l'éco-Vallée. Le redéploiement d'un réseau de bus propres et écologiques améliorera la mobilité de tous.

L'innovation, ce doit être aussi plus et mieux de solidarité. C'est là-dessus que je vais porter mon attention pour les années à venir. La smart city doit porter l'innovation sociale et s'affirmer comme plus inclusive. J'ai lancé également moi-même à Nice le 27 juin prochain "Challenge for a Nice Life ", un grand concours innovant, unique en Europe, qui va nous permettre, en lien avec les grands groupes économiques, les associations locales et les startups, de relever les défis santé de notre territoire. Et notre Métropole continuera à accompagner nos communes et villages du moyen et haut pays dans la réalisation d'investissements importants. J'ai lancé un plan d'investissement de 420 millions d'euros pour la période 2018-2020.

Comment percevez-vous la création d'une chaire smart city au sein de l'université Côte d'Azur (UCA), financée par les industriels, ce qui en fait la seule de ce type en France ?

L'innovation n'est pas une fin en soi. Le progrès technique se doit d'être aussi un progrès humain, sinon il n'aurait guère de sens, comme le président, Emmanuel Macron, l'a souligné à juste titre en mars dernier à l'issue de la présentation du rapport Villani, dans l'enceinte du ­Collège de France. Mais la médaille a son revers : un risque de contrôle accru des individus, la captation des données personnelles, les atteintes à la vie privée... C'est le propre de toute grande révolution de générer le meilleur et le pire. Je salue l'arrivée de cette chaire niçoise smart city qui va devenir un lieu majeur de débat sur l'innovation, l'intelligence artificielle, notre futur proche.

Dans la ville intelligente il est aussi question de « smart port ». Quelle est votre stratégie de ce point de vue ?

Le réseau des Ports d'Azur, relié à la Métropole Nice Côte d'Azur, comprend 8 ports pour un total de près de 3. 500 anneaux de plaisance. Leur activité commerciale en fait un outil précieux afin de se positionner de manière forte au niveau régional et national. Notre proximité avec l'Italie et leur intégration dans nos villes est de fait un atout. Les ports doivent prendre le train de l'innovation. La Métropole Nice Côte d'Azur a remporté le projet européen Rumble, qui a permis récemment d'équiper la zone portuaire niçoise de nouveaux capteurs de bruit. Ceux-ci permettront de mieux différencier les sources de bruit et d'affiner les analyses, notamment concernant les modifications de trafic dans le quartier, engendrées par les embarquements-débarquements des ferries. C'est la plus forte concentration de capteurs connue sur un port d'Europe. Cette expérimentation, toujours en cours, va nous permettre de mieux lutter contre les pollutions atmosphériques et sonores.

Vous avez été retenu par la CDC comme "Territoire innovant" pour le projet de Centre international des territoires intelligents. En quoi consiste-t-il ?

Je me réjouis de la décision du Premier ministre, Édouard Philippe, d'avoir sélectionné Nice Côte d'Azur comme "Territoire d'innovation de grande ambition" dans le cadre du Programme d'investissements d'avenir. Un premier soutien de 400. 000 euros va permettre à Nice Côte d'Azur de financer les études complémentaires pour répondre à l'appel à projets, doté de 450 millions d'euros sur dix ans, qui sera lancé dans les mois qui viennent par l'État. Le Ciiti, le Centre international d'innovation des territoires intelligents, permettra d'inventer de nouveaux outils pour favoriser la participation des habitants aux projets locaux et de structurer un modèle rentable et également réplicable comme je le souhaite.

Le travail et les réflexions menés par les opérations d'intérêt régional (OIR)  que vous avez instituées vont-ils dans le sens que vous souhaitez ?

Sitôt arrivé à la présidence de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, j'ai voulu engager une stratégie économique ambitieuse, permettant de relancer une politique de reconquête industrielle en donnant à tous les territoires de la région les moyens de développer leurs spécialités et de faire grandir les clusters. J'ai donc initié plusieurs opérations d'intérêt régional. Elles constituent le bras armé de cette stratégie économique de spécialisation, avec trois objectifs principaux : générer 1 milliard d'euros d'investissement public et privé, créer 50 .000 emplois et attirer 500 implantations d'entreprises. Nice sera soutenue notamment dans sa volonté de développer sur son territoire le secteur de la santé connectée et de bâtir la Cité européenne de la santé. Je fais confiance à mon ami Renaud ­Muselier, actuel président de la Région, pour suivre la concrétisation de ces opérations sur le territoire régional.

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