Le 11 avril prochain, la Côte d'Azur tout entière retiendra sa respiration. Aura, aura pas ? Présélectionné avec Toulouse, Grenoble et Paris pour accueillir un institut 3IA, Nice-Sophia Antipolis a de toute façon déjà gagné. Sur le terrain. Car en faisant acte de candidature, le territoire a mené un travail de cohésion, de rapprochement et de structuration qui s'est concrétisé presque naturellement. L'homme par qui tout commence, c'est David Simplot. Récemment nommé à la direction de l'Inria Sophia Antipolis, c'est en comptabilisant le nombre de chercheurs d'envergure internationale présents en Côte d'Azur - 15 sur les 75 reconnus mondialement - qu'il se persuade de se lancer dans la candidature à l'obtention d'un institut 3IA.

Grand bien lui en a pris. Car l'impulsion est donnée. Longtemps présentées comme opposées, Nice et Sophia Antipolis font cause commune. Pour réussir le dossier de présentation, il a fallu réunir les compétences, les chercheurs, les laboratoires, les institutionnels et surtout les entreprises. Une soixantaine s'est engagée à apporter des espèces sonnantes et trébuchantes en financement, 13,5 millions d'euros exactement. Car, contrairement à ce qu'elle a laissé paraître et même contrairement à ce qu'elle s'est elle-même laissé croire, la Côte d'Azur est forte en IA.

Rendre l'IA visible à grande échelle

Notamment en R&D. « Le travail autour de la labellisation 3IA nous a permis de nous rendre compte que nous possédions sans doute l'écosystème le plus riche de France », commente Pascal Flamand, ex-président de Telecom Valley, l'association des entreprises du numérique qui vient elle-même de créer en son sein une communauté « data et IA ». Pourquoi seulement maintenant ? « On abordait l'IA depuis trois ans, mais sous l'angle technologique. Le sujet est désormais arrivé à maturité. Et sans data, pas d'IA. » La création d'un cluster IA, officialisée fin mars, en est une autre conséquence.

Mais l'enjeu n'est ni de s'autosatisfaire, ni de s'autocongratuler de la force existante. Il est bel et bien de rendre cette dernière visible à grande échelle. D'attirer les talents. Notamment « ces Français, partis travailler à Singapour ou dans la Silicon Valley et qui veulent revenir en France. Ceux-là ne regardent pas vers Paris », explique Felix Kudelka, cofondateur du cluster IA. Autant les pousser à regarder vers la Côte d'Azur. Qui déroule quelques-uns de ses atouts dont 300 chercheurs spécialisés en IA sur les 1800 identifiés dans la région Sud mais surtout une collaboration public-privé qui change tout comme les partenariats entre Amadeus et UCA, SAP et Eurecom. Côté formation, Eurecom a ouvert un programme de formation ingénieurs et un master international Data Science en 2015 et Mines ParisTech, une formation ingénieur en data science.

« L'excellence des chercheurs d'UCA est avérée. Les entreprises l'avaient en tête, mais la façon de collaborer était beaucoup moins évidente qu'elle ne l'est désormais. Les laboratoires peuvent vraiment répondre aux besoins des entreprises. » Et David Simplot de préciser que la présélection a permis indéniablement de mieux positionner le territoire. Pas seulement d'un point de vue géographique. « Le travail autour de la labellisation 3IA nous a permis de nous rendre compte que nous possédions sans doute l'écosystème le plus riche de France.»